“C’est le bon Dieu qui nous évite de perdre le nord !”.L’espérance est un remède aux impasses des prédictions humaines. À 33 ans, Côme est ingénieur en usinage dans la région Nantaise.
Pourquoi laissez-vous de la place pour Dieu dans votre vie ?
Côme : Je me demande surtout pourquoi je laisse encore des espaces sans Dieu dans ma vie ! Lors d’une dernière confession, je parlais avec le prêtre d’un de mes travers qui est d’être excessif en beaucoup de choses. Il m’a répondu cette phrase qui ne m’a pas laissé indifférent : “Le fait d’avoir besoin de choses matérielles avec excès et de manière quasi compulsive est une aspiration à remplir une sorte de vide intérieur”, or je me rends compte que seul Dieu peut combler cette béance. Plus ça va, plus je sens grandir en moi la nécessité de Lui laisser de la place. C’est comme un cercle vertueux. Je crois que Dieu se révèle à nous à condition qu’on ouvre nos cœurs, Il n’entre jamais par effraction. C’est par Lui que nous avons un formidable moyen de mieux nous connaître, pour devenir pleinement qui l’on est. C’est une sorte d’échange. Au début j’avais peur de ce qu’Il allait me demander. Et en fait, à mesure que j’ai pris mes responsabilités de père, associatives ou professionnelles, j’ai eu besoin de Dieu. Je sais aussi que la vie spirituelle est cyclique et lorsque je m’en éloigne, je sens un manque qui se crée et à nouveau je risque de tomber dans mes travers excessifs. Rien n’est figé !
Que signifie pour vous “avoir la foi” ?
C’est comme une porte d’entrée ouverte sur une recherche insatiable de Dieu. Quand on entre on ne voit pas tout du premier coup, alors ça invite à aller plus loin. C’est aussi comme la boussole dans l’aventure de la vie : c’est Lui qui me guide, c’est Lui qui m’évite de perdre le nord !
Avez-vous une action quotidienne pour Dieu ?
J’en ai une mais c’est de l’ordre de l’intime. De façon générale, j’essaye d’orienter chacune de mes actions sous le regard de Dieu. Avec ma femme nous cherchons à éduquer nos enfants pour Dieu, ce qui en soi est action perpétuelle pour Lui !
Qu’aimeriez-vous dire aux catholiques ?
Derrière cette question cela en amène une autre : “Qu’est-ce que j’essaye de me dire chaque jour ?” J’ai le souvenir que Jean-Paul II, pendant les JMJ de Rome à Tor Vergata, évoquait sainte Catherine de Sienne en rappelant une chose : “Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier !”. Juste avant cela, il demandait aux jeunes d’avoir une attention toute spéciale pour l’Eucharistie. Je crois qu’on ne peut pas faire autrement que ces deux choses, l’une et l’autre se font écho. Il ne s’agit pas forcément de faire de grandes choses, mais de faire de son mieux ce que l’on a à faire.
Pour vous, qu’est-ce qui sauvera le monde ?
Fondamentalement, c’est le Christ qui sauve le monde. La question qui suit est : “Comment coopérer à son action salvatrice ?”. Il y a sans doute un élément de réponse dans la notion de “relation”. Pendant le dernier pèlerinage des époux et pères de familles, le prêtre qui nous accompagnait a rappelé que les pèlerinages permettaient d’approfondir et de retrouver une vraie qualité de relation selon trois axes : la relation au Créateur, aux créatures (le prochain) et à la Création, puisque quand on est dans un pèlerinage, on marche pour chercher Dieu, avec d’autres et au milieu de la nature.
Quelle est votre plus grande peur ?
De prime abord c’est la peur de la mort. Mais avec la préparation au baptême pour notre troisième enfant, nous revoyons les conséquences de ce sacrement qui nous libère de la mort et cela m’aide à moins craindre cette ultime étape. Dans la règle de Saint Benoît (Chap. 4), il y a aussi un verset qui rappelle qu’il faut “avoir tous les jours la mort présente devant les yeux”. Alors même si c’est encore un peu vertigineux pour moi, d’une peur ça se transforme en une sorte de méditation qui oriente ma vie au quotidien.
Qu’est-ce qui vous rend heureux ?
Le jour de notre mariage j’ai ressenti comme un grand éclat de lumière. Avec mon épouse, nous avons été comme inondés d’une joie intense, une forme de plénitude. À la messe, être là tous les deux, face à Dieu, si près de l’autel, c’était merveilleux ; et je sais bien que la prochaine fois où je serai au même endroit dans une église ce sera pour mon enterrement ! C’était comme une injection de bonheur à haute dose que j’avais besoin de partager, d’abord avec ma femme, mais avec tous les gens qui m’entouraient aussi. C’est la prolongation dans le temps de cette grâce du mariage qui me rend heureux… et je me dis souvent : “Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’Il m’a fait ?” (Ps. 115, verset 12).
Quelle est votre vertu préférée et pourquoi ?
Il y a celle que je demande en priorité et qui est la Foi, mais celle qui m’éclaire le plus est l’Espérance. Elle est comme un remède aux tristes raisonnements limités et aux impasses des prédictions humaines. Derrière l’Espérance il y a l’innovation ! Tout est toujours nouveau avec cette vertu théologale. Elle est porteuse d’une joie qui ne demande qu’à être communiquée.
Quel est votre saint préféré et pourquoi ?
Saint Joseph sans hésiter ! Pour un père de famille, il est très éclairant et pour moi qui suis un grand bavard, je vois chez lui un homme silencieux, qui écoute et qui agit : c’est une vraie leçon. Sa vie pleine de courage est remplie de virilité. Il a quand même eu la chance d’avoir Jésus et la Vierge Marie à son chevet au moment de sa mort, c’est incroyable !
Quelle est votre prière préférée et pourquoi ?
L’angélus car c’est une prière qui rythme le temps et m’évoque ce dicton : À chaque jour suffit sa peine. Redire trois fois par jour que “Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous”, permet de recentrer sur l’essentiel. Rien que d’entendre les cloches des églises le sonner, ce sont aussi des instants précieux.
Propos recueillis par Sabine de Rozières