Ryadh Sallem est un hyperactif : en plus de ses engagements associatifs, il dirige une société de production et poursuit une carrière de sportif.Arrivant à toute vitesse sur son fauteuil roulant, Ryadh Sallem capte très vite l’attention par sa présence énergique, son écoute bienveillante et ses mots qui ne sortent jamais au hasard. On pourrait croire qu’il a eu plusieurs vies, mais son emploi du temps surchargé est en fait son rythme de croisière. Adolescent agité, il s’est mis au sport très jeune. Depuis, il ne cesse de rafler des titres nationaux, européens et mondiaux en natation, basket-fauteuil et rugby-fauteuil.
En parallèle, il poursuit ses engagements associatifs et la direction de sa boîte de production, dans laquelle il embauche 80% de personnes en situation de handicap. Ceux qui croisent sa route restent rarement indifférents, ce qui explique la grande mobilisation autour de ses projets. Récemment, c’est au tour d’Alexandre Jardin d’en avoir fait l’expérience et Ryadh est aussi devenu un Zèbre (porteur d’une ou plusieurs Actions qui sont autant de solutions aux maux de la société française).
Aleteia : Quelles sont vos qualités ?
Ryadh Sallem : J’ai les qualités de mes défauts : passionné, utopique, avec un peu de caractère, j’aime les gens et la nature. Je suis beaucoup porté par l’espoir. Ma première qualité est d’être un optimiste qui respecte les pessimistes.
Comment décririez-vous votre foi ?
J’ai foi en ce que je fais et dans les autres. J’accueille les gens comme ils sont, je leur accorde ma confiance et c’est aux autres de la prendre ou non. Je crois en l’humain. Tous les jours, je m’adapte à mon handicap, qui est dû à un accident prénatal, les challenges sont plus nombreux à remporter. Cela m’a donné la valeur de la vie, nous sommes tous fragiles. S’il y a une guerre contre laquelle tout le monde devrait se mobiliser, c’est celle contre la maladie. Un combat noble que Mère Nature ou le Divin met sur notre chemin.
Quel regard voudriez-vous que les gens portent sur le handicap ?
À partir du moment où tu n’acceptes pas tes fragilités, que tu n’es pas en paix avec qui tu es, tu peux tomber dans l’héroïsme alors que c’est naturel. J’attends d’eux qu’ils ne se mettent pas en scène, d’abord. Ensuite, le regard est important. Si l’autre ne te regarde pas, tu n’existes pas. Chacun doit prendre conscience qu’il peut un jour connaître une situation de handicap.
Tu organises un festival, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est le Défistival, dont ce sera la 13e édition cette année. J’aime bien mélanger les personnes qui ont des différences et leur faire trouver leurs points communs. Être dans la mixité et dans le métissage. Entre sport, concerts, dialogues en humanité, art, dont des activités adaptées au handicap, chacun peut s’y retrouver. Un évènement qui se déroulera le premier week-end d’octobre au Champ-de-Mars.
Comment cela se passe-t-il avec les personnes handicapées dans l’entreprise adaptée que vous dirigez ?
Ceux qui ont un handicap psychologique peuvent être eux-mêmes. Nous avons un regard bienveillant qui fait qu’ils ne “pètent pas un câble”. Après, nous sommes une entreprise qui manage avec le cœur, le ventre et l’esprit. L’entreprise est adaptée à la vulnérabilité mais on n’est pas non plus un hôpital, une association et il faut qu’ils se souviennent pourquoi ils sont là. Je suis satisfait des résultats et crois qu’il y a un plus gros potentiel.
Comment réagissez-vous face à la différence des autres ?
L’autre arrive avec ce qu’il est. Je ne juge pas au départ, j’aime l’authenticité. Ce qui m’intéresse c’est le potentiel des personnes. Si elles ont eu une histoire difficile, le choix fondamental est de vouloir et pouvoir se performer. Mon curseur est la méchanceté. Si tu es méchant tu ne restes pas dans mon équipe.
Quel est votre défi ?
Rio, pour les jeux Paralympiques*, à l’occasion du championnat de rugby-fauteuil cet été !
Propos recueillis par Louise Alméras