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La balade de l’Histoire. 17e étape : La Sologne

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Jean-Baptiste Noé - publié le 07/09/16
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Aleteia vous emmène à la découverte des lieux insolites qui ont fait l’Histoire de France. La Sologne est une région pauvre où l’histoire semble être passée sans s’arrêter. Au nord se trouvent quelques châteaux de la Loire : Chambord, le Lude, Lamotte-Beuvron. Mais la terre argileuse et acide n’ayant jamais permis le développement agricole, cette région reste à l’écart des arts et des mouvements politiques. Elle offre des paysages de forêts et d’étangs qui ont longtemps été synonymes de dangers et de maladies, zone répulsive, elle ne concentre pas beaucoup de populations. La région change à partir du milieu du XIXe siècle, sous le règne de Napoléon III (1852-1870).

Proche de Paris, le chemin de fer la met à quelques heures de la capitale. Ses espaces naturels et sa faune en font un lieu privilégié des amateurs de chasse. L’Empereur met donc en place un vaste programme d’assèchement des marécages et de plantation des landes, afin de transformer ces paysages pauvres et ras en zone forestière et giboyeuse. Comme dans les Landes, également boisées sous Napoléon III, le pin est abondamment planté, car cette essence d’arbre s’accommode bien des sols acides. La Sologne devient ainsi le lieu de villégiature des amateurs parisiens de cynégétique. Le fer puis la route permettent de venir y passer le week-end ; la région devient la campagne de Paris, gardant un aspect sauvage quand l’Île-de-France s’urbanise et s’industrialise. Sa pauvreté fut pour elle la cause de son enclavement, et voici que son enclavement devient la source de sa richesse.

L’invention de la tarte Tatin

À la fin du XIXe siècle, les demoiselles Tatin, Stéphanie et Caroline, tiennent une auberge à côté de la gare de Lamotte-Beuvron où viennent se restaurer de nombreux chasseurs. Dans le feu de l’action, l’une des sœurs aurait oublié de mettre une pâte sous sa tarte aux pommes en enfournant les pommes seules. S’apercevant de son erreur, elle aurait rajouté la pâte par-dessus, donnant un dessert original, mais apprécié des convives. Paris n’étant pas loin, la nouvelle se diffuse. Le grand critique gastronomique Curnonsky, “le prince des gastronomes” présente cette tarte à la presse et au public. Le succès est immédiat et la tarte des demoiselles Tatin symbolise l’esprit français de ce début de XXe siècle. Les meilleurs livres de recettes la reprennent, et préconisent de l’accompagner de glace à la vanille. Si les Autrichiens ont leur apfelstrudle et les Irlandais leur apple pie, les Français ont la tarte Tatin. L’honneur est sauf, et tout voyageur qui passe par Lamotte-Beuvron peut apercevoir les panneaux annonçant le village où est née la célèbre tarte, fêtée ici comme un grand homme.

Le Grand Meaulnes, le roman des rêves

La Sologne a également contribué à la culture française en servant de décor à l’un des romans majeurs du XXe siècle : Le Grand Meaulnes, roman que presque tous les collégiens ont lu. Il est l’unique œuvre d’Alain-Fournier, ami de Charles Péguy et de Jacques Rivière, mort en septembre 1914 à l’âge de 27 ans. Que cette Grande Guerre a tué d’écrivains ! Alain-Fournier a fréquenté les grands écrivains de son temps : Paul Claudel, Charles Maurras, Jacques Maritain, Jean Cocteau. Le Grand Meaulnes a pour cadre sa Sologne natale. La fête lors du mariage de Frantz de Galais évoque les lacs et les forêts de sa région. Le paysage est totalement onirique, le lecteur se perdant lui-même dans les descriptions du narrateur, sans savoir s’il s’agit de ses rêves ou bien des événements vécus. Il fallait le charme de l’écriture et la grâce d’un grand roman pour faire entrer la Sologne de plain-pied dans l’histoire. Les mots et les lettres semblent consubstantiels à l’histoire de France, le pays ayant toujours entretenu un rapport privilégié avec ses écrivains.

Pour Alain-Fournier, comme pour d’autres, il a fallu quitter sa terre natale et venir combattre sur la Somme et la Marne pour y mourir, comme Charles Péguy, Guillaume Apollinaire ou Louis Pergaud. Il ne restait plus, à d’autres écrivains marqués par le premier conflit mondial, qu’à le faire entrer dans la légende des lettres et la postérité de la mémoire.

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