Aleteia a rencontré les auteurs d’un essai tonitruant. Premier invité : Patrice de Plunkett.Patrice de Plunkett est un journaliste français qui a co-dirigé le Figaro Magazine et est auteur de nombreux essais, notamment Face à l’idole argent, la révolution du pape François en 2015. Chrétien très engagé pour la défense de l’environnement, il tient un blog où il expose ses vues sur de vastes sujets de foi et de politique.
Aleteia : François est-il le premier Pape à se soucier d’environnement ?
Patrice de Plunkett : François n’est pas le premier pape à se soucier du saccage de l’environnement par le modèle économique. Le premier fut Pie XII, en 1956 ! Le thème de l’environnement devint insistant avec Jean Paul II, notamment par son appel du 1er janvier 1990, aussi vigoureux que Laudato Si’. Benoît XVI a également mis en cause le modèle économique et le danger de “dégradation irréversible” (discours de Lorette aux jeunes catholiques italiens en 1987). Mais la marque de François, c’est son langage percutant, compris du monde entier, et les applications concrètes qu’il donne à la doctrine sociale de l’Église. Il met les catholiques en présence de choix clairs et incontournables.
Le christianisme porte-t-il un message écologique ?
Le christianisme porte en lui ce que François appelle “l’écologie intégrale” : l’homme et sa responsabilité envers le reste de la création, confiée à lui par le Créateur. La Bible le souligne. Relisez la Genèse : le récit de la création ; ce que Dieu dit à Caïn sur la révolte du sol contre les crimes de l’homme ; l’histoire de Babel… Relisez aussi les prophètes : Isaïe, Jérémie, Amos, Joël… Relisez Romains 8 (19-23) ! L’Incarnation du Christ, sa Résurrection et la promesse de la fin des temps changent radicalement le rapport de l’homme au monde qui lui est confié et sera transfiguré avec lui au dernier jour. Comme le dit François, l’écologie intégrale “jaillit de la rencontre de l’homme avec le Christ”.
Y a-t-il une approche chrétienne spécifique dans la défense de la maison-commune ?
Il y en a une dans la mesure où nous avons encore plus de raisons — que les autres — de prendre part à ces combats : parce que la réalité est la même pour tout le monde, et parce que “sortir” et lutter aux côtés de non-croyants ouvre un boulevard à la nouvelle évangélisation. “Soyez toujours prêts à donner vos raisons à qui vous les demandera”, dit la première lettre de saint Pierre. Encore faut-il que nous soyons présents pour qu’on puisse nous les demander !
Propos recueillis par Camille Tronc.
En savoir plus sur La catastrophe écologique, fruit pourri du capitalisme ? :
On ne sauvera pas l’homme sans sauver la planète, avertissait le pape François dans Laudato Si’. Après la parution de la magistrale encyclique en 2015, les prises de positions en faveur de l’environnement se sont multipliées chez les catholiques. Difficile, en effet, d’ignorer plus longtemps les alertes d’une planète de plus en plus perturbée. Cette planète, c’est la nôtre. Elle est la maison commune à toute l’humanité que Dieu a créé, à charge pour l’homme de la préserver.
Les Altercathos est une association fondée en 2011 par des catholiques lyonnais, et qui se veut un laboratoire de réflexion pour l’engagement des catholiques dans la vie de la Cité. Cet essai ne fera pas l’unanimité, loin de là. Il se veut résolument radical, à la fois dans sa critique de notre mode de consommation, et son approche globale de la responsabilité environnementale de l’homme.
Les auteurs, tous acteurs de la société et spécialistes de l’environnement, développent tour à tour leur réflexion à travers les grands axes de ce livre, qui sont autant de critiques contre le capitalisme débridé, l’idéologie de la croissance économique perpétuelle, le manque de courage face à notre devoir environnemental et le grignotage par l’argent de toutes les sphères de nos vies.
La catastrophe écologique, fruit pourri du capitalisme ? par Olivier Rey, Mgr Rey, Patrice de Plunkett, Thierry Jaccaud, Marie Frey, Cyrille Frey et Kevin Victoire. Les Altercathos, mai 2016, 10 euros.