La Cour suprême d’Islamabad renvoie sine die le procès de la jeune femme. Après six années de bataille judiciaire, son sort aurait du être décidé ce jeudi, mais la Cour suprême d’Islamabad a renvoyé sine die son procès en appel, après le désistement d’un juge qui a prétexté “un conflit d’intérêt” entre deux affaires.
Iqbal Hameed ur Rehman, avait jugé le meurtrier de Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, abattu en plein Islamabad en 2011 après avoir pris la défense d’Asia Bibi. “Les deux affaires sont liées”, a-t-il expliqué au début de l’audience. Mumtaz Qadri, le meurtrier, a été pendu début 2016, provoquant une réaction chez les conservateurs qui ont réclamé que Madame Bibi soit à son tour exécutée.
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Asia Bibi reste donc en prison. Cette audience aurait du être le troisième et dernier degré de juridiction d’une affaire judiciaire ouverte en 2009 par une condamnation à mort, confirmée en appel, en 2014. Selon son avocat, Saif-ul-Mulook, “personne ne semble vouloir assumer la responsabilité de la disculper, même si juridiquement les preuves pour la condamner ne sont pas suffisantes”.
Asia est aujourd’hui “victime d’une bataille idéologique qui va au-delà de la réalité des faits, ne tient pas compte de ce qui s’est réellement passé”, expliquait à la veille de ce procès le représentant de la famille, Joseph Nadeem. “La Cour suprême, avait-il dit, devra s’en tenir aux faits et notre avocat le lui demandera (…) Si cette affaire est jugée équitablement, et si Dieu le veut, Asia sera acquittée”.
Nommer rapidement un nouveau juge ou un nouveau collège pour examiner le cas d’Asia Bibi : telle est, ainsi que l’a appris l’Agence Fides, la requête présentée au Président de la Cour Suprême par les défenseurs de cette dernière au lendemain du report de l’audience. Même après ce renvoi, “nous demeurons confiants dans le fait que la Cour pourra annuler les accusations à l’encontre d’Asia”, a déclaré à Fides Nasir Saeed , Directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement), qui suit l’affaire Asia Bibi et fournit une assistance légale gratuite à de nombreux autres chrétiens injustement accusés de blasphème.