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Le jour où j’ai rencontré Mère Teresa

© Archives Ciric

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Père René-Luc - publié le 02/10/16
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Le père René-Luc nous raconte un instant inoubliable.

Durant ma troisième année de séminaire à Rome, au printemps 1993, j’ai vécu une rencontre bouleversante.

Dans mon université de l’Angelicum se trouve des étudiants qui appartiennent à la fraternité sacerdotale fondée par mère Teresa. Je dis à l’un d’eux combien je souhaiterais la rencontrer au moins une fois dans ma vie. Quelle est donc ma joie quand, un jour, il m’annonce qu’elle va venir pour une messe dans un quartier pauvre de la périphérie de Rome !

La rencontre

Mère Teresa assiste à la messe, très recueillie. Puis elle prend la parole et nous parle simplement. Ça vient du cœur. À la fin de l’office, toutes les personnes présentes s’avancent vers elle pour lui parler, lui confier des intentions de prière. Il y a tellement de monde que des hommes doivent former un cordon de sécurité pour qu’elle puisse rejoindre sa voiture. Je regarde tout cela ému, et en même temps un peu déçu. J’aurais aimé la saluer, mais c’est impossible. Tout à coup, je sens une main saisir mon bras. Je me retourne, c’est mon ami séminariste, celui qui m’a invité.

— "Qu’est-ce que tu fais là, tu ne veux pas la voir ?"

— "Bien sûr que si, mais avec tout ce monde, ce n’est pas possible."

— "Viens, suis-moi !", me dit-il en m’agrippant par le bras.

Il me tire littéralement et fonce dans la foule. À ma grande surprise, tout le monde s’écarte pour le laisser passer. Et je me retrouve en quelques secondes nez à nez avec mère Teresa.

Mère Teresa est mon modèle de beauté, c’est un "mannequin de l’amour donné"

Elle est assise, toute frêle, dans sa voiture, côté passsager. La fenêtre est ouverte. Ses petits yeux sont lumineux, ils éclairent le visage ridé et souriant que la terre entière connaît. Elle plonge ses yeux dans les miens et me regarde comme si j’étais seul au monde. Je baragouine tant bien que mal :

— "Mother, give me your blessing !" - "Mère, donnez-moi votre bénédiction !"

C’est ce que mes amis de sa fraternité m’ont conseillé de lui dire. Elle lève alors ses deux mains vers mon visage, le saisit au niveau de mes joues, et laisse ses mains descendre lentement, comme une mère caresse son enfant. Elles sont d’une douceur incroyable, la douceur de la miséricorde. Ses yeux sont rivés aux miens. Le temps me semble suspendu.

Et là, j’entends ses lèvres me murmurer :— "All for Jesus through Mary !" La devise du Pape qui m’est si chère : "Tout à Jésus par Marie", "Totus Tuus !" Quand je sors de ma stupéfaction, la voiture est déjà partie. Peu importe, j’ai rencontré mère Teresa pour cet instant unique et fugace, qui restera un moment extrêmement fort dans ma vie. Je garderai toujours en mémoire son visage, ridé par le sourire et les veilles de prière. Tant de personnes angoissent lorsqu’elles voient apparaître quelques rides sur leur visage. Pourtant, si les rides proviennent d’une vie passée à sourire et à contempler, on peut en être fier. Mère Teresa est mon modèle de beauté, c’est un "mannequin de l’amour donné".

Extrait du livre témoignage du père René-Luc, Dieu en plein cœur, presses de la Renaissance, 1998, p 178-179, 17 euros.

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