Comment se parler honnêtement, sans blesser ni déprimer son mari.En consultation de conseil conjugal, les hommes arrivent souvent très abattus, découragés par les exigences de leur femme, le sentiment qu’ils ne seront jamais à la hauteur de ses attentes. Certaines femmes ne se reconnaissent plus, après quelques années de vie à deux. “Je suis devenue revêche, je ne sais que râler, c’est vrai, je ne suis jamais contente.”
Que s’est-il passé ? Beaucoup de jeunes filles pensent en se mariant qu’elles vont changer leur conjoint, ressentent une vraie déception de ne pas y arriver, et ont du mal à décider de l’aimer comme il est, défauts inclus. Cette désidéalisation est source de rancœur. Petites piques, phrases condescendantes, autant de banderilles plantées dans le cuir du conjoint. Les hommes ont besoin d’être valorisés pour leurs compétences, et les reproches leur sont bien plus insupportables qu’on ne l’imagine. Nombreux sont ceux qui encaissent en silence, puis se découragent, en deviennent profondément déprimés et trouvent refuge devant leur écran d’ordinateur ou dans les bras de la première personne qui leur donnera de l’empathie. D’autres exprimeront leur exaspération en accès de colère, iront jusqu’à l’explosion de violence physique.
Les phrases qui blessent un homme peuvent vous paraître anodines :
Quand vous dites à votre mari : “Dommage que ce restaurant soit si bruyant”. Il comprend (peut-être) : “Tu as mal choisi ce restaurant”, soit un reproche de plus pour lui.
Le risque pour vous ? Il n’organisera plus de sorties à deux, ce sera encore une déception et une tâche de plus à faire pour vous. Mais si vous ne dites rien, vous ne réussirez pas à digérer ce repas et il suscitera de la rancœur.
Vous lui reprochez parfois aussi :
– La robe d’été choisie pour votre fille de 3 ans ce matin : “Tu réalises qu’on est en automne” ;
– De ne pas avoir habillé votre fille ce matin : “Tu vois bien que je suis débordée” ;
– Le trajet pour aller chez belle-maman : “Avec Waze on aurait été à l’heure” ;
– D’avoir fait des pâtes au dîner : “Tu sais bien que je fais un régime” ;
– De vous proposer un dîner aux chandelles : “Tu ne penses qu’à ça” ;
– Ses courses au supermarché : “Tu as pensé aux sacs poubelles au moins” ;
– De jouer sur sa tablette : “Tu fais suer avec tes jeux débiles”.
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Et pourtant cela vous pèse, comment faire pour quand même vous exprimer sans blesser ni vous écraser ?
Adaptez-vous à votre tempérament, parlez-en ensemble et inspirez-vous de ces quelques conseils en les adaptant à vos besoins à tous deux.
Filtrez ce que vous voulez dire, comme le propose Socrate à son ami un jour qu’il voulait lui rapporter un propos sur son compte. Socrate lui dit : “Il est bon de prendre le temps de filtrer ce qu’on aimerait dire. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai, ce que tu veux me dire est-il quelque chose de bien, et enfin est-ce utile que tu me l’apprennes ?”
Pratiquez le “reproche-sandwich” : il y a deux tranches de pain autour de votre jambon, de même donnez deux tranches de compliments si vous ne pouvez pas éviter de faire un reproche. Les psychologues disent même qu’il faut cinq compliments pour contrebalancer l’effet d’un reproche.
Différez le conflit : attendre le bon moment pour dire ce qui vous pèse, quand vous avez pris un peu de recul. Ça nécessite de vous mettre d’accord sur un moment hebdomadaire à deux, pour aborder les sujets délicats, comme vous le faites dans vos réunions de service au bureau. Vous savez que ce temps est prévu, ça permet d’être sûr d’en parler au lieu d’enfouir une vieille rancoeur (qui met autant de temps qu’un déchet radioactif a perdre de son pouvoir de nuisance). Ça évite les explosions aussi, quand votre cocotte minute interne à trop de pression faute de soupape de sécurité.
Faites le deuil et passez à l’action : oui, c’est vrai, votre chéri est nul pour choisir les restaurants. Et tous les reproches du monde n’y changeront rien. Alors vous pouvez choisir de l’aimer comme il est, avec ce qui est pour vous une imperfection. Cela vous fera grandir en maturité affective, vous évitera de ruminer une déception, et vous permettra de passer à l’action, une fois votre deuil fait. Qui vous empêche de choisir vous-même un restaurant ? Ce n’était pas comme ça chez vos parents, et alors ? Si vous n’aimez pas le bruit, faites-vous livrer des sushis ! Au lieu de mettre votre énergie à râler sur ce qui ne va pas, devenez créatifs ensemble, vous avez tout à y gagner.
Expérimentez le message en “je” :
Au lieu de dire “tu ne m’aides jamais pour ranger le dîner, pourtant moi aussi je suis épuisée en rentrant du boulot” parlez de vous, de vos émotions et de vos besoins. Par exemple ce pourrait être : “Je me sens découragée devant ce bazar à ranger, j’ai besoin de soutien”. Ça change tout ! Votre chéri (exaspérant) ne se sent plus attaqué mais au contraire vous baissez le pont-levis pour lui parler de vous, ça va lui donner envie de coopérer. Arrêtez d’attendre de votre conjoint qu’il devine, c’est de votre responsabilité de vous dire.
Nuancez votre propos : la colère fait parfois généraliser, ce qu’un homme à l’intelligence rationnelle prend très mal. “Tu n’es jamais à l’heure” aura tendance à vous discréditer si ce n’est pas vrai. Dites plutôt “c’est pénible pour moi d’arriver les derniers quand on est invités à dîner”. Avec un exemple précis, vous pouvez dialoguer de manière factuelle.
Vous vous êtes reconnue dans ces exemples et c’est difficile à accepter ? Accueillez votre déception, votre sentiment de culpabilité, de honte ou de colère contre vous-même. Courage!. On ne peut changer que ce qu’on accepte de reconnaître en soi. Les épouses parfaites n’existent pas Félicitez-vous pour ce premier pas que vous venez de faire vers une relation conjugale renouvelée.
Pour aller plus loin ensemble :
– Un livre : Comment s’affirmer : l’assertivité au quotidien, ni hérisson, ni paillasson.
– Un film : Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus.
– Un jeu : 2 minutes.