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Nos téléphones ont-ils anéanti toute réflexion ?

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Daniel Esparza - publié le 09/07/16
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Comment les smartphones ont bousculé les moments de contemplation du quotidien…“Trouver des moments pour consacrer sa pensée à la contemplation a toujours relevé du défi, puisque nous sommes sujets en permanence à diverses distractions”, affirme Nicholas Carr, auteur de The Shallows, en réponse à la note de Teddy Wayne publiée dans le New York Times.

“Seulement maintenant que nous portons avec nous constamment ces dispositifs multimédia, toute la journée, ces opportunités deviennent encore plus rares, pour la simple raison que nous nous retrouvons en position d’être distraits en permanence.”

La neuroplasticité (qui est la capacité du cerveau à changer et s’adapter à de nouvelles situations constamment), stimulée par la technologie, est une arme à double tranchant.

D’une part, par exemple, les jeux vidéos aident à améliorer la mémoire et la concentration pour les personnes âgées ; ils pourraient même augmenter la matière grise. Toutefois, ces capacités n’ont pas de lien avec le processus de réflexion. Concrètement, il s’agit de capacités qui ont un lien exclusivement avec la planification et la navigation spatiale.

Dans un monde où le téléphone et l’ordinateur ne sont presque jamais hors de notre portée, ne serions-nous pas en train d’éliminer l’introspection des moments où nous pourrions nous consacrer à cela ? Pas nécessairement ; ces moines reçoivent dans leurs téléphones, des intentions de prière.

Wayne écrit, “dans un monde où le téléphone et l’ordinateur ne sont presque jamais hors de notre portée, ne serions-nous pas en train d’éliminer l’introspection des moments où nous pourrions nous consacrer à cela ? Serait-il possible que la profondeur de cette réflexion soit menacée par notre accoutumance à rechercher la gratification immédiate de stimulations extérieures ?”.

Les chiffres ne sont en rien encourageants: un groupe de participants à une étude calcula qu’ils utilisaient leurs dispositifs électroniques au moins 37 fois au cours d’une journée (en incluant toutes les occasions où l’écran était allumé pour une raison quelconque). À leur grande surprise (ou déception), le chiffre réel se rapprochait davantage des 85 fois.

En 2010, les chercheurs du Wellcome Trust Center for Neuroimaging de l’University College à Londres, dirigés par le docteur Stephen Fleming, publièrent un article dans lequel était établi la corrélation entre la capacité introspective (comprenant cette capacité comme celle de mesurer sa propre mesure dans une tâche de perception visuelle, ou comme la capacité à “penser sur la pensée”) et la quantité de matière grise dans le cortex préfrontal.

Trouver des moments pour se consacrer à la pensée contemplative a toujours relevé du défi, puisque nous sommes sujets en permanence à diverses distractions.

Faisant usage de ces informations, Brian Maniscalco et  Hawkwan Lau ont publié, à leur tour, un nouvel article qui mesurait la capacité introspective tandis que les sujets de l’étude se concentraient sur une tâche ou se distrayaient avec une seconde tâche plus difficile.

La distraction avec la seconde tâche n’affectait pas la réalisation concrète de la première tâche, mais elle empêcha bel et bien que les sujets soient capables d’être introspectifs.

Cette trouvaille conforte les études antérieures qui indiquaient déjà que le fait de réaliser plusieurs choses en même temps diminue les performances cognitives.

Ainsi, en accord avec le docteur Fleming, il semble “raisonnable de penser” que si nous considérons que naviguer de par le monde est une première tâche (physique, comme lorsque nous marchons sans but précis, ou mentalement lorsque nous soupesons quelque chose), et que contrôler son téléphone est une deuxième tâche, cette dernière entrave notre capacité de réflexion.

“Le cortex préfrontal est bon pour réaliser une chose à la fois, explique le spécialiste. Si l’on soumet des personnes à un contexte où il y a deux tâches, une partie de la raison pour laquelle les choses se compliquent, est parce que la tâche secondaire interfère avec les fonctions impliquées dans l’introspection.”

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