Dont pas un seul n’a été sélectionné sur la croisette…La 69e édition du festival de Cannes va débuter dans quelques jours, c’est l’occasion de vous proposer une sélection de cinq films à retenir pour l’année 2015. Un autre regard, parfois bien éloigné de la logique commerciale des blockbusters, pour mettre en valeur un cinéma au service du Beau.
Loin de la foule déchainée
Avec Charles Dickens, Thomas Hardy est peut-être l’un des romanciers britanniques les plus lus en France. Parmi ses œuvres les plus reconnues se trouvent Les Forestiers (1887) et Loin de la foulée déchainée (1874). Far from the Madding Crowd, dans le titre original, raconte le destin de Batsheba Everdene, jeune femme de la petite gentry anglaise qui hérite d’une imposante ferme. Relevant le gant seule, elle trouve un précieux secours en la personne de Gabriel Oak, qui n’a jamais été insensible à ses charmes. Mais les soupirants ne manquent pas… La plongée dans le decorum de la société britannique du XIXe siècle est toujours aussi féérique et Mathias Schoenaerts s’impose avec une justesse chez cet homme prêt à tout pour conquérir le cœur de Batsheba.
En équilibre
Résumé froidement, En équilibre pourrait être rangé trop rapidement dans la catégorie des films français sentimentalo-sociologiques que l’on s’empresse d’éviter. En bref ? Un cascadeur équestre se blesse gravement lors d’un tournage. Brisé psychologiquement, il se heurte alors à la glaciale salariée de compagnie d’assurance, chargée d’indemniser son dossier. De ce scénario “facile”, Denis Dercourt tire un film de haute volée grâce à la puissance de jeu de Cécile de France, lumineuse évanescente et d’Albert Dupontel, qui n’est jamais aussi bon que dans ces rôles de grand blessé, en équilibre … entre le cynisme et l’héroïsme. Un beau film où se déclinent toutes les teintes du bleu et toutes les nuances allant du sombre abattement à la résurrection par le dépassement de soi.
Une merveilleuse histoire du temps
Si Stephen Hawking passe pour l’un des esprits les plus brillants de notre époque, ce film n’est pas l’histoire de ses découvertes scientifiques et de l’ampleur de ses travaux. Il est avant tout le touchant récit de l’histoire d’amour qui le lia à Jane Hawking, qu’il rencontra alors qu’ils étaient tous deux étudiants. Un amour qui est assez rapidement mis à rude épreuve lorsqu’une grave maladie dégénérative est diagnostiquée chez Stephen. L’affaiblissement physique de Hawking croîtra dans le même temps que ses travaux se feront plus remarquables, rendant sa communication avec ses proches extrêmement réduite. Le film est particulièrement équilibré, sans la lourdeur qu’aurait pu impliquer un drame si dense. La démarche démiurgique de Hawking elle-même n’est pas occultée, lui qui s’est acharné à vouloir démontrer que la création de l’Univers pouvait être ramenée à une formulation mathématique …
Voyage en Chine
C’est certainement le film le plus difficile à défendre dans cette liste. Avouons qu’il s’agit peut-être d’un film de cinéphile, dans lequel on ne pénètre pas aisément. Une sexagénaire usée par la vie apprend le décès de son fils qui était parti il y a de nombreuses années en Chine, en rompant les amarres. C’est donc un corps sans vie qu’elle part retrouver dans cet Orient extrême dont elle ne connait rien. Un voyage d’une grande beauté. Beauté simple, des petits instants, beauté fragile, sans cesse menacée, qu’il faut savoir capter avant qu’elle ne s’évapore. Le grand tact du réalisateur, Zoltan Meyer, l’innocence désespérée d’une Yolande Moreau qui pense que la vie n’a plus rien à lui offrir et une musique qui est toujours là pour souligner la beauté des tableaux humains… tout concourt à faire de ce Voyage en Chine une perle. Perle sombre parfois, qui montre avec brillance la désespérante laideur moderne dans un univers où subsistent encore ici et là la beauté perdue d’une civilisation plurimillénaire.
Invincible
Louis Zamperini, petit rital chahuté par ses camarades dans l’Amérique des années 1920, apprendra très tôt ce que peux racheter un peu de souffrance consentie grâce à la boxe puis à l’athlétisme qu’il découvrira grâce à son frère ainé Pete. Engagé dans l’aviation américaine en 1941, l’avion dans lequel il se trouvait est abattu le 27 mai 1943 et s’abime en mer. Suivront de longues semaines de dérive et de difficile survie dans un canot rudimentaire, avant la captivité sous le joug japonais. Un drame particulièrement saisissant dans lequel on découvre toute la force de caractère de “Louis”. À noter : le soin apporté à la photographie, qui fait de chaque séquence un petit bijou pour les yeux et la performance de Jack O’Connell qui incarne Zamperini.