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Le mot de la semaine : « Mars »

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Alexis Bétemps - publié le 22/10/16
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La planète rouge ne fait plus rêver les terriens. Mercredi dernier, l’Agence spatiale européenne était en pleine effervescence : la mission ExoMars touchait à son but. Après sept mois de voyage, les deux modules transportés par la navette spatiale se sont détachés. Le premier a entamé sa rotation orbitaire autour de la planète rouge, le second, dont on est toujours sans nouvelle, devait pour sa part atterrir à la surface de l’astre.

La conquête spatiale a alimenté les rêves de toute cette génération qui, dans les années 1950 et 1960, assista avec émerveillement aux premiers exploits humains dans le vide sidéral. Avant même les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, la planète entière suivit avec passion le voyage sans retour de la chienne Laika et le premier vol de Youri Gagarine.

Mais la Lune n’a jamais été l’objet privilégié des fantasmes cosmiques. On la sait trop proche, trop familière elle appartient, semblerait-il, à la Terre, dont elle parcourt le ciel chaque nuit depuis si longtemps. C’est bien sur Mars que Ray Bradbury situait ses chroniques, et David Bowie n’a pas chanté « Life on the Moon ? ». Le vocabulaire a d’ailleurs fait du mot martien un quasi-synonyme d’extraterrestre.

Il fut un temps où les candidats à la présidence américaine jugeaient impensable de ne pas mentionner, au cours de leurs discours, leurs ambitions pour le programme spatial. La Lune ne devait être qu’un début de ce vaste projet au lexique déjà belliqueux : on parlait de conquérir l’espace. On créa un droit de l’espace. La politique, trop puissante et gourmande pour notre ici-bas, se mêlait de la course des planètes.


Lire aussi le mot de la semaine dernière : “primaire”


Les temps ont changé : si la mission ExoMars a bien tenté de capter l’attention des terriens à l’aide d’un important dispositif de communication, force est d’admettre que, même à l’heure de Twitter et de Periscope, la planète rouge n’a pas captivé les foules mercredi soir. Il est vrai que les problèmes sont déjà suffisamment nombreux et graves pour que nous nous abstenions de lever les yeux vers le ciel.

Si la Terre n’est pas martienne, elle est par bien des aspects martiale. Nous sommes finalement bien moins proches de la planète la moins éloignée de nous que du dieu romain qui lui donna son nom. Et la course à l’armement a depuis bien longtemps supplanté la course à l’espace dans les ambitions des États du monde.

À l’image de la géopolitique, la spatiopolitique n’est plus le monopole des Américains et des Soviétiques. Les Indiens et les Chinois, puissantes émergeantes à la surface du globe, émergent également dans l’orbite martienne. Et ExoMars, l’entreprise européenne, semblable à sa jumelle terrestre l’Union européenne, n’émet plus de signal de vie, sans que les experts de l’une ou de l’autre ne se décident à annoncer l’échec d’une mission dont ils s’obstinent à prétendre qu’elle constitue “quand même un succès”.

Le cadavre de Laika continue à dériver quelque part dans l’infini, le drapeau américain trône encore sans gloire dans la solitude lunaire, et les rêves de Mars, encore vibrants dans les yeux de ceux qui contemplent les constellations dans la nuit des villes, se font attendre.

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