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Le mot de la semaine : “Gaulois”

Mur BD Asterix & Obelix de Goscinny et Uderzo. Lieu : Rue de la Buanderie 33/35, Bruxelles.

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Alexis Bétemps - publié le 23/09/16
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Aussitôt que l’on devient français “nos ancêtres sont Gaulois”. Nicolas Sarkozy.Nicolas Sarkozy a affirmé lundi dernier qu’aussitôt que l’on devient français “nos ancêtres sont Gaulois”. La phrase a immédiatement été commentée par les journalistes et la classe politique, révélant la profonde confusion qui enveloppe ces mots.

Ceux-ci auraient pourtant pu passer tout à fait inaperçus. En effet, l’expression “nos ancêtres les Gaulois” revêt un caractère si inoffensif et désuet qu’elle a fini par passer dans le registre courant, se teintant même d’une certaine ironie : le Gaulois le plus célèbre au monde n’est-il pas le gros Obélix, bon vivant un peu simple d’esprit et amateur de bonne chère ? Peut-être même évoque-t-elle davantage quelque chanson grivoise d’écoliers, une “gauloiserie” en somme, qu’une quelconque référence historique ?

Feignant de ne pas comprendre que “nos ancêtres les Gaulois” ne sont pas tant nos aïeux génétiques que des figures fictionnelles destinées à unifier symboliquement le peuple français, de nombreuses personnalités de gauche ont tenu à faire entendre leur indignation. Najat Vallaud-Belkacem en a parfaitement résumé la teneur par un tweet : “#NosAncêtresLesGaulois, et les autres ?“. À une formule symbolique forgée sous la Troisième République, et à laquelle personne n’a jamais cru littéralement, la ministre a donc décidé de répondre au premier degré. Les fameux instituteurs de la fin du XIXe siècle n’ayant pas eu la chance d’être éclairés par une ministre aussi savante, sans doute croyaient-ils naïvement que les Antillais, parce que Français, avaient eux aussi des ancêtres à moustache blonde.

Il est encore plus regrettable que des historiens aient cru opportun d’intervenir dans un débat qui ne porte aucunement sur la réalité historique de cette expression. Si Najat Vallaud-Belkacem pensait sans doute aux enfants d’immigrés algériens, tunisiens ou maliens lorsqu’elle a évoqué “les autres”, Le Monde a déniché une historienne encore plus premier degré que sa ministre de tutelle. Mathilde Larrere nous apprend ainsi que ces “autres”, ce sont les Pictes, les Bellovaques, les Aduapes, ou encore les Parisii. Relevons que cette fastidieuse énumération des tribus antiques qui peuplaient la Gaule ne mentionne pas les Arvernes… les Auvergnats apprécieront (du moins ceux qui estiment en être les descendants).

Une précision historique aurait pourtant mérité d’être faite : la France gauloise n’est pas simplement une invention de la Troisième République, elle est surtout une fierté de la gauche, alors en lutte contre la réaction monarchiste, qui n’a de cesse que la noblesse soit marquée du sceau de ses origines supposément franques (et donc germaniques). À l’inverse, pour l’aristocratie agonisante, l’esprit gaulois symbolise la trivialité de basse extraction, caractéristique d’un peuple considéré avec distance et mépris. “Nos ancêtres les Gaulois”, c’est avant tout un slogan vantant la fierté d’un peuple débarrassé de la noblesse et en quête d’unité nationale tout au long du XIXe siècle.

Que la gauche attaque Nicolas Sarkozy pour avoir osé faire référence à nos ancêtres gaulois par une formule originellement marquée à gauche, voilà une belle ironie de l’histoire. Qu’il l’ait fait à Franconville dans le Val d’Oise, étymologiquement “le domaine des Francs”, voilà une ironie digne d’une histoire de bande-dessinée de Goscinny !

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