Lapins Lindt, œufs Kinder et cocottes en chocolat : c’est le trio délicieusement cliché et régressif que l’on a tous en tête au sortir des fêtes de Pâques. Et pourtant, il y a bien une vie chocolatée en dehors des supermarchés : les talentueux Chefs Pâtissiers des plus beaux palaces aussi généreusement pourvu les cloches de Pâques en œufs plus extraordinaires les uns que les autres !
Là où un Karl Lagerfeld impose chez Chanel un sens de la coupe irréprochable et des détails raffinés, ils déploient eux aussi la vision d’un directeur artistique en pensant leurs œufs de Pâques comme de véritables collections Haute Couture. Leurs points communs avec cet univers ? D’abord un sens de l’héritage, avec des clins d’œil ultra visuels à l’histoire du palace dont ils sont résidents. Ensuite, un savoir-faire artisanal où le geste a toute son importance : au Shangri-La, des écailles chocolatées sont posées à la main, au Park-Hyatt Paris Vendôme, le travail de sculpture s’apparente à celui d’un maître joaillier. Tour d’horizon de ces œuvres d’art gourmandes commercialisées en édition très limitée...
Au Prince de Galles, le jeune pâtissier Nicolas Paciello offre un bel hommage à l’univers Art Déco de son hôtel. Habillée de feuilles de citronniers en chocolat noir de Madagascar 64% de cacao dorées à l’or fin, la surprenante coque de « l’œuf » évoque les deux bronzes qui trônent à l’entrée du Palace. Elle renferme un Angel Cake, ce gâteau ultra aérien d’inspiration asiatique. Parfumé au citron de menton, il crée un contraste saisissant avec l’amertume du cacao. Une création limitée à 30 exemplaires à effeuiller avec gourmandise.
Au Park-Hyatt Paris Vendôme, on devine l’influence des maisons de joaillerie qui entourent le palace. Le pâtissier Fabien Berteau exécute un vrai travail d’orfèvre avec une création inspirée des œufs de Fabergé, qui l’ont fasciné lors d’un récent séjour à Saint Pétersbourg. Il signe un bijou de raffinement aux précieux tons dorés, réalisé en chocolat noir cubain à 70% de cacao.
La création 2016 du Shangri-La séduira les plus rêveurs d’entre nous. La trilogie Le Hobbit, Harry Potter ou encore la série Game of Thrones ont ancré dans nos esprits un univers très fort autour du dragon. C’est tout un imaginaire qui se déploie à la vue de cet « Œuf de Tian-Long », ou « Dragon du Ciel », la première création du Chef Pâtissier Michaël Bartocetti pour le Shangri-La Paris. Composé de plus de 200 écailles posées à la main pendant 1h30 et recouvertes d’un voile d’or, cet œuf est surtout un bel hommage à l’héritage sino-français du Palace, dont les murs abritèrent la demeure du Prince Bonaparte.
Au Peninsula, Pâques a des allures arty. Ici aussi, l’inspiration vient de la Chine, sous l’influence du restaurant cantonais de l’établissement, le « Lili ». La création ultra graphique du chef Pâtissier Julien Alvarez en offre une vision résolument moderne, avec un étonnant labyrinthe de chocolat rouge poudré. Dans les saveurs, l’Asie est évoquée par une nougatine au sésame, un praliné noisette au riz soufflé et des fruits secs torréfiés et caramélisés.
Quittons Paris pour la plage avec l ‘Œuf Plume, création tout en légèreté de Pascal Pochon, maître chocolatier et pâtissier des Thermes Marins de Saint-Malo. L’onirisme est encore une fois au rendez-vous avec une coque recouverte de plumes délicates. Elles symbolisent les hirondelles de mer qui effectuent chaque année leur migration sur les côtes bretonnes. On est l’espace d’un instant transporté dans un cocon aérien où se déploient les saveurs d’un chocolat blanc parfumé à la vanille. Coup de cœur pour ce petit bijou poétique qui ose casser les codes du genre en jouant la carte de la blancheur et de la pureté.
Sortons maintenant des palaces pour faire une digression du côté des maîtres chocolatiers. Chez Jacques Génin, l’approche n’est pas celle d’un sculpteur ou d’un orfèvre mais celle d’un peintre. Si Beaubourg devait s’incarner dans un œuf de Pâques, ce serait dans l’un de ceux-là. Un mélange de couleurs pop habille les coquilles de chocolat noir, peintes à la main par Corinne Jam dans un style très Pollockien.
Achevons notre périple pascal en Provence, où comble du luxe, la Chocolaterie Puyricard a caché l’équivalent de 2,50 carats de diamants taille brillant (Maison Pellegrin & Fils) dans 10 pièces de son Œuf en série limitée. Après l’œuf de Fabergé du Park Hyatt Paris Vendôme, on découvre ici une autre facette de la Russie. Chacune des 100 pièces réalisées ont été gravées au porte plume sur une feuille d’or 24 carats. L’artiste Sophie Mocquillon a créé un motif raffiné évoquant à la fois les plantations de cacao et le travail que l’on retrouve sur les œufs émaillés russes.
On touche au luxe ultime avec ces 7 pièces d’exception destinées aux esthètes au portefeuille bien rempli : comptez tout de même de 79 à plus de 120 euros pour avoir le privilège d’offrir un œuf de luxe à vos convives.