Le Pape attendait une ribambelle d’enfants pas comme les autres au terminus Samedi dernier.Ce samedi 28 mai, la gare du Vatican ouvrait ses deux monumentales portes de fer : cet édifice, plus symbolique que véritablement actif, n’est pourtant pas désaffecté. C’était en effet la troisième fois en trois ans qu’elle s’animait exceptionnellement, l’espace d’une journée, pour accueillir une ribambelle d’enfants rendant visite au Saint-Père. Cet événement annuel est une initiative du Conseil pontifical pour la culture et en particulier à sa structure le “Parvis des Gentils” créé pour favoriser le dialogue entre les croyants et les non-croyants.
Cette année, la visite était toute particulière : les 450 enfants venaient de Calabre en Sicile, de quartiers pauvres et appartiennent pour plusieurs d’entre eux à des familles de migrants réfugiés. C’est pourquoi cette fois-ci, le thème de la journée étaient “Porté par les vagues”, ce qu’exprimeront les dessins appliqués de beaucoup d’enfants.
Des centaines de ballons dans le ciel
Levés à 5 h de matin, les enfants entrent enfin en gare six heures plus tard. Parés de tee-shirts blancs et de casquettes rouges, ils descendent du train tout sourires, et attrapent les ballons blancs que leur tendent des bénévoles. Le cortège, en marche vers la maison Sainte-Marthe puis la Salle Paul-VI, lâche tout à coup ses centaines de ballons qui s’élancent comme des prières vers le Ciel.
Enfin le Pape arrive. Il commence par confier cette journée à Marie, en priant avec eux un “Ave, O Maria”. Puis, l’air grave et ému lorsque des enfants de Calabre lui offrent d’écouter un petit concert, il devine sans doute certaines histoires difficiles. Le morceau terminé, un enfant plus âgé que les autres, à peine majeur, prend la parole pour partager son histoire. Il a quitté le Nigeria avec ses parents, sur une frêle embarcation, il y a plusieurs mois ; ses parents, montés dans une autre barque, ne sont jamais arrivés jusqu’en Europe. Le rescapé a été baptisé il y a peu. Son regard, extrêmement grave, est celui d’un enfant qui a grandi trop vite, et les quelques mots qu’il adresse au Pape, très simples, suffisent à le manifester.
Le langage de la simplicité
Le Pape s’est assis, les enfants installés à ses pieds. Il leur parle, les fait venir à lui. Apprendre à partager, à donner, à ouvrir les bras. François s’adresse à des petits qui vivent en plein cœur de problématiques d’adultes. Il leur livre le message de l’Évangile à travers des exemples imagées, des histoires.
Le Saint-Père leur partage une expérience qui l’a grandement touché lors d’une audience : il sort d’un paquet un gilet de sauvetage qui a été refusé à une petite fille lors d’un naufrage, une enfant qui désormais “veille sur nous du haut du Ciel”. “Je ne veux pas vous faire de la peine, mais vous êtes courageux, vous connaissez la vérité”, ajoute François tout simplement. Les jeunes participants offrent au Saint-Père des dessins faits de leurs mains. La densité de cet échange naît du contraste entre la gravité de l’enjeu abordé et la joie enfantine et spontanée. Le Pape, supportant une charge si lourde, parle pourtant le même langage que celui des enfants : celui de la simplicité.
Un pique-nique rapidement avalé, les bambini s’en vont courir sous le soleil vaticanais, pour remporter chacun une médaille et gagner un petit goûter plein de surprises. À peine quatre heures après avoir posé le pied dans la ville du Pape, il est déjà temps de repartir. À 15 h, le train démarre et emporte avec lui tous ces petits enfants, à qui douze heures de train dans une même journée ne font pas peur, désireux de saluer le Pape et d’entendre ses mots de réconfort.