Ecrivain renommé à son époque, Paul Bourget nous parle du “sens de la mort”. Paul Bourget, un grand auteur oublié
Paul Bourget (1852-1935) fut un écrivain renommé à son époque dont l’œuvre est aujourd’hui complètement oubliée. Ses romans sont basés sur une étude précise et fine des mœurs et des caractères. Il se convertira au catholicisme en 1901. Son parcours spirituel ressemble d’ailleurs un peu à celui d’Ernest Psichari.
Parmi sa prodigieuse bibliographie, il a écrit ce beau et puissant roman Le Sens de la mort (1915) avec un talent, un instinct et une perception de la psychologie qui n’est pas sans rappeler le génie d’Honoré de Balzac. Ce livre est une petite arène où deux hommes, deux idées, deux religions se font face dans la simplicité d’un hôtel particulier transformé en clinique de chirurgie nerveuse dans un Paris secoué par la Première guerre mondiale.
L’homme catholique face à l’homme moderne
D’un côté le docteur Ortègue, brillant, chirurgien reconnu. Personnalité autoritaire dotée d’un charisme exceptionnel, il ne croit qu’aux faits que sa science lui permet d’expliquer. Les religions n’ont, à ses yeux, pour seul but que de voiler la vérité et la réalité d’un monde biologique où les sentiments sont des réactions chimiques et où la mort est une absurdité catastrophique. Atteint d’un cancer, il préférera se suicider plutôt que d’affronter une souffrance dont il ne saisit pas l’utilité, le sens. Ortègue est un homme moderne.
Sur ce chemin vers la mort, il aura pour compagnon de route le jeune lieutenant Le Gallic. Un jeune homme simple, presque naïf, à la foi ardente. C’est un homme d’action, qui n’a pas les brillants atouts du docteur Ortègue. Sa doctrine traditionnelle, qui lui vaut le mépris du chirurgien, lui permet d’accepter la mort. Sa résignation est un enthousiasme, une joie, un amour. Il recherche Dieu en toutes choses : la guerre, l’amour, la souffrance, la mort. Au moment du trépas, il s’assure du Salut de son prochain, avant d’adresser ses dernières paroles à “l’Homme de douleurs”. Puis il s’éteint des suites de ses blessures du champs de bataille.
De vrais valeurs chrétiennes
Combattre pour la France catholique, réprimer un amour impossible pour songer au bien de l’autre, confesser sa foi en toutes circonstances, mourir un crucifix à la main ; 700 ans séparent le lieutenant Le Gallic de ses ancêtres les Croisés, mais c’est bien le même idéal du soldat chrétien, toujours jeune et ardent, qui les anime.
Mais cette magnifique œuvre présente aussi l’euthanasie sous son vrai jour. Loin d’être la dignité et le droit de chacun à disposer de son corps comme il l’entend, il s’agit avant tout d’une révolte orgueilleuse contre la vie et contre l’Homme. Car derrière l’euthanasie se cache en vérité l’acceptation des épreuves et de la souffrance, que seule la foi peut arriver à transcender.
Paul Bourget nous livre un magnifique récit, dont la profondeur méditative nous poursuit bien après avoir tourné la dernière page. Son lieutenant Le Gallic est un personnage si finement analysé, si vrai qu’il se hausse jusqu’au type : un héros catholique moderne. Un de ces exemples qui manquent en notre temps de désillusion collective et dont les jeunes, qu’ils soient militaires ou non, gagneraient à s’inspirer.
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