L’ordination d’un prêtre autochtone, un événement rarissime au pays des steppes.Lundi 29 août, Joseph Enkhee-Baatar disait sa première messe dans la cathédrale Saint-Pierre-et- Saint-Paul d’Oulan-Bator. “C’est un évènement historique” assure Mgr Wenceslao Padilla, préfet apostolique d’Oulan-Bator à Weltkirche katholisch.
“La rencontre de Dieu dans ces vastes steppes”
Le désormais père Joseph Enkhee-Baatar a grandi au cœur des steppes mongoles, dans la capitale de la province de l’Övörkhangai, Aimag. Modeste capitale puisqu’elle compte 20 000 habitants, dont 21 catholiques, dont le nouveau prêtre. Son évêque décrit un jeune homme précoce et studieux : “Il a voulu entrer au séminaire dès sa sortie de l’école”. Sa famille, ses amis et l’évêque lui ont tous conseillé de finir ses études d’abord, ce qu’il a fait. Après avoir obtenu son diplôme en biotechnologie à l’université mongole internationale, il est entré au séminaire de Daejon, en Corée du Sud, où il a commencé à apprendre le coréen avant d’étudier pendant huit ans.
L’enfant d’une “bébé église”
La nouvelle de cette ordination hors du commun s’est répandue dans les communautés ecclésiastiques “comme un feu de forêt”, selon l’expression de Mgr Wenceslao Padilla. Cette ordination signe la maturité d’une “bébé église”, d’à peine un quart de siècle. La Mongolie, de par sa position entre l’URSS et la Chine communiste, n’a reçu de missionnaire qu’à la toute fin du XXe siècle. L’Église mongole, qui compte 1 300 fidèles, est encore regardée comme une bête curieuse et ses faits et gestes sont scrutés par les autorités.
Une jeune pousse, aussi vigoureuse que fragile
Les catholiques mongols sont jeunes, entre 15 et 40 ans, et d’origine sociale modeste. Leurs compatriotes les voient comme des gens qui ont adopté une religion d’étrangers, et cette impression était, jusqu’à présent, renforcée par le fait que tous les membres du clergé venaient d’autres pays. Joseph Enkhee-Baatar a donc l’opportunité de changer le regard de ses compatriotes sur sa religion. Une opportunité qu’il a saisie dès son ordination, puisque parmi l’assistance se trouvait l’abbé Dambajav, directeur du monastère bouddhiste de Dashi Lin Choi. Il a offert au nouveau prêtre une écharpe traditionnelle bouddhiste dont les couleurs symbolisent le ciel et la pureté. Le secrétaire du moine bouddhiste a assuré à Asianews :”Nous avons de bonnes relations avec les catholiques, nous apprenons d’eux et ils apprennent de nous. Nous sommes heureux que l’un d’entre eux, un Mongol, devienne prêtre de cette Église”.