separateurCreated with Sketch.

L’Enfance au fil des siècles

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Maëlys Delvolvé - publié le 31/05/16
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

Jusqu’au 3 juillet, le Musée Marmottan-Monet expose 75 chefs-d’œuvre de la peinture française, autour d’un thème rare et magnifique.À deux pas du jardin du Ranelagh, le Musée Marmottan-Monet est le lieu où le collectionneur Paul Marmottan hébergea jusqu’à sa mort en 1932 la collection de son père, enrichie de la sienne : un véritable petit bijou. Connue pour son admirable collection d’œuvres impressionnistes (dont le fameux Impression, soleil levant de Monet), l’institution réserve aussi de belles surprises lorsqu’elle se prête à l’exercice de l’exposition temporaire.

Depuis le 10 mars dernier, le musée propose un parcours chronologique autour des représentations de l’enfance dans la peinture française, à partir du XVIe siècle. Plusieurs grands noms sont au rendez-vous : Mignard, Chardin, Greuze, Millet, mais aussi Renoir, Berthe Morisot, Matisse et Picasso. Ces immenses artistes ont un point commun, chacun à leur manière, celui de célébrer l’enfance et de témoigner de la vision de l’enfant selon leur propre époque.

Quand l’histoire de l’art sert l’histoire

Cette exposition originale est construite sur un dialogue entre histoire et histoire de l’art. Au fil des salles thématiques, les œuvres viennent illustrer avec pertinence l’évolution du statut de l’enfant dans la société française. D’un monde médiéval où l’enfant est souvent laissé pour compte, et n’est présent qu’à travers la figure de l’Enfant Jésus, verbe incarné, nous passons à l’ère de l’Enfant-roi, où les portraits de dauphins, symboles de la continuité dynastique, fleurissent à partir de la régence d’Anne d’Autriche.

Au siècle des Lumières, l’enfant est au centre de toutes les attentions ; il acquiert un statut d’individu, et les traités sur l’éducation fleurissent (dont L’Émile de Rousseau, en 1762). Après la Révolution, l’affection des parents pour leurs enfants devient un sujet courant, et l’artiste s’immisce dans l’intimité des foyers pour immortaliser de beaux portraits de famille.

Le XIXe siècle voit naître deux figures profondément antinomiques : l’enfant-bourgeois, préservé des malheurs du monde par sa famille, et le fameux Gavroche, qui rejoint les insurgés sur les barricades en 1830, et dont Les Petits patriotes de Jeanron sont une superbe illustration. Introduites par des rappels historiques éclairants, les œuvres deviennent un témoignage vivant et émouvant de l’histoire.

La douceur de l’enfance

On se délecte aussi devant le prosaïsme des scènes rurales de Millet, comme son absolument charmante Précaution maternelle. Enfants des villes, enfants des campagnes ; il y en a pour tous les goûts ! Si dans les familles bourgeoises des villes, les parents insistent beaucoup sur l’éducation des enfants, souvent exercée par un précepteur, dans les campagnes, les mères sont plus présentes et s’occupent elles-mêmes de leurs rejetons.

Du côté des impressionnistes, l’enfance est heureuse et insouciante ; on joue, on se déguise, on se promène. En témoignent la savoureuse Enfant à l’oiseau de Renoir, ou les toiles de Berthe Morisot représentant sa fille, Julie Manet. Pourtant, au même moment, l’enfant des rues n’a pas disparu. Certains peintres, comme Fernand Pelez, dépeignent avec froideur et réalisme ces bambins dont l’enfance est violemment dérobée.

Le triomphe de l’Enfant ?

L’exposition se clôt autour de la fascination de certains artistes du XXe siècle pour les dessins d’enfants, dont Picasso est le plus représentatif. On connaît la célèbre phrase de l’artiste à propos de “la manière enfantine” : “Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphaël mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme eux.”

Ce parcours astucieusement agencé témoigne de l’attention toujours plus grande portée aux enfants depuis la fin du Moyen-Âge. Au-delà de l’homme-miniature, l’enfant est peu à peu considéré comme un petit être à part entière qui réclame une affection particulière. Ce sont ensuite la créativité des enfants, leur gaieté et leur naïveté qui sont exaltées, et les peintres du XXe siècle n’ont pas hésité à s’en inspirer.

Une très belle exposition, à voir avec vos charmantes têtes blondes !

 

affiche-exposition-l-art-et-l-enfant-musee-marmottan-sdp-green-hotels-paris-eiffel-trocadero-gavarni-1.jpg

Exposition L’Art et l’Enfant, chefs-d’œuvre de la peinture française au musée Marmottan Monet jusqu’au 3 juillet 2016 © Musée Marmottan Monet

Exposition “L’Art et l’Enfant, chefs-d’œuvre de la peinture française” au Musée Marmottan-Monet au 2 rue Louis Boilly, Paris XVIe.

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h

Plein tarif : 11 euros, tarif réduit : 6 euros.

 

 

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !