L’Abbaye-école de Sorèze est devenu le magnifique écrin dédié au grand nom de la tapisserie du XXe siècle.Dom Robert, de son vrai nom Guy de Chaunac-Lanzac, né en 1907 à Vienne, est aujourd’hui considéré comme un des maîtres de la tapisserie contemporaine. Débutant sa formation artistique à l’école des Arts Décoratifs de Paris, il travaille ensuite aux Tissus Ducharne. Sa vocation artistique et religieuse trouve son plein épanouissement à l’abbaye bénédictine d’En Calcat, à Dourgne dans le Tarn où il entre en 1930 avant d’être ordonné prêtre en 1937. Son coup de foudre pour la nature qu’il admire aux environs de Carcassonne se transforme en une espèce de révélation qui le conduit à dessiner. Il réalise toute une série d’aquarelles qui, révélées par Jean Lurçat de passage au monastère en 1941, vont devenir des cartons puis des tapisseries. Après plusieurs années passées en Angleterre, il revient à En Calcat où il se met à produire sans jamais s’arrêter. En 1994, une mauvaise chute dans un escalier lui fait arrêter toute activité. Il décède à l’abbaye d’En Calcat entouré de ses frères moines en 1997.
Un musée à l’effigie de la tapisserie
Depuis avril 2015, un espace muséal de 1 500 m2 lui est enfin entièrement dédié au sein de la célèbre Abbaye-Ecole de Sorèze, classée monument historique. Située à 40 km de Carcassonne au pied des contreforts de la Montagne Noire, l’abbaye fut érigée en 754 et développa, au XVIIe siècle, un programme d’enseignement à l’attention des gentilshommes de la province. Érigée au titre d’École Royale militaire sous Louis XVI, son rayonnement devient international avant qu’elle ferme définitivement ses portes en 1991.
L’ouverture de ce nouveau musée vient conforter un site patrimonial déjà extrêmement porteur avec plus de 145 000 visiteurs par an. Il présente une impressionnante collection constituée de 60 tapisseries, 2000 dessins et cartons mais également 35 tapisseries d’autres artistes tels Jean Lurçat et Marcel Gromaire. Tous deux ont, par leur art, participer au renouveau de la tapisserie d’Aubusson dont le savoir-faire technique est inscrite au patrimoine immatériel de l’Humanité depuis 2009.
Le monde végétal et animal de Dom Robert
Il y a plusieurs mois, dans le sillon de l’Encyclique Laudato Si du Pape François et la COP21, la cathédrale Notre-Dame de Paris a exposé plusieurs tapisseries de Dom Robert pour mettre en lumière son amour pour la nature. Si vous l’avez manqué, vous avez toujours l’occasion de visiter ce nouveau musée ! Les œuvres de Dom Robert, colorées et foisonnantes, exaltent à merveille la faune et la flore de la Montagne Noire et dévoile l’attachement qu’il a eu toute sa vie pour le monde végétal et animal. Les titres poétiques qu’il choisissait sont éloquents de cette veine d’inspiration : L’Arbre qui chante, L’Herbe qui lève, La Clef des champs…
“Dans une tapisserie, on se promène … Une promenade sans but précis, on se plait à flâner. Un détail vous conduit vers un autre, un rouge mène à un bleu. Tout d’un coup, on découvre un oiseau, un écureuil qui voulait se cacher, on en cherche d’autres comme on va aux champignons, le même plaisir qu’en un sous-bois, une sorte de jeu de cache-cache. (…) En somme, la tapisserie est davantage un art du temps … Art du temps par sa facture aussi, art de longue patience …” Dom Robert.
Très bientôt, une exposition sur Jean Lurçat au Mobilier national vous dévoilera un autre grand nom de la tapisserie contemporaine. À suivre…
Musée Dom Robert , ouvert du lundi au dimanche, sauf le mardi.
D’octobre à mars : 14h – 17h30
D’avril à septembre : 10h – 12h30 et 14h – 18h
Tarif plein : 8 € / Tarif réduit : 6 €