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Pourquoi les musulmans vont-ils en pèlerinage à la Mecque ?

A picture taken on September 9, 2016 shows a general view of Muslim pilgrims from all around the world circling around the Kaaba at the Grand Mosque, in the Saudi city of Mecca. The annual Hajj pilgrimage begins on September 10, and more than a million Muslims have already flocked to Saudi Arabia in preparation for what will for many be the highlight of their spiritual lives. / AFP PHOTO / AHMAD GHARABLI

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Sylvain Dorient - publié le 14/09/16
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Le Hadj qui s’achève a attiré des millions de musulmans vers le lieu le plus saint de l’islam.La sourate 3 al Imran précise que “c’est un devoir envers Dieu pour les gens qui ont les moyens, d’aller faire le pèlerinage de la Maison (Hadj)”(97). Ce pèlerinage, connu comme “l’un des cinq piliers de l’islam” est recommandé à tout musulman en état de le faire, une fois dans sa vie. Il est accompli le plus souvent durant la semaine qui lui est dédié dans le calendrier lunaire, et qui correspond cette année aux jours du 9 au 14 septembre.

Prescriptions précises et règles à observer

Pendant toute la durée du pèlerinage, les fidèles portent une djellaba simple, des sandales aux pieds, afin que tous les musulmans se présentent dans la ville sainte avec des vêtements similaires, sans que l’on puisse distinguer les riches des pauvres. Ils doivent respecter des règles précises, sans quoi toute la valeur du pèlerinage pourrait être invalidée. Lors de la préparation, il est interdit de fumer, de jurer, de couper un cheveu ou d’avoir un rapport sexuel. Les femmes doivent être accompagnées d’un époux, frère ou père, celles de plus de 45 ans peuvent venir seules, à condition qu’elles aient une lettre de consentement, établie devant notaire, par leur époux.

Plus d’un million de pèlerins

La grande cérémonie du Hadj donne lieu à des rassemblements de foule d’une ferveur impressionnante. Certains font le trajet à pied ou à vélo, comme un cycliste russe qui a parcouru 8 150 kilomètres. Ils étaient un million trois cents mille en 2016 selon l’Office des statistiques saoudiennes. Charles de Foucauld, qui fut impressionné par la foi des musulmans qu’il découvrait au Maroc, alors qu’il était encore agnostique, aurait certainement été émerveillé par ces processions gigantesques, rassemblant des millions de personnes selon un rituel précis. Les pèlerins doivent tourner sept fois autour de la Ka’bha, doivent la toucher et si possible l’embrasser. Foucauld, qui fut un temps tenté par la conversion, y renonça car il considérait que “l’islam est une religion trop matérielle”, et de fait, il y a pour un catholique, dans le rituel très structuré du Hadj, des traditions qui surprennent.

Outre l’aspect très formel des règles imposées aux pèlerins, qui doivent, par exemple, se raser à un moment précis, lancer un nombre de pierres précis en direction d’une stèle symbolisant Satan etc., la nature des prières prononcées est éloignée de la vision du Dieu des chrétiens. Le Coran précise bien que le pèlerinage, dans son entier “est prescrit pour celui dont la famille n’habite pas auprès de la Mosquée sacrée” (Sourate 2, al Baqara, 196). Il ajoute : “Et craignez Dieu. Et sachez que Dieu est dur en punition”. Enfin la prière, souvent répétée la talbiyah “La louange, la grâce et la royauté t’appartiennent, toi qui n’a point d’associé”, résonne durement aux oreilles des chrétiens qui côtoient les musulmans au Moyen-Orient. Ils sont en effet taxés “d’associationnistes” ou “d’associateurs”, en raison du Mystère de la Trinité et de leur foi au Dieu Père, Fils et Saint-Esprit.

Photo aérienne de la Masjid al-Haram (Grande Mosquée) de la Mecque. Autour du lieu saint, les grattes-ciel et les hôtels de la cité qui défigurent l'horizon. Ramazan Turgut / Anadolu Agency

©Ramazan Turgut / ANADOLU AGENCY
Photo aérienne de la Masjid al-Haram (Grande Mosquée) de la Mecque. Autour du lieu saint, les grattes-ciel et les hôtels de la cité qui défigurent l’horizon. Ramazan Turgut / Anadolu Agency

Piétinement

Certaines parties du rituel, comme la lapidation symbolique de la stèle Jamrat al Aqabah, donnent lieu à des mouvements de foules, qui provoquent chaque année des décès par étouffement et piétinement. En 2016, 239 pèlerins ont trouvé la mort de cette façon. Mais aux yeux de nombres de musulmans, le plus scandaleux demeure l’attitude de la Monarchie saoudienne, qui a transformé la ville sainte en business, comme nous le confie un musulman fraîchement converti : “Alors qu’il n’est censé y avoir ni riches ni pauvres pendant le pèlerinage, on voit des hôtels trois étoiles à côté des lieux saints. Ceux qui ont en charge la ville de la Mecque ne sont pas de bons musulmans !”

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