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Mazel tov ! Juifs et chrétiens ensemble à Paray

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Mathilde Rambaud - publié le 28/06/16
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“Un événement qui rentre dans une démarche quasi prophétique : une nouvelle page est en train de s’écrire entre juifs et chrétiens.”Du 12 au 17 juillet prochains, juifs et chrétiens se donnent rendez-vous à Paray-le-Monial à l’occasion de la quatrième édition des rencontres “Découvrir le judaïsme, les chrétiens à l’écoute”. Près de 600 jeunes juifs et catholiques sont attendus dans la cité du Cœur de Jésus. Pour la première fois, ces cinq jours de rassemblement interreligieux se dérouleront dans le cadre des sessions organisées depuis 40 ans par la Communauté de l’Emmanuel. Le père Jean-Baptiste Nadler, auteur des Racines juives de la messe, fait partie du comité organisateur.

Aleteia : Que des jeunes juifs viennent ainsi participer aux sessions de Paray-le-Monial est une première historique…
Père Jean-Baptiste Nadler : C’est une première… et ce n’est pas une première ! Ce n’est pas la première édition puisque trois diocèses (Angers, Nantes et Rennes) ont déjà accueilli ces dernières années ces rassemblements réunissant de jeunes juifs et chrétiens. Ce qui est nouveau en revanche c’est son ampleur. L’évêque d’Autun, Mgr Benoît Rivière, voulait à son tour l’accueillir car l’amitié et le dialogue judéo-chrétien sont des sujets qui lui tiennent à cœur. Il a proposé à la communauté de l’Emmanuel de co-organiser et de d’accueillir ce rassemblement à Paray-le-Monial dans le cadre des sessions d’été. Nous ne partons donc pas de zéro !

La ville choisie, la cité du Sacré-Cœur de Jésus, n’a-t-elle pas été un frein ?
Vous savez, Paray-le-Monial ne dit rien à beaucoup de nos amis juifs ! Mais c’est le lieu où la communauté de l’Emmanuel est très présente : rien qu’en été, 30 000 personnes font le déplacement chaque année. Et c’est de fait devenu un lieu de vitalité pour les jeunes chrétiens, tout comme Taizé qui n’est d’ailleurs pas loin. Comme cette session de découverte du judaïsme a lieu pendant celle dédiée aux 25-35 ans, Mgr Rivière a eu l’intuition géniale de mettre en contact ces jeunes chrétiens qui viennent habituellement à Paray-le-Monial avec leurs frères juifs.

Comment les deux sessions – 25-35 ans et Découverte du judaïsme – vont-elles cohabiter ?
Les deux événements ont lieu exactement aux mêmes dates : de 2 500 à 3 000 personnes sont attendues et les deux sessions, bien qu’indépendantes l’une de l’autre auront lieu en parallèle et des ponts sont prévus. La grande conférence inaugurale, à deux voix avec le cardinal Barbarin et le grand rabbin de France, sera commune aux deux rassemblements. Une veillée commune sera également proposée autour de la figure d’Etty Hillesum, avec de la musique klezmer, du jazz juif. Les jeunes de la session 25-35 ans pourront s’ils le souhaitent participer aux ateliers de la session juive, à la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv et au clou de la session juive : le shabbat. Comme chaque semaine pour les juifs, il durera du vendredi soir au samedi soir, depuis son explication et sa préparation, l’allumage des bougies, les repas de fête, la prière de la synagogue et l’étude de la Torah, jusqu’à la sortie du shabbat le samedi soir.

Que répondre à ceux qui estiment que participer à ces cérémonies juives n’est pas compatible avec la foi catholique ?
Ce n’est pas du tout incompatible ! C’est tout à fait possible et je dirais même souhaitable. À titre personnel, à chaque fois que je me suis rendu à la synagogue de Tours pour y vivre le shabbat, j’ai par la suite mieux compris des éléments de la liturgie catholique. Pour vous citer un exemple, le vendredi soir, pour rentrer dans le shabbat, les juifs chantent une parie du Cantique des cantiques, ce chant d’amour entre le bien-aimé et sa bien-aimée ; plusieurs interprétations sont possibles : on peut le voir entre Dieu et son peuple, entre l’homme et la femme, entre le Christ et son Église…

“Shabbat” un nom féminin en hébreu. Pour les juifs, le shabbat est cette bien-aimée. Et c’est à cause de cet amour du shabbat que le juif cesse tout travail pour un temps de prière familial et en communauté, accueilli avec joie. Pour un chrétien, vivre cela et le comprendre peut changer une bonne partie de sa manière de vivre le dimanche : ne pas travailler, ne pas faire ses courses et surtout le vivre dans la joie. Comme nous y invitait Jean Paul II, redécouvrons “le sens du dimanche en allant puiser aux sources judaïques”.

Cette session se veut être une rencontre avec le judaïsme vivant et non un colloque universitaire sur les racines juives du christianisme ! Nous souhaitons que les jeunes croyants se rencontrent et se parlent, tels qu’ils sont aujourd’hui. L’Eucharistie sera célébrée tous les jours et les juifs seront bien entendu invités à y participer. Le leitmotiv de cet événement est vraiment la rencontre. Chaque jour, plus de 400 repas cacher seront servis pour que juifs et chrétiens puissent manger à la même table. Un catholique peut tout à fait manger cacher… c’est ailleurs très bon ! Et cela permet cette dimension assez prophétique de manger à la même table. Cela nous a d’ailleurs demandé beaucoup de travail de trouver un traiteur certifié cacher qui accepte de venir à Paray-le-Monial et distribuer 400 repas midi et soir !

Quels sont les fruits que vous espérez d’un tel rassemblement ?
Je suis persuadé que cette session est l’œuvre de Dieu et nul doute que les fruits dans les cœurs des participants dépasseront toutes nos espérances ! Deux points cependant : je prie pour que les chrétiens puissent d’avantage découvrir leurs propres richesses spirituelles et la profondeur de notre foi en découvrant les sources juives qui animent notre foi. On pourrait également parler d’un événement qui rentre dans une démarche quasi prophétique. Depuis une cinquantaine d’années, une nouvelle page est en train de s’écrire entre juifs et chrétiens, nourrie d’amitié et je dirais même de fraternité, de reconnaissance de fraternité. Juifs et chrétiens se redécouvrent frères après des siècles au mieux d’ignorance, au pire de persécution. Cela vient vraiment de Dieu et, j’en suis sûr, cette reconnaissance à a quelque chose à voir avec le Salut du monde…

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

Pour plus d’informations ou pour s’inscrire, rendez-vous sur le site de la Communauté de l’Emmanuel

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