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Plaidoyer en faveur de la clause de conscience des pharmaciens

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Azur Guirec - publié le 31/08/16
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Une polémique met en émoi le monde des apothicaires. Que dissimule-t-elle ?“Ah ben, on a passé une bonne soirée, hein ? (…) Faudrait arrêter de se foutre à poil pour rien”. Telle aurait été la réponse d’un pharmacien à une jeune fille de 20 ans venue chercher une pilule du lendemain en urgence après une soirée trop arrosée.

Les médias se sont empressés de s’emparer de cette remarque — déplacée mais probablement caricaturée — pour mobiliser l’opinion générale contre une polémique lancée en juillet. L’objet de l’altercation : la clause de conscience des pharmaciens.

Le pharmacien est aujourd’hui en France le seul professionnel de santé qui ne dispose pas d’une clause de conscience. Ceci s’explique aisément : initialement, l’avortement était exclusivement pratiqué chirurgicalement, ainsi la clause de conscience ne touchait-elle donc que les professionnels et auxiliaires médicaux. Aujourd’hui l’avortement médicamenteux étant possible, les pharmaciens sont désormais concernés, et devraient donc logiquement en bénéficier aussi.

C’est pourquoi l’ordre des pharmaciens travaille actuellement sur une réforme du code de déontologie de la profession. Mais l’ajout d’une potentielle clause de conscience provoque une très vive contestation que certains médias français enveniment.

La légitimité des pharmaciens à refuser de délivrer certains traitements

Professions médicales comme pharmaceutiques se trouvent aujourd’hui confrontées à des enjeux qui dépassent le simple aspect thérapeutique, le fait originel de soigner, notamment avec les questions de bioéthique tels que l’avortement ou l’euthanasie. À cela s’ajoute par exemple l’usage de produits abortifs pour composer la pilule d’urgence, dite pilule du lendemain, ce qui pose problème à de nombreux pharmaciens.

La loi Veil est pourtant explicite sur ce point : “La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité (…)” (Article 1 de la loi Veil). Le médecin ou le pharmacien n’est par conséquent pas en tort lorsque, au nom de la vie, il refuse de pratiquer un avortement ou de délivrer un médicament abortif comme la pilule d’urgence.

Ajoutons à cela que, juridiquement, le pharmacien engage sa responsabilité lorsqu’il délivre un médicament : il est donc chargé de vérifier la qualité et le dosage du traitement. Il connaît par conséquent les effets scientifiques des pilules et produits abortifs qui sont la plupart du temps cachés à ceux qui y recourent. Indépendamment de l’avis moral du pharmacien, d’un point de vue strictement professionnel, celui-ci devrait se sentir obligé d’avertir la patiente de ce qu’est le traitement qu’elle demande.

Une pharmacienne d’officine, Sophie, témoigne ainsi : “De nombreux pharmaciens ressentent un profond malaise lorsqu’ils sont sollicités pour ces délivrances, particulièrement chez les mineures, puisque le dispositif d’anonymat, de non traçabilité et de gratuité ne leur permet pas de sécuriser l’acte pharmaceutique, d’assurer le bon usage, et en conséquence de promouvoir le respect de la santé de la patiente. (…) Il faut tout de même rappeler que les effets indésirables ne sont pas anodins : vertiges, céphalées, nausées, vomissements, métrorragies, accidents thromboemboliques et même grossesses ectopiques.”

Alors pourquoi batailler contre ce droit pourtant légitime ?

Refuser la clause de conscience aux pharmaciens et vouloir les forcer à délivrer toute sorte de pilule signifie bien plus que la simple volonté d’aider les femmes en difficulté.

Ce n’est pas au nom de la défense des femmes, ni au nom de leur liberté que de telles mesures sont prises : les femmes, mal averties des traitements qu’on leur délivre, sont utilisées comme prétextes à une volonté de réduction des naissances, une entreprise d’ordre finalement génocidaire.

Le fait de vouloir braver le droit d’objection de conscience, pourtant l’un des droits fondamentaux de la personne humaine, révèle l’ampleur de la manipulation adroitement dissimulée.

D’une part, le fait de vouloir interdire aux pharmaciens de refuser de délivrer la pilule du lendemain n’est pas justifiable puisque celle-ci peut être délivrée ailleurs (dans un centre de planification familiale, ou encore dans un établissement scolaire ou universitaire pour les jeunes filles, mineures ou majeures).

D’autre part, comme en témoigne Jean, pharmacien d’officine, “les conditions de délivrance des médicaments sont très encadrées, il y a peu de professions qui permettent une traçabilité aussi poussée, depuis la fabrication jusqu’à la délivrance des médicaments, avec l’enregistrement et le suivi du prescripteur et du consommateur final. Pour des raisons idéologiques, la pilule du lendemain, appelée aussi contraception d’urgence, échappe à toute cette réglementation”.

Mais pourquoi vouloir passer outre le droit d’objection de conscience, l’un des droits fondamentaux ? Pourquoi prendre de telles mesures d’exception pour les moyens abortifs ?

Le drame, c’est qu’il n’y a pas de raison valable.

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