Antoine Besson, rédacteur en chef d’”Asie Reportages” le magazine d’Enfants du Mékong, nous raconte sa rencontre avec les chrétiens de la vallée du Mékong en Chine.Je rentre du Yunnan, région du Sud de la Chine dans laquelle le toit du monde se transforme en vallées vertes et accessibles. Au sud de l’Himalaya, des familles tibétaines vivent encore à la manière de leurs parents et de leurs grands-parents.
Depuis plus de cent ans, leur vie est la même, faite d’hivers rigoureux, du travail des champs à flanc de montagne, d’étés chauds, de la tristesse des décès et des joies des naissances. Dans ces vallées où le Mékong prend sa source, le temps ne semble pas avoir de prise.
J’ai eu la chance, dans ces montagnes, de partager le quotidien d’une famille durant quelques jours. Leur joie est à la mesure des difficultés de leur vie. À aucun moment pourtant, je ne les ai entendu se plaindre, accaparés qu’ils étaient par les réjouissances de l’accueil.
De cette famille j’ai appris ce qui se cache derrière les apparences de quiétude et de paix. Chrétiens, ils m’ont dit la persécution et l’abandon des missionnaires de leur région, dont certains sont enterrés en pleine forêt à quelques pas de la maison où je résidais.
Ils m’ont raconté également la persévérance de cette communauté qui a gardé comme un trésor les héritages de la foi transmis par ces héros des Missions étrangères de Paris (MEP) qui, “aux prix de bien des sacrifices, rachetèrent des esclaves, développèrent l’agriculture, nourrirent les affamés en temps de disette, construisirent des églises, mais aussi des ponts, des écoles, des dispensaires”, nous raconte l’historienne Françoise Fauconnet-Buzelin
Tout aussi héroïques, les villageois ont gardé, d’abord en cachette et aujourd’hui toujours avec une certaine crainte, la foi apportée par leurs frères d’Occident. Même en l’absence de prêtre, ils continuent de se réunir pour prier en communauté et tous les soirs, des cantiques tibétains sont chantés dans chacune des maisons qui portent fièrement la croix à son fronton.
Aujourd’hui, la nouvelle présence d’Enfants du Mékong, auprès de ces familles, impliqué pour les aider, pour soutenir la scolarité et l’avenir de leurs enfants est vécue pleinement comme une nouvelle page qui s’écrit de la relation unique qu’entretiennent les chrétiens de France et de la Chine tibétaine. Une fois de plus la fraternité fondée dans le Christ est plus forte que les idéologies qui veulent asservir l’homme à sa condition uniquement matérielle.