Plusieurs centaines de prêtres burkinabés et nigériens s’initient à l’accompagnement des fidèles face aux sectes et aux groupes ésotériques.Du 11 au 14 avril 2016, s’est tenue au Centre Zacharie Nikiema de Koupéla, la 29e Assemblée générale de la Fraternité sacerdotale du Burkina Faso et du Niger. Ils étaient plus de 300 prêtres à avoir effectué le déplacement pour s’initier à l’accompagnement des fidèles aux prises avec les sectes et les groupes ésotériques. D’où le thème de la rencontre ainsi libellé : “Le ministère d’écoute, de délivrance, de guérison et d’exorcisme au service de l’exorcisme”. Ils avaient à leurs côtés leurs pères évêques et archevêques.
Les abbés Bernard Désiré Yanogo de l’archidiocèse de Ouagadougou et Baudouin Poda du diocèse de Diébougou ont fait prendre conscience à leurs confrères du danger que représentent les sectes et groupes ésotériques pour les fidèles de l’Église d’une part, et de l’autre, de la nécessité de combattre celles-ci par l’exercice du ministère d’écoute, de délivrance, de guérison et d’exorcisme, selon les recommandations du Christ : “Prenez garde qu’on ne vous abuse. Car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : “C’est moi le Christ”, et ils abuseront bien des gens” (Mt 24, 4-5).
Il est temps de prendre conscience de la dangerosité des sectes
Ainsi, l’abbé Bernard Désiré Yanogo s’est appuyé sur les conclusions des assemblées provinciales sur les sectes ésotériques de l’année précédente, pour donner aux participants une large vision panoramique des sectes et groupes ésotériques. Son travail a consisté concrètement à enrichir ces conclusions par l’analyse de nouvelles sectes et une lecture théologique qui ont débouché sur de nouvelles suggestions. Pour lui, il est temps que les pasteurs prennent conscience de la dangerosité de ces groupes ésotériques et autres sectes qui essaiment nos villes et villages, faisant des ravages parmi les fidèles chrétiens qu’ils détournent de la foi. De son avis, “l’une des principales causes de la situation est la non satisfaction des attentes des fidèles qui s’en vont dans les sectes, notamment la soif de la parole de Dieu et le besoin d’écoute”.
Par voie de conséquence, quand on parle de sectes, nous devons faire aussi notre mea culpa, surtout les pasteurs de l’Église. Car cela veut dire qu’ils n’ont pas été capables de poursuive l’œuvre du bon berger. Souvent les chrétiens finissent dans les sectes parce qu’elles veulent sentir la chaleur et le soutien humains, qu’ils n’ont pas trouvés dans leur communauté d’origine. Il est vrai que la plupart de ceux qui finissent dans les sectes sont des gens qui vivent en marge de la vie de l’Église, sans se préoccuper de connaitre mieux et de cultiver leur foi chrétienne, et cela certes, ne dépend pas seulement des pasteurs de l’Église. On peut donc fendre la poire en deux. Encore faut-il en prendre conscience et adopter, à cet effet, l’attitude appropriée. Et la rencontre de Koupéla entrait dans ce cadre.
Exorcisme et évangélisation
Quant à l’abbé Baudouin Poda, il a rappelé combien le ministère de l’écoute, de la délivrance, de la guérison et de l’exorcisme est inhérent à l’évangélisation. Foi de l’abbé Baudouin : “Si l’on enlève les passages des évangiles où Jésus opère des guérisons, libérations et exorcismes, il n’en reste presque plus rien”. Ce qui insinue par-là que les pasteurs doivent savoir que ce ministère fait partie intégrante de leur mission. En somme, il n’est pas marginal, ni quelque chose qui vient s’y ajouter fortuitement comme un cheveu dans la soupe.
Comme il fallait s’y attendre, leurs communications ont suscité des questions et des débats fort riches qui ont levé inquiétudes, zones d’ombre et appréhensions chez les participants. Les pasteurs ayant pris conscience des défis auxquels ils sont confrontés, parfois sans le savoir, sont repartis très déterminés dans cette croisade contre l’esprit du mal et ses suppôts déguisés en anges de lumière. Car l’on n’est pas sans savoir que les sectes et les groupes ésotériques, au départ, se montrent bons, mais au finish, conduisent leurs adeptes à l’abattoir pour ne pas dire à la mort.