La fin de la semaine nous a rappelé que la France est en guerre. En Méditerranée orientale, huit Rafale ont décollé du porte-avions Charles-de-Gaulle, vendredi matin, 30 septembre, en vue de la bataille pour la reprise de Mossoul, la deuxième plus grande ville d'Irak, tenue par le groupe terroriste État islamique.
La coalition à l’offensive en Irak mais hors-jeu en Syrie
Après la chute de Faloudja reprise par les forces irakiennes en juin dernier, la reconquête de Mossoul est un objectif majeur de la coalition internationale luttant contre Daesh, explique à RTL Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire auprès des Nations Unies : « Il s'agit d'aller reconquérir une ville de première importance. Une ville particulière, à cheval entre la zone kurde et la zone sunnite, également deuxième ville de Syrie en terme de population.»
« Les forces irakiennes, qui ont depuis deux ans reconquis de vastes espaces, surtout dans la grande province occidentale d'Al-Anbar, se préparent depuis quelque temps à lancer l'assaut sur cette ville, précise L'Obs. Plusieurs responsables occidentaux ont laissé entendre que l'offensive pourrait être lancée en octobre, et la semaine dernière, Barack Obama a dit qu'elle aurait lieu "assez rapidement". La mission du porte-avions français – qui triple la capacité de frappes aériennes françaises dans la région – est aussi prévue “de fin septembre à fin octobre”. »
Mais en Syrie, l’Amérique a abandonné la partie – et la France à sa suite –, laissant les coudées franches à la Russie alliée de Bachar el-Assad. Washington et ses alliés européens n’ont pas de mots assez durs pour condamner « la barbarie » des raids aériens sur Alep, mais il est peu probable que ces condamnations intimident Moscou, souligne Le Point : « Réplique immédiate à Moscou : la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a jugé que le meilleur “cadeau aux terroristes sera le refus de Washington de coopérer avec la Russie pour un règlement du conflit en Syrie”. Malgré les appels internationaux à arrêter le déluge de feu à Alep, la Russie a poursuivi ses raids en appui à son allié syrien, comme c'est le cas depuis la “fin” le 19 septembre, du cessez-le-feu qui avait été négocié dix jours plus tôt à Genève par Kerry et Lavrov. Ainsi, l'aviation russe va continuer “son opération en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes” a martelé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Et il s'en est pris aux critiques “non constructives” de Washington, à la veille du premier anniversaire de l'intervention militaire russe en Syrie le 30 septembre. »
« À Washington, rapporte Capital, l'administration et l'armée tentent de définir des réponses plus dures face à l'offensive en cours à Alep, y compris des options militaires. Mais le président Barack Obama, qui aura quitté la Maison blanche dans quatre mois, a lui-même déclaré qu'hormis l'envoi massif de troupes au sol, une option qu'il refuse, il n'avait pas encore entendu d'idées convaincantes ». (…) De son côté, la France, qui insiste depuis des jours pour sortir du face-à-face russo-américain et prône une approche plus collective, a réaffirmé la nécessité d' “obtenir le plus vite possible une résolution au Conseil de Sécurité pour arrêter le massacre d'Alep”. » Mais la Russie étant l’un des cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité, avec droit de véto, le sort d’Alep paraît scellé….
La semaine noire de Nicolas Sarkozy
Sur le front de la campagne présidentielle, la semaine fut particulièrement « rude » pour Nicolas Sarkozy, constate Atlantico : « Entre la publication du dernier livre de Patrick Buisson et les révélations de Médiapart et du Monde [sur l'affaire du carnet libyen qui confirmerait un financement occulte de la précédente campagne présidentielle NDLR], sans compter la mise en examen de plusieurs proches, le candidat à la primaire de la droite voit sa cote stagner dans les sondages. » Pour Jérôme Fourquet, de l’IFOP, qui recommande toutefois de relativiser cet épisode en forme de « traversée du désert », « là où il y a un vrai point d'interrogation, c'est que manifestement la tendance haussière qui lui avait permis de recoller au score d'Alain Juppé cet été est stoppée. »
De son côté, Jean-François Copé, autre candidat à la primaire des Républicains, « règle ses comptes avec l'ancien président de la République », relève L’Express : « Il accrédite notamment la piste de versements occultes dans l'affaire Bygmalion. (…) Pour le maire de Meaux, “la mise en examen [de Nicolas Sarkozy] n'est pas que technique, elle porte sur une vingtaine de millions d'euros, qui en réalité sont un détournement ! C'est une fuite éperdue en avant”. »
Le livre de Patrick Buisson ne contient pas de véritables « révélations », observe David Desgouilles, membre de la rédaction de Causeur, dans Le Figaro. Mais, ajoute-t-il, « cela sonne davantage comme une confirmation sur le caractère de Nicolas Sarkozy. Il souffre, en effet, de l'image d'un homme sans véritables convictions et qui navigue entre différentes stratégies (un jour je suis pour la discrimination positive, un jour je suis le héraut combattant le communautarisme), les Français l'avaient plus ou moins en tête et cela a pu avoir des conséquences sur sa non-réélection en 2012. Aujourd'hui, c'est un homme qui a été proche de lui pendant sept ans qui le confirme et l'écrit, avec des exemples. Cela peut avoir un effet décisif. »
Quoi qu’il en soit, on ne voit pas qui, à gauche, tirerait avantage des déboires de l’ancien président. Sûrement pas la tête de l’exécutif : « Les cotes de popularité de François Hollande et Manuel Valls sont de nouveau en baisse, avec des pertes respectivement de 4 et 3 points, selon un sondage Kantar TNS-OnePoint diffusé jeudi » relève LCP : « Le chef de l'Etat recueille 13% (-4) d'avis favorables contre 17% début septembre. Malgré une séquence marquée par de nombreux déplacements et une importante communication, 84% des Français interrogés ne lui font pas confiance pour résoudre les problèmes qui se posent en France. Le Premier ministre enregistre lui aussi une baisse, avec 22% (-3) des personnes interrogées qui lui font confiance et 74% (+2) d'un avis contraire, selon ce baromètre pour Le Figaro Magazine. »
L’amendement contre les sites anti-IVG rejeté par le Sénat
« A-t-on encore le droit de dire qu'il existe des alternatives à l'avortement et que ce dernier n'est pas sans conséquences pour les femmes ? » tweetait le 29 septembre le père Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France. En cause, l’amendement de Laurence Rossignol, ministre « des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes », visant à introduire un « délit d’entrave numérique » dans l’article 17 du projet de loi égalité et citoyenneté, qui doit être examiné au Sénat le 4 octobre prochain.
« Toute la difficulté est d’établir la frontière entre ce qui relève du délit d’entrave et ce qui relève du délit d’opinion » faisait observer dans La Croix Adrienne Charmet, de l’association la Quadrature du Net. « En France, poursuivait-elle, on a le droit d’être contre l’IVG et de le dire. Il va falloir définir ce qu’est une “présentation faussée”. Affirmer, par exemple, que l’avortement a des conséquences physiques et psychologiques, est-ce une “allégation fausse” ? »
Le but poursuivi à travers cet amendement était clairement de museler les sites anti-IVG qui ont selon la ministre une « l’influence toxique sur les femmes ». « Après avoir créé des sites internet “neutres”, créé un numéro vert “neutre” », etc., il ne restait plus au gouvernement, pour rester maître de l’information sur l’avortement, qu’il sanctionne ceux qui en délivre une autre » s’inquiétait le 27 septembre le site Gènéthique. « Fournir des raisons de ne pas avorter est donc en train de devenir un délit », s’insurgeait l’universitaire Dominique Reynié, professeur des universités à Sciences Po à Sciences-Po, dans Le Figaro du mardi 27 septembre, en relevant que le site officiel gouvernemental s’exonère « totalement » de la neutralité qu’il exige en décourageant « la recherche d’informations alternatives ».
Heureusement, l’éclaircie est venue du Sénat : le 29 septembre, la Haute assemblée annonçait le rejet de cet amendement liberticide, le jugeant « irrecevable », rapporte Public Sénat : selon la rapporteuse du projet de loi Egalité et Citoyenneté, la sénatrice UDI Françoise Gatel, l’amendement de Laurence Rossignol serait un « cavalier législatif » : « il n’aurait rien à voir avec le sujet traité par le projet de loi. » Fureur de la ministre qui accuse : « Les lobbyistes anti-IVG qui voient d’un très mauvais œil l’extension du délit d’entrave » d’avoir « actionné des leviers et des réseaux ».
Au même moment, Alliance VITA, dont le service d’écoute SOS Bébé fait partie des sites visés par le gouvernement, rendait public les résultats d’un sondage « Les Français et l’IVG » effectué à sa demande par l’IFOP :
– Pour 52% des Français (55% des femmes) le nombre d’avortements est non pas « une situation normale » mais « une situation préoccupante ».
– 89% d’entre eux pensent « qu’un avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes ».
– 72% estiment que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’interruption de grossesse » et 84% sont favorables à ce que soit « intégré dans le livret officiel remis aux femmes enceintes le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères ».
Ce sondage prend le gouvernement à contrepied en infirmant notamment plusieurs assertions du site officiel gouvernemental comme cette vidéo dans laquelle un médecin nie la possibilité d’un traumatisme post IVG à long terme. Alliance Vita annonce d’ailleurs à ce propos qu’elle « se réserve la possibilité de porter devant la justice les dispositions et informations intempestives trompant les femmes à propos de l’IVG, dont le gouvernement actuel porte la responsabilité. »