La crise post-électorale qui a plongé le Gabon dans le chaos semble en passe d’être résolue. Retour sur les derniers évènements. L’opposition qui avait contesté la réélection du président Ali Odimba Bongo a finalement déposé, ce jeudi 8 septembre, un recours devant la Cour constitutionnelle du pays. Sera-t-elle entendue ? Tout porte à croire que non, selon l’opposition menée par Jean Ping, qui, en plus de dénoncer l’institution en question, trouve qu’elle est entièrement soumise au président Bongo. En effet, les neufs juges de la Cour constitutionnelle du Gabon sont nommés par le président lui-même, le président du Sénat et le président de l’Assemblée nationale. De plus, la présidente de la Cour n’est autre que Marie-Madeleine Mborantsuo, belle-mère du président Bongo. La décision de saisir la Cour constitutionnelle a donc naturellement suscité beaucoup de débats au sein de la coalition.
Le recours à la Cour constitutionnelle : un dilemme ?
En réalité, la saisine de la Cour constitutionnelle constitue un véritable dilemme pour l’opposition gabonaise. Elle sera obligée de respecter la décision finale de la Cour constitutionnelle si celle-ci confirme les résultats proclamés par la commission nationale électorale. Les membres de la coalition le reconnaissent : “On sait d’avance qu’y aller c’est se condamner, mais si on n’y va pas, on va nous reprocher d’être des va-t-en-guerre… Voilà pourquoi nous continuons à demander un recompte des voix par bureau de vote pour la province du Haut-Ogooué, en présence des observateurs internationaux et en présence des représentants des candidats, afin que les procès-verbaux de résultats soient confrontés et authentifiés avant d’être comptabilisés”.
L’espoir d’un soutien international
La coalition conduite par Jean Ping, l’ex-dignitaire de l’Union africaine, ne saurait être excusée par la communauté internationale si elle refusait d’utiliser des voies légales de recours. À ce propos, une source proche du candidat perdant affirmait : “Nous ne pouvons pas prendre le risque de ne pas être compris, surtout à l’extérieur. Nous savons bien qu’en France, en Allemagne ou aux États-Unis, épuiser les voies de recours, c’est quelque chose de naturel”. L’opposition espère surtout un soutien international au moyen de négociations durant le délai de quinze jours dont dispose la Cour constitutionnelle pour résoudre ce contentieux électoral. Aux dernières nouvelles, cette chance s’est éloignée car la mission de l’Union africaine, conduite par le président tchadien Idriss Itno Déby, a été renvoyée aux calendes grecques. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Gabon, ce report est dû à un problème d’agenda des chefs d’État devant faire partie de la mission. Pour l’instant, les yeux restent rivés sur la décision à venir de la Cour constitutionnelle.