Un voyage aux sources de l’univers du père de la bande dessinée. On a marché sur la lune, Le Lotus bleu, Les bijoux de la Castafiore, Tintin au Congo, Le crabe aux pinces d’or… les succès d’Hergé sont aussi nombreux qu’universels. Le père de la bande dessinée européenne reste pourtant un personnage mystérieux. Accusé, à tort ou à raison, d’un passé de collaborateur, ce passionné a su relever un défi de taille : propulser la bande dessinée au rang du 9e art. Le Grand Palais revient sur ce destin singulier à travers une scénographie à la hauteur du talent de l’artiste. Sans s’encombrer d’un parcours chronologique, l’exposition retrace plus de quarante ans de création en revenant notamment sur des aspects plus méconnus de son œuvre.
La naissance d’un mythe
George Rémi, plus célèbre sous le pseudonyme d’Hergé – initiales inversées de ses nom et prénom – naît en 1907 à Bruxelles. Après une enfance assez classique, il débute sa carrière au Vingtième siècle, quotidien belge catholique et conservateur. Gravissant les échelons à pas de géant, le jeune auteur-dessinateur passe vite du service abonnement à tête de la rédaction du Petit Vingtième, le supplément hebdomadaire pour la jeunesse. Sa récente nomination lui inspire la série Tintin, qui voit le jour en 1929. Le succès est immédiat. Chaque semaine, le public dévore ses nouveaux épisodes. Mais, le héros n’est pas encore abouti : quinze ans de travail sont nécessaires pour trouver son gabarit définitif. Hergé travaille toujours et encore son trait, son style graphique et chose plus rare dans le monde de la bande dessinée, la dimension littéraire de ses albums. Mêlant les techniques de la littérature romanesque au langage cinématographique, sa narration repose sur une documentation riche. C’est l’une des leçons qu’il a appris au contact de Tchang Tchong Jen. Cette rencontre lui a ouvert les yeux sur la Chine et le monde en général. Depuis, il le confie, il se sent une “souci d’honnêteté” vis-à-vis des personnes qui le lisent. Cette quête d’une histoire vraisemblable l’amène d’ailleurs à interrompre un temps le projet On a marché sur la lune. Désireux de comprendre les bases de cette science nouvelle, il s’engage dans de savantes recherches et s’entoure de personnalités de renom comme Ananoff, le célèbre astronaute géorgien qui l’assiste tout au long de la préparation de l’album.
Des talents en dehors de la bande dessinée
Tous les experts s’accordent sur ce point, Hergé est un graphiste de taille ! Passionné par l’univers de la publicité et du graphisme, le belge part à la conquête d’un nouveau marché en créant en 1950, L’Atelier Hergé Publicité, aux côtés de José Delaunoit. L’Agence fait un tabac. Les deux associés redoublent d’inventivité dans la réalisation d’affiches et de dépliants publicitaires. Dans la salle accordée à ce volet, on assiste à une grande leçon de graphisme : la simplicité du message, le lettrage, la répartition des espaces, la mise en couleurs, tous les ingrédients d’une campagne publicitaire réussie sont ici réunies.
Enfin, pour notre plus grande surprise, l’exposition s’ouvre sur le Hergé, peintre et amateur d’art. Son initiation à l’art moderne, au début des années 60, l’amène à constituer une large collection recensant des artistes aussi renommées que Combas, Fontana, Dubuffet ou Warhol mais aussi à s’essayer en tant que peintre abstrait. La boucle est bouclée : le plus connu des belges est un artiste pluridisciplinaire !
Informations pratiques
Du 28 septembre 2016 au 16 janvier 2017
Ouvert tous les jours sauf mardi
Grand Palais
3 Avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/herge