Dans un pays où le gouvernement maintient les chrétiens sous pression, la Résurrection a été fêtée avec ferveur, sous le regard des caméras.L’Ouzbékistan est placé 15e sur l’indice de persécution de l’organisation Portes Ouvertes. La majorité musulmane représente 95% de la population pour 5% de chrétiens, en majorité des russes orthodoxes, mais aussi des protestants et une petite communauté de catholiques. Les chrétiens sont soupçonnés par le gouvernement d’être des dissidents politiques, d’ailleurs la possession de livres religieux est punie d’amendes sévères, et les mouvements religieux sont surveillés de près. En particuliers, les mouvements évangéliques protestants, qui proposent l’Évangile aux musulmans.
Baptêmes au cœur de l’Eurasie musulmane
Tous les voisins de l’Ouzbékistan sont des pays à large majorité musulmane. Il n’y a pas historiquement de population catholique dans ce pays, mais des personnes issues de diverses origines, déportées au temps de l’URSS ou fuyant un pays en guerre. Elles composent cinq paroisses d’une étonnante diversité. Pour preuve, la messe de Pâques a été dite en quatre langues : en russe, en anglais, en coréen et en polonais ! La célébration a duré plus de quatre heures, mais “personne n’était fatigué” assure Mgr Jerzy Maculewicz, administrateur apostolique d’Ouzbékistan. “En fait, à la fin de la liturgie, la plupart des fidèles sont restés pour bavarder”, assure-t-il. Durant la veillée pascale, douze adultes de 15 à 65 ans ont été baptisés. Lors de la messe du lendemain, c’est un groupe d’enfants qui a été baptisé à son tour. “Ce fut un beau moment (…) J’ai dit aux nouveaux catholiques : à partir d’aujourd’hui, une vie nouvelle commence, vous recevez de nouveaux cœurs purs. Vous serez sur le chemin d’une vie meilleure. Bien sûr, elle ne sera pas sans problème, mais Dieu sera avec vous.”
La télévision d’État suit la cérémonie
La toute jeune église catholique d’Ouzbékistan, née après la chute de l’URSS, étonne et intéresse manifestement, puisque quatre chaînes de télévision d’État ont souhaité retransmettre la veillée pascale. Cela peut sembler paradoxal, au regard de la très grande méfiance que les autorités manifestent à l’égard des chrétiens par ailleurs… Mais la présence de cette minorité religieuse sert à démontrer la nature laïque de la nation, revendiquée par le gouvernement ouzbèke. Tant que les catholiques sont ultra-minoritaires, et qu’ils concernent essentiellement des étrangers, ils ne sont pas perçus comme une menace.