“L’harmonie ! Voilà la clé de l’équilibre d’une nation ou une famille…”En parallèle avec des séminaires de formation sur l’interculturel, Eugénie conseille les entreprises en business développement sino-européen. Installée dans l’Hexagone depuis 2002, elle est mariée à un français et mère de deux garçons. Eugénie a été baptisée à Pâques 2016 et rêve d’une chrétienté en « harmonie ».
Pourquoi laissez-vous de la place pour Dieu dans votre vie ?
Eugénie : Parce qu’Il est notre ami inconditionnel et éternel. Quand je me sens en détresse je m’adresse à Lui, cela m’apaise et me redonne du courage. J’avais 5 ans quand j’ai entendu parler des chrétiens pour la première fois, cette graine a germé au bout de 16 ans quand j’avais eu à accompagner un groupe de protestants (venant des quatre coins du monde) en voyage en Chine, leur fraternité et leur bienveillance m’ont impressionnée. En 2010, une série d’épreuves familiales et de rencontres providentielles m’ont menée au Christ. A contrecoups de ces difficultés dont nous sommes sortis indemnes malgré tout, je me suis dit qu’un Dieu avait bien du nous aider et que je devais rendre grâce.
Que signifie pour vous « avoir la foi » ?
C’est vouloir suivre l’exemple du Christ et ses commandements. La phrase qui résonne beaucoup chez moi est : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Je trouve que c’est ce qui manque cruellement à notre monde. Notre société est de plus en plus égoïste et transactionnelle, c’est pour cela que je trouve le raisonnement catholique donner sans attendre de retour si précieux (si c’est authentiquement appliqué). Les enseignements de Jésus sont assez perturbants pour ceux qui ne croient pas comme par exemple aimer et aider son prochain même s’il n’appartient pas à notre communauté ou encore pardonner à ceux qui nous ont offensés (même gravement).
Avez-vous une action quotidienne pour Dieu ?
Je prie tous les jours et je présente Jésus aux gens qui ne le connaissent pas, sans faire de prosélytisme. Je lis aussi pour mieux connaître Dieu et je trouve l’Ancien Testament vraiment dur et cruel, il faut se le faire expliquer ! J’essaye de mettre en pratique ce fameux : « Aimez-vous les uns les autres » mais c’est si difficile à certains moments : des remords ressentis pour ne pas avoir donné à SDF à titre d’exemple. On est bien vite rattrapé par la réalité !
Qu’aimeriez-vous dire aux catholiques ?
Deux idées me viennent. Un évêque d’Arabie Saoudite a récemment dit que la religion catholique était trop faible en Europe alors que c’est son creuset. J’observe d’un côté une foi très fervente chez les fidèles, et de l’autre, ceux de « tradition catholique » qui s’en désintéressent totalement. C’est dommage car un héritage ne nous appartient pas, je pense qu’on doit le transmettre en l’ayant enrichi de notre propre labeur ou expérience. Je remarque également que de nombreux chrétiens considèrent que leur religion est supérieure aux autres sans faire l’effort de les découvrir. C’est regrettable car cela entrave la vraie fraternité. Certains pratiquants pensent que la miséricorde est leur apanage, alors qu’elle est présente aussi dans le judaïsme, le bouddhisme et l’islam. Pour moi, Dieu est de l’univers et quiconque peut être attiré à Lui.
Pour vous, qu’est-ce qui sauvera le monde ?
C’est quand l’homme atténue sa cupidité et change vraiment son cœur comme il est demandé par Jésus dans l’Évangile.
Quelle est votre plus grande peur ?
Une troisième guerre mondiale bien plus meurtrière que les deux précédentes et cela serait en grande partie due à l’injustice sociale grandissante. Cela suscite des révoltes et la radicalité des jeunes n’en est qu’une préfiguration. L’Histoire nous apprend que presque tous les changements de dynastie sont liés à des révoltes. Aussi l’importante carence d’autorité en Occident me préoccupe beaucoup.
Qu’est-ce qui vous rend heureuse ?
Vivre dans un monde harmonieux, qu’il soit familial, social ou personnel. Cette notion méconnue en France est profondément ancrée chez moi comme chez beaucoup d’asiatiques. Évidemment l’harmonie demande de faire des sacrifices et ce n’est pas vraiment « tendance » à notre époque.
Quelle est votre vertu préférée et pourquoi ?
C’est un mix de bienveillance et d’autorité qui mènent à l’harmonie ! Voilà la clé d’un équilibre pour une nation, une société, une entreprise, une école ou une famille.
Quel est votre saint préféré et pourquoi ?
Je suis encore trop néophyte en la matière. Et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, je n’ai pas choisi mon prénom Eugénie à cause de la sainte mais parce que lors de mon premier cours de français à la faculté de langues, notre professeur a écrit plusieurs prénoms au tableau et j’ai choisi le plus compliqué à prononcer !
Quelle est votre prière préférée et pourquoi ?
Je n’en ai pas encore de préférée car je ne les connais pas toutes très bien. Le Notre Père résonne beaucoup dans mes prières et j’aime aussi la prière à Marie qui défait les nœuds. On vient de me parler de la neuvaine à Saint Joseph et je crois que je vais l’aimer aussi !!
Propos recueillis par Sabine de Rozières.