Première étape la Géorgie où il se présente “en ami” et “pèlerin” venu offrir des paroles de paix et d’unité…“Encourager l’unité des chrétiens” dans un pays à majorité orthodoxe, “affermir la foi des catholiques” et “prêcher la paix” dans un pays troublé par des conflits. Tels sont les objectifs de la deuxième étape du voyage du Pape dans le Caucase – en Géorgie et Azerbaïdjan, du 30 septembre au 2 octobre prochains – trois mois après sa visite en Arménie.
Le Saint-Père est arrivé à Tbilissi, en Géorgie, en milieu de journée, accueilli à l’aéroport par le nonce apostolique d’Arménie et d’Azerbaïdjan Mgr Marek Solczynski, et le patriarche orthodoxe de toute la Géorgie, Ilia II. Puis direction le palais présidentiel où il a tenu son premier discours devant les autorités du pays, le corps diplomatique et la société civile.
“Je remercie le Dieu Tout-Puissant de m’avoir offert l’opportunité de visiter cette terre bénie, lieu de rencontre et d’échange vital entre cultures et civilisations, qui a trouvé dans le christianisme (…) sa plus profonde identité et le fondement sûr de ses valeurs”, a déclaré le Pape, “qui a su faire de sa position géographique presqu’un pont naturel entre l’Europe et l’Asie”, favorisant ainsi “les communications et les relations entre les peuples” de mondes différents.
Paroles de paix
Le Souverain pontife a poursuivi son discours par des paroles de paix, mettant en garde contre “les extrémismes violents qui manipulent et déforment des principes de nature civile et religieuse pour les asservir à des projets obscurs de domination et de mort”, et demandé, pour cela, qu’une attention particulièrement vigilante soit toujours accordée à “l’être humain dans sa dimension concrète”, qui est la seule bonne attitude, a-t-il dit, pour “éviter que les divergences ne débouchent sur des violences” et ne provoquent “d’énormes dégâts” sur l’homme et la société.
“Toute distinction de nature ethnique, linguistique, politique ou religieux, loin d’être utilisée comme prétexte pour transformer les divergences en conflits et les conflits en d’interminables tragédies, peut et doit être pour tous une source d’enrichissement réciproque en faveur du bien commun”, a-t-il estimé. Tout cela demande “de la clairvoyance et du courage”, a-t-il reconnu, mais surtout “d’avoir toujours sous les yeux les souffrances des hommes” pour rester sur le bon chemin. Car construire la paix est”un long et dur chemin” qui demande de la patience, a-t-il ajouté, mais un chemin “aussi passionnant que libérateur”.
Unité des chrétiens
Puis le pape François a rencontré le patriarche orthodoxe de toute la Géorgie Ilia II, dans une ambiance recueillie au palais patriarcal de Tbilissi. Huit ans après la visite “historique”» d’un patriarche géorgien au Vatican, le 8 novembre 2008, sous le pontificat de Benoît XVI, c’est en “ami sincère” et “pèlerin” que le Saint-Père s’est présenté et a réaffirmé son désir profond de voir se “renforcer les liens” avec l’Église orthodoxe. Sans sous-estimer les difficultés, mais en rappelant les très profondes racines chrétiennes, et communes, de cette “terre bénie”.
“Cher frère, laissons-nous regarder à nouveau par le Seigneur Jésus, laissons-nous attirer par son invitation à “laisser ce qui nous empêche d’être ensemble des annonceurs de sa présence”, a-t-il demandé au patriarche. Pour se laisser imprégner de “cet amour qui a transformé la vie des Apôtres”, lui seul capable “de nous élever au-dessus des incompréhensions du passé, des calculs du présent et des craintes de l’avenir”. Ces difficultés, a-t-il encouragé, “ne sont pas des empêchements mais des stimulants (…) à partager la sève vitale de la foi, à intensifier la prière les uns pour les autres et à collaborer avec charité apostolique dans le témoignage commun”.
En Géorgie, les orthodoxes constituent 83% de la population, les catholiques 2,5%. La constitution géorgienne reconnait une place “spéciale” à l’Église orthodoxe. Cette Église autocéphale – indépendante des patriarcats de Moscou comme de Constantinople – s’est retirée en 1997 du Conseil œcuménique des Églises (COE) et de la Conférence des Églises européennes (KEK), suite à un diffèrent sur la vision de l’oecuménisme. Elle n’a pas non plus signé le document commun adopté tout récemment par la Commission mixte pour le dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes.
Avec les assyro-chaldéens
Enfin le Pape a conclu son après-midi sur le sol géorgien par une rencontre avec la communauté assyro-chaldéenne de la diaspora dans l’Église catholique chaldéenne de saint Simon Bar Sabba, à Tbilissi. Plusieurs évêques, mais également des prêtres et des fidèles, étaient venus spécialement d’Irak pour assister à la rencontre, sous la conduite du patriarche de Babylone des chaldéens Louis Raphael Ier Sako. Après les chants de prière en araméen, la langue de Jésus, le pape François a élevé une prière au Christ, lui demandant d’associer à sa croix les souffrances de “tant de victimes innocentes” comme les enfants, les personnes âgées, les chrétiens persécutés, les exilés, les réfugiés, ceux qui ont perdu le goût de la vie. Et avant de lâcher une colombe, en signe de paix, une prière pour les peuples en guerre : “Seigneur Jésus, étends l’ombre de ta croix sur les peuples en guerre : qu’ils apprennent la voie de la réconciliation, du dialogue et du pardon ; (…) relève de la dévastation l’Irak et la Syrie”.
Les premières migrations d’Assyro-chaldéens datent du XVIIe mais beaucoup sont arrivés au début du XXe siècle, fuyant la Première Guerre mondiale et les persécutions dont ils étaient l’objet dans l’empire ottoman.