Le peuple colombien a célébré cette annonce qui fait suite à la fin de la guerre.Comme chaque année, au mois d’octobre, les prix Nobel ont été décernés aux personnes ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité. Il faudra attendre le 10 décembre pour la cérémonie de remise des prix. Le vendredi 7 octobre, la commission suédoise a remis le prix Nobel de la Paix au président colombien Juan Manuel Santos, pour avoir signé fin septembre un accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Cette décision avait pourtant été rejetée par les électeurs colombiens. Le 2 octobre, moins de 38% de la population s’est déplacée, donnant la faveur au non à peu de voix près lors du référendum organisé. L’annonce du Nobel de la Paix quelques jours plus tard a donc été reçue comme une bouffée d’oxygène pour le camp partisan de la paix qui n’a pas eu l’unanimité. “Négocié pendant quatre ans, à La Havane, le texte avait été signé le 26 septembre à Carthagène des Indes”, précise Le Monde. La communauté internationale a donné un coup de pouce au destin, et profité du hasard du calendrier pour permettre la fin de cinquante-deux ans de conflits. Ce poids, non négligeable, contribuera sans doute à déjouer la renégociation de l’accord, demandé par le camp du non, qui s’annonce déjà assez difficile.
La présidente du comité Nobel, Kaci Kullmann Five, s’est exprimée sur le sens de ce référendum et tempère la lecture du résultat : “Le référendum n’était pas un vote pour ou contre la paix. Ce qui a été rejeté, c’est cet accord spécifique”, car il règne “une grande incertitude sur l’avenir” et donc que “la guerre civile reprenne”, nous rapporte Radio Vatican.
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L’ancienne ministre de l’Environnement colombienne, Sandra Bessudo, interrogée par Marie Trélat de Radio Vatican, confirme cette analyse. Elle assure que “tout le monde veut la paix” et que les désaccords sont seulement liés à certains points présents dans l’accord de La Havane. Elle invoque la journée de pluie qui a contribué à l’abstentionnisme lors du référendum. Selon elle, “le prix nous donne encore plus envie de travailler pour qu’il y ait une paix durable en Colombie”, “adressé au président mais aussi à tous les habitants, il va donner encore plus de force au peuple colombien”.
Les Colombiens se réjouissent de cette promesse de reconstruction du pays, suite aux effets de la guérilla qui ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts (on en dénombre plus de 260 000). En témoigne l’allégresse sur la place de Bogota le jour de l’annonce du Nobel, où des milliers de Colombiens s’étaient réunis.
Le président, aussitôt rentré chez lui, a déclaré lors d’une cérémonie religieuse à Bojaya le 9 octobre : “Ce grand prix Nobel est accompagné d’une somme d’argent. Je veux vous annoncer que je me suis réuni hier en famille et que nous avons décidé de faire don de ces huit millions de couronnes suédoises aux victimes”.