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Huile de palme : L’Église de Papouasie entre en résistance

AERIAL PHOTO SHOWED HEAVY EQUIPTMENT WORKING AT PALM OIL PLANTATION OWNED BY PT PAPUA ALAM LESTARI

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Sylvain Dorient - publié le 20/09/16
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La déforestation met en danger les populations autochtones. Assistés dans leur combat par des organisations non gouvernementales (Mighty, Pusaka, la Fédération européenne pour le transport et le développement), plusieurs membres du clergé de la province indonésienne de Papouasie dénoncent les pratiques des sociétés exploitant les palmiers à huile. Des pratiques largement soutenues par le gouvernement indonésien. Une enquête diligentée par un ensemble d’associations a révélé que le groupe indonésien Korindo était responsable à lui seul de la destruction de 50 000 hectares d’espaces naturels. Le père Anselmus Amo, qui préside la commission de Merauke pour la paix et la justice, avertit : “Il faut que ça cesse, dès maintenant. Notre enquête a apporté des preuves, des photos satellites et aériennes, ainsi que des investigations sur le terrain.”

“L’Indonésie utilise la Papouasie”

Un autre prêtre, Santon Tekege, de l’équipe du Diocèse de Timika, détaille la catastrophe que vivent ses paroissiens, et prend les autorités à partie. “Si les êtres humains ont le droit d’utiliser la nature, ils n’ont pas le droit de l’épuiser”, précise-t-il. Or l’exploitation intensive de l’huile de palme provoque des catastrophes parmi ses paroissiens. Il constate que dans plusieurs régions différentes de Papouasie, les mêmes causes produisent les mêmes effets : à Arso, Taja Lereh, Sorong et Manokwari, les habitants subissent la destruction des forêts qu’ils emploient. Ils connaissent aussi des épisodes d’inondation inédits, dus aux déforestations massives.

La police est du côté des exploitants

À plusieurs reprises, la police a ouvert le feu sur des manifestants qui défendaient les droits des peuples autochtones, tuant certains d’entre eux. Les forces de police vont jusqu’à assurer la sécurité des exploitants. Tout se passe, aux yeux du père Tekege, comme si le gouvernement local utilisait les terres de Papouasie comme une colonie, dont les vrais patrons sont les multinationales. Il pointe un cas typique dans sa région de Mimika, où le gouvernement a renouvelé en mars 2015 l’autorisation d’exploiter à une compagnie qui avait été interdite en décembre 2014. “Le gouverneur a sûrement été aveuglé par les milliards de roupies apportés par la compagnie”, commente le père.

Solutions locales

Les promesses faites par les compagnies, au moment de signer les contrats, ne sont jamais tenues. Elles devraient embaucher du personnel local, s’assurer que l’exploitation ne représente pas de risque pour la santé. Mais rien n’est fait, constate le prêtre sur le terrain. Contre le “tout huile de palme” qui s’impose dans son pays, il propose des solutions comme celles de Thomas Wanmang, un chef indigène de Mimika, qui tente de remettre en valeur la culture traditionnelle du Pandanus conoideus, ou “fruit rouge”, une plante endémique de Papouasie, employée comme nourriture et remède par les peuples papous.

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