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Comment célébrer la fête des pères quand on est une mère célibataire ?

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Katrina Fernandez - publié le 19/06/16
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Les enfants ont besoin de savoir que la paternité est quelque chose d’important, même si on préférerait nettement occulter cette fête.

Chère Katrina,

Je suis une mère célibataire et je déteste la fête des pères. Chaque année, cela me rappelle de manière douloureuse que le père de mon fils ne veut rien à voir avec lui depuis ses 3 ans. Aujourd’hui, il en a 11. À la messe, je me sens mal à l’aise quand on adresse un message de reconnaissance aux pères et que je vois la souffrance sur le visage de mon fils. C’est difficile dans ces moments-là de de ne pas ressentir de colère ou d’amertume. Je sais que vous êtes vous aussi une mère célibataire, et j’aimerais savoir comment vous gérez la situation. Est-ce que vous célébrez la fête des pères ?

Jessica

 

Chère Jessica,

Oui, je célèbre la fête des pères, et je pense que vous devriez en faire autant. Votre fils a besoin de savoir que la paternité est quelque chose d’important. Omettre cette fête, c’est lui envoyer le message inverse. Je sais à quel point c’est difficile de ne pas ressentir de colère ou de rancœur, vraiment, je sais. Mais ces émotions et ces sentiments sont toxiques pour votre enfant. Voici trois conseils pour bien appréhender cette journée, une sorte de guide pour célébrer la fête des pères en tant que mère célibataire.

N’ayez pas de rancœur

Même si vous avez l’impression que cette rancœur est justifiée et est causée par des circonstances indépendantes de votre volonté, il faut s’arrêter un instant et réfléchir à l’impact qu’a ce sentiment sur nos enfants et quel message cela leur renvoie, en particulier si ce sont des garçons.

Un enfant intériorise tout. Quand on dit du mal de l’autre parent devant lui, il le prend comme une critique personnelle. Il est l’enfant de son père, après tout.

Toute cette rancœur ne sert qu’à faire de nos filles des féministes anti-hommes et donne à penser à nos fils qu’une mère peut endosser le rôle du père. Ou alors ils se sentiront inutiles plus tard car ils auront entendu leur mère dénigrer la paternité.

La rancœur ne fait que perpétuer le cycle de l’abandon.

N’occultez pas totalement cette fête

Il est bon de mentionner et même de célébrer la fête des pères, même si le père de votre enfant est absent. Et même si vous pensez que ce n’est pas un bon père et qu’il ne mérite aucune forme de reconnaissance.

La fête des pères est importante parce que la paternité, les pères sont importants. Si l’on occulte totalement cette fête, on envoie à nos enfants le message inverse.

De toute façon, ignorer cette fête et éviter d’en parler avec vos enfants ne masquera pas l’absence de leur père. C’est comme quand on évite de parler de la maladie de la personne malade qui est en face de nous : elle n’en oublie pas pour autant qu’elle est malade.

Votre enfant ne va pas oublier que son père n’est pas là simplement parce que vous avez décidé de ne pas parler de lui. Le silence ne fait qu’accentuer le vide.

Comblez ce vide en faisant des remarques positives sur son père. Il doit bien y avoir une chose positive à dire, quand même. Pas besoin de donner beaucoup de détails. Vous pouvez dire que vous aimiez son sourire et son sens de l’humour ! Que vous le trouviez beau. Peu importe. Il a bien dû vous attirer d’une certaine manière à un moment donné.

J’ai vu de nombreuses femmes, blessées d’avoir été abandonnées, accablées par le poids de la séparation, effacer le visage de leur ex-compagnon des photos, essayer d’enlever toutes les preuves de leur existence dans leur vie. Ces réactions ne sont pas saines, même si vous n’avez pas eu d’enfant avec l’homme dont vous essayez d’effacer toute trace. Et elles le sont encore moins si vous en avez.

Votre enfant vous rappellera toujours cette relation et cette rupture, que vous le vouliez ou non, alors il ne faut pas laisser la rancœur s’installer. D’autre part, votre enfant a le droit d’avoir une relation avec son père. Une relation, même très distante, vaut mieux que pas de relation du tout. Donnez-lui des photos de son père. Encouragez-le à en parler, et encouragez-le aussi à prier.

Priez, toujours. Apprenez à vos enfants des prières simples, dès leur plus jeune âge, et encouragez-les à prier pour leur père, qu’il soit vivant, mort ou absent.

Valorisez la paternité

Il y a la paternité biologique, certes, mais il y a aussi la paternité spirituelle qui peut, elle, s’exercer par le biais d’une autre figure masculine. Un grand-père, un oncle, un autre adulte de la famille, un maître, un chef scout, un entraîneur, un prêtre : tous ces hommes qui exercent un rôle de mentor pour votre enfant méritent de la reconnaissance. Alors identifiez ces personnes, remerciez-les et valorisez ces relations qui font partie la vie de votre enfant.

Si votre enfant n’a aucune influence masculine dans sa vie, il est temps de remédier à cette situation au plus vite, surtout si votre enfant est un garçon.

À un moment donné, il faut accepter que vous ne puissiez pas pleinement expliquer à un garçon ce que veut dire être un homme, tout simplement parce qu’il vous manque la perspective masculine. Admettre que l’on ne puisse pas tout savoir en tant que parent et demander de l’aide dans des domaines qui sont hors de nos compétences n’est en aucun cas une forme d’échec.

Les garçons ne sont pas les seuls à avoir besoin de figures masculines dans leurs vies. Les jeunes filles ont elles aussi besoin de savoir que tous les hommes ne quittent pas leur femme et qu’il y a des hommes forts, loyaux et aimants.

Je sais que la tentation est grande, à cette période de l’année, de dénigrer les hommes car la douleur est trop profonde. Croyez-moi, je comprends. Mais quand on est un adulte responsable, qui plus est un parent, il nous incombe d’essayer de surmonter les difficultés de la vie. Vous ne voulez pas que vos enfants grandissent en croyant que la figure paternelle n’a aucune valeur, n’est-ce pas ? Vous ne voulez pas non plus que vos enfants se considèrent perpétuellement comme des victimes et ne se voient que comme des enfants abandonnés ?

Alors mettez votre colère et votre douleur de côté. Montrez l’exemple et célébrez la paternité !

Katrina Fernandez a une thèse en célibat, un master de “mère célibataire” avec spécialisation en “culpabilité catholique”. Elle écrit régulièrement sur ces thèmes ainsi que sur d’autres sujets importants depuis plus de dix ans. Vous pouvez lui poser vos questions par e-mail (en anglais) à katrinafixesitforyou@gmail.com.

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