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Que devient l’amour après trois ans ?

© Jon Schulte / Getty

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Bénédicte de Dinechin - publié le 12/10/16
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C’est quand on n’est plus amoureux que l’on commence à aimer.Elle fait se séparer la moitié des couples, persuadés de s’être trompés de conjoints.
Elle est sous la plume de Frédéric Beigbeder dans L’amour dure trois ans.
Le groupe Téléphone l’a même chantée :
“Cendrillon pour ses trente ans
Est la plus triste des mamans
Le prince charmant a foutu l’camp
avec la belle au bois dormant”

Quelle est cette ennemie du couple durable ?

La désidéalisation, celle qui vous fait voir votre conjoint sans vos lunettes à filtre rose, comme il est réellement : plutôt crapaud votre prince charmant, Cendrillon dépeignée à la place de votre princesse, et vos projets qui se transforment en citrouille. Il vous aura fallu un peu plus de temps que les douze coups de minuit, le temps que cesse la phase de votre relation fusionnelle boostée par la passion, mais elle s’est invitée insidieusement dans votre couple. Et signe la fin de votre phase “lune de miel”. Celle des roucoulades, des fous rires, des projets insensés. Et puis il y a un peu de relâche aussi, comme si vous n’aviez plus besoin de faire vos preuves.

Vous n’auriez jamais osé le faire dans les premiers mois de votre vie commune et pourtant vous, madame, si attentive à votre apparence, commencez à vous démaquiller le soir, voire à apparaître devant lui avec un masque aux concombres. Lui, monsieur se met à ne plus vider ses cendriers. Pire, chérie “oublie” de s’épiler et chéri le chemin de l’évier de la cuisine. Ou encore vous ne vous prévenez plus de vos retards, la poubelle déborde… Bref, tous ces efforts qui vous paraissaient si facile vous pèsent soudain, votre attention à l’autre se relâche et vous redevenez vous-même.

Poursuivre ensemble est-il voué à l’échec ?

Bien avant toute la littérature anglo-saxonne sur le couple, un vieil homme, mort il y a un an en héraut de l’amour conjugal, a expliqué les mécanismes de la désidéalisation en décrivant le classique parcours du couple.

Je veux rendre hommage à Denis Sonet, curé de campagne, qui avec talent et passion fut en France le précurseur des préparations au mariage, et surtout de son service après vente. Il a sauvé des milliers de couple en sillonnant la France pendant plus de cinquante ans, en publiant livre sur livre. Formateur au CLER, il mit son talent de pédagogue au service des conseillers conjugaux qui continuent aujourd’hui à utiliser ses parcours.

En témoigne cette vidéo, tournée sans aucuns moyens, totalement vintage, avec dessins de l’époque de vos parents et d’une longueur invendable aujourd’hui, à l’heure où l’on zappe toutes les 17 secondes. On n’a pourtant guère fait mieux depuis :

Pour les plus prudents qui préfèrent savoir ce qu’ils vont regarder, je vous en livre le pitch : quels choix pour un couple en panne ? Parking, nouvel essai, ou ascension plus lente mais en cordée vers des sommets auxquels on ne croyait plus ? Je ne spoilerai pas la fin, mais vous aurez deviné que Denis Sonet vous donne des outils concrets pour avancer en couple.

Ce que vous n’aviez pas imaginé, c’est que c’est avec vos premiers conflits que vous allez enfin dé-fusionner et devenir un couple adulte, qui négocie. À la phase de fusion va succéder l’apprentissage de la juste distance entre vous, à décider ensemble. Loin d’être la fin de votre histoire, ce nouveau chapitre de votre vie est le début d’une véritable relation, d’adulte à adulte, fondée sur la réalité de ce que vous êtes, votre volonté de faire le deuil du conjoint idéal et d’aimer l’autre tel qu’il est.

Car c’est quand on n’est plus amoureux que l’on commence à aimer.

Enfin ! Ce que vous preniez pour de l’amour n’était souvent qu’un sentiment, le confort de vous sentir aimé(e) mais pas une volonté, pas encore cet amour qui est don. Cela vous paraît exigeant ? Je laisse Denis Sonet vous répondre : “L’amour est un appel permanent, pas de vains regrets, pas de comparaisons, mais une certitude totale : ce conjoint tel qu’il est (avec ses tics, ses défauts, sa famille, ses engagements, son métier) est exactement celui ou celle qu’il me fallait. Si le choix que j’ai fait n’était pas le bon, c’est très simple, il importe maintenant qu’il le devienne”.

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