Ces “guerres justes” ont conduit à des débordements, des abus et des violences, dénoncés, dès le Moyen Âge, par de nombreux chrétiens et par les Papes !• 1. Au Moyen Âge, spirituel et temporel ne connaissent pas de séparation. La dimension religieuse imprègne les mentalités médiévales. L’homme médiéval croit en Dieu, ce qui ne l’empêche pas de rester pécheur, mais ne rend pas Dieu responsable pour autant des actes qu’il commet librement.
• 2. La croisade est un pèlerinage “en armes” vers les lieux saints dans un contexte de grande tension entre l’Empire byzantin et les Turcs seldjoukides. C’est une expédition militaire défensive entreprise à la demande du Pape, devant la dégradation des conditions du pèlerinage chrétien en terre musulmane.
• 3. À l’origine du succès des croisades, il y a la foi des croisés. Les croisades furent des expéditions dangereuses, incertaines, dont le butin était mince. Loin d’une version médiévale du rêve américain façon Proche-Orient, qui n’aurait séduit que les cadets de famille déshérités, le passage en Terre Sainte a été le lieu de convergence des élites de l’Europe chrétienne.
• 4. Pour autant, on ne conquiert pas son salut au fil de l’épée en croisade : la croisade n’est pas une obligation religieuse qui assure au chrétien un accès direct au Paradis. C’est une différence de fond avec le djihad musulman.
• 5. Les croisades sont indissociables de la puissance temporelle de la papauté ; ce qui n’a pas empêché le Pape de condamner sévèrement certains abus et notamment le détournement de la 4e croisade.
• 6. La violence des croisades doit se comprendre dans le contexte de mentalités médiévales nourries de récits de massacres bibliques et profanes, et habituées à côtoyer la mort. Elle relève aussi d’une culture tactique et guerrière spécifique, qui vient se heurter à un ennemi religieux d’un nouveau genre, l’islam, qui n’hésitait pas à faire usage de la force.
• 7. Les rapports entre chrétiens et musulmans pendant les croisades n’ont pas toujours été violents. Les moments de trêve ainsi qu’un code de la guerre commun ont permis la création d’espaces d’échanges, qu’il ne faut pas idéaliser, mais qui interdisent de voir les croisades comme une guerre des civilisations.
• 8. En plus d’être doublée d’un effort missionnaire, la violence des croisades n’a pas toujours fait l’objet d’un consensus. Des voix chrétiennes se sont élevées contre les abus des croisés, certains allant jusqu’à douter du bien-fondé de la défense de la foi par le glaive.