Appelé aussi la “décélération érotique”, ce mouvement prône la lenteur de la rencontre sexuelle…“L’érotisme le plus sain, même s’il est lié à une recherche du plaisir, suppose l’émerveillement, et pour cette raison, il peut humaniser les pulsions.” Pape François, Amoris Laetitia n°151
“La dimension érotique de l’amour [est] un don de Dieu qui embellit la rencontre des époux.” n°152
“L’amour a besoin de temps disponible et gratuit, qui fait passer d’autres choses au second plan. Il faut du temps pour dialoguer, pour s’embrasser sans hâte, pour partager des projets, pour s’écouter, pour se regarder, pour se valoriser, pour renforcer la relation.” n°224
L’amour prend patience…
“Faire l’amour en pleine conscience” voilà l’aspiration du Slow Sex. Ce phénomène s’inscrit dans une transformation de notre société en quête de mieux-être. Il est le petit frère du mouvement international Slow Food né en Italie et visant une sensibilisation collective à une autre forme de gastronomie et de consommation. Plus éthique. Valorisant la matière première, les aliments, ainsi que ses petits producteurs. Il y a deux portes d’entrée au Slow Food. Évidemment l’éco-responsabilité, avec la sauvegarde de méthodes traditionnelles dans ce qu’elles ont d’essentiel pour la survie de la biodiversité et plus largement, de la Nature.
La deuxième nous amène déjà plus clairement à nos moutons : il s’agit d’éduquer le goût et de promouvoir la gastronomie comme une philosophie du plaisir. Car quand on prend du temps à faire pousser une tomate dans le respect de notre environnement, elle aura de meilleure qualité gustative, provoquant à celui qui la mange ensuite, bien plus de réjouissance.
Alors il n’est pas surprenant que des années plus tard, toujours en Italie, naisse le Slow Sex. Plus qu’un simple traité sociologique, c’est une véritable philosophie qui se répand à travers le monde. Le saviez-vous : il existe même un courant dont la “méditation orgasmique” se concentre principalement sur l’orgasme féminin ! Mais ce qu’il est important de retenir ici, c’est que le Slow Sex est né de la recherche d’une autre sexualité. Une sexualité qui se pose en réaction aux habitudes de “consommation” du sexe engendrées par la pornographie à la demande, laissant l’érotisme et la sensualité à la marge.
Lire aussi : Comment prendre le temps d’éveiller sa sensualité ?
L’art de prendre son temps
Alors à présent qu’on en connaît la philosophie, reste à s’en inspirer… librement.
Voici un bon exercice à l’introduction du sexe au ralenti : chacun votre tour, dites-vous ce que vous croyez laisser de côté dans vos rapports habituels. Sans blâmer l’autre. Il peut ne pas être simplement question de sexe à proprement parler d’ailleurs. “J’ai l’impression que je ne t’ai pas regardé depuis longtemps”. “Je ne prends plus jamais le temps de te caresser langoureusement”. “Je néglige souvent le préambule…”.
En réalité, faire l’amour en pleine conscience, de soi et de l’autre, ce n’est pas simplement ralentir, mettre dix-huit minutes au lieu de douze. C’est surtout être dans le moment. Celui d’avant et celui d’après. C’est décloisonner l’acte sexuel et l’assimiler à une intimité plus globale. De ce fait, “faire l’amour” ne se réduira pas au coït mais s’inscrira dans votre vie conjugale. Il n’y aura plus de pression ni de durée, ni de fréquence. Fini le diktat de la performance. Faire l’amour pourra parfois alors signifier “caresser sa femme”, “masser son mari”, “s’embrasser tendrement”.
Il faut voir le Slow Sex comme une forme de méditation à deux. Un moment où l’on se reconnecte profondément à l’autre, où l’on s’élève.
Assurément, une pulsion sensuelle, le désir ardent qui pousse à se jeter sur l’être aimé peut parfois être tout aussi bénéfique pour la vie intime d’un couple, surtout après de longues années de mariage. En revanche, il est important de ne jamais perdre le Nord et de se donner le temps de se retrouver. À vous de jauger… C’est aussi cela l’équilibre.
Pour en savoir plus, la Rédaction vous propose :
La théologie du corps élaborée par le pape Jean-Paul II est un incontournable : “Il ne s’agit pas tant d’évaluer la moralité de l’acte sexuel comme un concept abstrait, que de comprendre si la manière dont l’acte est réalisé correspond à la nature et à la dignité profonde de la personne qui agit.” Un site internet en récapitule les axes majeurs.
“La sexualité est déshumanisée quand elle est réduite à la reproduction animale, présentée comme le défoulement de « l’instinct », dégradée par le langage pornographique en une sexualité brutale et fausse. À nous d’expliquer les aspects physiques de la sexualité humaine et de l’amour entre les personnes.” Relisez cet entretien avec Inès Pélissié du Rausas, mariée et mère de cinq enfants, auteur et docteur en Philosophie.
“Le pape François aborde de manière incroyable la question de la sexualité ; c’est du jamais-vu. Il souligne le bénéfice de la sexualité pour les époux et à quel point il est important de retrouver un juste équilibre, insistant sur le fait que la foi chrétienne nous permet de nous recentrer sur le vrai érotisme…” Une analyse d’Amoris Laetitia (une exhortation apostolique à retrouver gratuitement et en intégralité ici) signée Alex Lauriot-Prévost qui va vous étonner…