Petite rétrospective sur le spécialiste de l’art du portrait.Encore trop méconnu du grand public, Seydou Keïta est considéré comme le père de la photographie africaine. Ses œuvres constituent des archives inédites de la société malienne de la fin des années 1940 à 1977.
Une jolie histoire
L’histoire de Seydou Keïta est une histoire comme on les aime. Alors qu’il est apprenti menuisier, l’adolescent reçoit un cadeau de son oncle qui va changer sa vie : un appareil Kodak Brownie. C’est tout de suite le coup de foudre, le jeune Seydou ne quitte plus son nouveau joujou. À force de clichés et d’essais, son appareil n’a plus de secrets pour lui. En 1948, cet autodidacte se jette à l’eau : il ouvre son studio à Bamako-Coura, un quartier très animé de la ville. Le succès ne se fait pas attendre, surtout auprès de la jeunesse en pleine émancipation. Seul, en couple, entre amis ou en famille, le tout Bamako se presse pour se faire dresser le portrait. On pose devant ses toiles de fond à motifs, où se fondent les wax des femmes. De jeunes dandys arborent solennellement leurs costumes occidentaux.
En 1962, lorsque le Mali devient indépendant, il est nommé photographe officiel du gouvernement et ferme alors son studio. Quand il prend sa retraite en 1977, il est une icône dans toute l’Afrique de l’Ouest. Il faut attendre les années 90 pour que son œuvre soit connu en Occident. Jusqu’à sa mort en 2001, il connaît un succès retentissant : son travail est exposé aux quatre coins du globe.
Un génie de la photographie
Les séances de Seydou Keïta suivent un protocole bien précis. Le papier étant cher et difficile à trouver, seule une prise de vue est nécessaire. Le photographe demande systématiquement à ses clients le type de portrait qu’ils souhaitent : trois quarts, buste ou en pied. Puis, vient le temps de la composition : Seydou cherche à magnifier le regard, à trouver la meilleure position des mains et des pieds, à capter la lumière parfaite. Tel un peintre portraitiste, il étudie chaque détail de ses œuvres. Comme il le confie dans une interview : “J’étais capable d’embellir quelqu’un. À la fin, la photo était très belle. C’est pour ça que je dis que c’est de l’Art”. Si ses photographies sont toutes en noir et blanc, ce n’est pas par choix mais tout simplement parce qu’on ne trouve pas de pellicules de couleur au Mali à cette période. Afin de valoriser au mieux ses sujets, il met à leur disposition tout un attirail d’accessoires : costumes européens, chapeaux, cravates, bijoux, vespa…tout est pensé pour répondre à la quête de modernité des Bamakois.
L’héritage photographique de Seydou Keïta est essentiellement constitué de ses négatifs. L’artiste n’a en effet conservé aucun de ses tirages d’époque : les seuls tirages récupérés ont été retrouvés pour la plupart abandonnés ou oubliés par des clients dans l’atelier de son encadreur.
Cette exposition est un petit bijou et une jolie découverte, n’hésitez pas, il ne reste plus que quelques jours !
Seydou Keïta, l’exposition jusqu’au 11 juillet 2016 au Grand Palais, 3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h.
Nocturne le mercredi de 10h à 22h.
Plein tarif : 10€ / Tarif réduit : 7€