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Jean-Frédéric Poisson : “Je défends mes convictions et j’appelle les Français à adopter la même attitude”

Jean-Frederic Poisson, French right-wing Les Republicains (LR) party member of parliament and candidate in his party's primary ahead of France's 2017 presidential election, poses in Paris, on May 24, 2016. / AFP PHOTO / JOEL SAGET

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Arthur Herlin - publié le 06/09/16
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Le président du PCD et candidat à la primaire de la droite a répondu aux questions d'Aleteia.

Le président du PCD et candidat à la primaire de la droite a répondu aux questions d’Aleteia.

Aleteia : Encouragez-vous nos lecteurs à participer à la primaire des Républicains ?
Jean-Frédéric Poisson :
La prochaine élection portera sur des choix de civilisation et non de gestion, elle sera ainsi l’élection présidentielle la plus politique après celle de 1962 depuis le début de la VRépublique. Il est par conséquent impératif de défendre en premier lieu ses convictions les plus profondes. Ceux qui sont attachés à leurs racines chrétiennes, doivent venir massivement voter pour peser dans le débat. Vos lecteurs, surement attachés à cette dimension culturelle et spirituelle, doivent tout particulièrement se déplacer, au risque de le regretter.

Rappelons que tous les électeurs français peuvent participer à la primaire, moyennant une participation de deux euros et après avoir signé un papier attestant qu’ils souhaitent l’alternance en 2017. Il faut souligner que nous allons connaître au total six tours d’élections, huit s’il on compte la primaire socialiste (premier et second tour de la primaire de la droite, de la primaire de la gauche, des présidentielles et des législatives, Ndlr).

Il est donc parfaitement possible de choisir un projet qui nous corresponde et de désigner quelqu’un pour le conduire, moyennant de savoir à quoi correspond chaque échéance : Car si le second tour est un tour de prudence, le premier tour est un tour de conviction.

Quels sont les critères qui doivent déterminer le choix des électeurs parmi les candidats selon vous ?
Je pense qu’ils doivent plus que jamais être attentifs aux aspects liés aux questions de civilisation, je fais ici allusion à la présence de l’islam en France, aux libertés des familles et particulièrement celles liées au choix éducatif, mais aussi à la place de la France dans le monde : particulièrement en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du nord.

Quel portrait feriez-vous de vos challengers ?
Au fonds ce que je constate, c’est que tous mes concurrents proposent une consommation heureuse dans une société sécurisée. Je ne crois pas que cela soit l’horizon social qu’il faille viser. Je suis plus respectueux de l’identité française que cela. Le moment est venu d’être à nouveau fier de notre pays et cela va bien au delà de la question du pouvoir d’achat et de la sécurité. Il faut changer profondément notre logiciel. Je suis frappé par la façon avec laquelle on nous propose encore et toujours les mêmes recettes.  C’est le cas notamment de Nicolas Sarkozy, dont le programme comporte de nombreuses promesses anciennes qu’il n’a pas su appliquer quand il le pouvait.

Quels sont vos espoirs dans cette primaire ?
Je suis pour l’heure dans une attitude de premier tour, d’affirmation de ma volonté, quand le second sera plutôt une phase de conciliation. Pour le moment je défends mes convictions et souhaite ardemment que les Français adoptent la même attitude que moi. Nous verrons ensuite quelle opération de conciliation nous proposerons au second tour.

Le choix de Sens Commun de soutenir François Fillon vous semble-t-il motivé par la sagesse ou le calcul politique ?
Nous avons une différence d’approche. Sens Commun a décidé de choisir un candidat pour sa capacité à gagner (ce que je ne pense pas soit dit en passant) en désignant le projet le moins incompatible avec leurs convictions. Leur décision répond à une considération de second tour, motivée par la prudence.

Faut-il souligner que F. Fillon a activement participé au quinquennat de Sarkozy sans convaincre, tout comme N. Kosciusko-Morizet, A. Juppé, J.-F. Copé, ou encore B. Lemaire ? François Fillon désigne l’avortement comme un droit fondamental, ce en quoi je suis en profond désaccord, cela va de soi. La baisse de l’avortement doit devenir un objectif de santé publique pour lequel il faut engager des mesures.

Je plaide également pour que la famille soit remise au cœur des politiques publiques tandis que M. Fillon s’arrête à la redistribution des richesses. Sur l’abrogation de la loi Taubira, ma position est connue, je suis opposé à toute union des personnes de même sexe. À partir du moment où vous l’encouragez, vous niez la fondation de la société basée sur la différence des sexes. Vous acceptez qu’un enfant ne connaisse pas son père ou sa mère, et admettez de facto l’adoption pour les homosexuels ou la GPA. La seule solution est d’abroger la loi. Point sur lequel nous sommes en désaccord avec François Fillon. Puisque Sens Commun estime que son projet et le mien sont identiques, et compte tenu des désaccords majeurs que j’ai avec M. Fillon, j’en conclus que le programme de ce dernier est incompatible avec les valeurs de Sens Commun.

Nicolas Sarkozy est de nouveau mis en examen, est-ce, selon vous, un acharnement judiciaire ou un agenda prévisible ? 
Ça peut-être les deux. Je suis convaincu que la gauche ne reculera devant rien pour garder le pouvoir. Quand on emprisonne quelqu’un parce qu’il porte un t-shirt de la Manif pour Tous, on peut être capable de tout ! Quoi qu’il en soit, ce nouvel épisode judiciaire doit être réglé au plus vite pour entamer sereinement cette primaire.

Nicolas Sarkozy peut-il être un candidat sérieux malgré ce premier mandat non-concluant ?
Il a perdu les précédentes élections à cause de son style personnel et non sur la politique qu’il a conduite. Les français doivent être convaincus qu’il a changé sur le style. Reste la question de la sincérité de ce changement. Le fait qu’il sache ce qu’est être un chef de l’état, est un atout certain. Mais il faut reconnaître que nous n’assistons pas a un réel enthousiasme quant à son retour.

Le Conseil d’État a autorisé le port du burkini, est-ce une défaite civilisationnelle ou une forme de respect de l’État de droit ?
Ce n’est pas une défaite, le Conseil d’État ne pouvait pas statuer autrement. C’est une “bonne mauvaise” nouvelle, cela prouve qu’il existe en effet un état de droit. Cela démontre néanmoins que la France est démunie pour affronter l’islam radical. Je condamne cette vision de la laïcité qui entend supprimer toute expression religieuse pour résoudre les problèmes. Je m’oppose à toute proposition de loi visant à interdire le burkini. La réponse doit être culturelle, politique et non judiciaire. Il faut lancer un message extrêmement clair aux islamistes radicaux : notre pays n’est pas un pays multi-culturel. Certes nous constituons une nation accueillante et généreuse mais nous ne pouvons considérer que toutes les cultures se valent sur le territoire national.

Que vous inspire les confidences du Président de la République faites à des journalistes récemment ?
Pour être honnête je ne les ai pas lues parce que je n’ai pas le temps, mais aussi parce que je redoutais que cela me donne le bourdon. Il n’est pas au niveau et la France meurt de ça ! L’idée qu’il ait pu consacrer autant de temps (une centaine d’heures !) à des journalistes dans la situation actuelle m’est insupportable.

La situation en Syrie vous préoccupe-t-elle ? Y voyez-vous une issue ? 
Je demeure très préoccupé dans la mesure où je remarque que les tensions ne cessent pas. La bataille d’Alep s’éternise, comme celle de Mossoul en Irak, et pendant ce temps, les populations civiles souffrent le martyr. J’observe qu’au même moment, l’Occident ne cesse de bégayer et d’agir comme si les forces engagées sur le terrain contre Daesh étaient nos ennemis. Il serait grand temps que l’on donne un coup de main aux Russes et aux Syriens. Nous serons incapables de voir la situation clairement tant que nous chercherons de manière obsessionnelle une alternative à Bashar el-Assad.

Propos recueillis par Arthur Herlin. 

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