L’initiateur de ce voyage est Thierry Mariani, député de la 11e circonscription des Français de l’étranger. "Départ demain à Damas, avec 4 autres députés, pour la messe de Pâques avec les Chrétiens de Syrie et soutenir ceux qui combattent Daesh", a-t-il tweeté vendredi avant son départ.
Arrivés le 26 mars et accueillis sur place par l'association al-Karma*, les députés n’ont eu ni les bénédictions du Quai d’Orsay pour partir ni celles du gouvernement, qui dénonce toute visite auprès du président Bachar el-Assad. Justement, le député a indiqué à l’AFP qu’un "nouveau rendez-vous avec le président syrien n’est pas exclu". La célébration pascale sera un "temps fort", a-t-il ajouté, "outre les rencontres religieuses et culturelles, ce déplacement sera l’occasion de rencontres avec le monde politique et de s’informer sur la situation militaire dans le pays", écrivait-il auparavant dans un communiqué. Ses compagnons de voyage sont Valérie Boyer, Denis Jacquat, Michel Voisin et Nicolas Dhuicq, auteur d’une nouvelle proposition de résolution "invitant le gouvernement à demander la levée des mesures restrictives imposées par l’Union européenne à la Syrie". L’association SOS Chrétiens d’Orient très active sur place, n'est pas loin de la délégation.
Rétablir des contacts avec l’État syrien
Le député Mariani s’était déjà rendu là-bas en novembre dernier, toujours en tête de cortège et avait loué "l’efficacité" de l’intervention russe pour la lutte contre le terrorisme. On comprend que depuis le retrait du gros des forces russes décidé par Vladimir Poutine le 14 mars, la situation appelle à la prise de mesures et au dialogue. Le Président russe avait en effet estimé que "les objectifs poursuivis par cette intervention avaient été largement atteints". Le président syrien a fait savoir de son côté que « la décision [avait] été prise conformément à la poursuite du cessez-le-feu" et que "la Russie [s'était] engagée à poursuivre son soutien à la Syrie dans son combat contre le terrorisme". Le député socialiste Gérard Bapt, parti en Syrie en février 2015 et président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, a jugé vendredi que "l’Union européenne et la France devaient rétablir des contacts avec l’État syrien" pour participer au "climat positif" initié par le retrait partiel des forces russes.
La présence des députés à Damas pour juger de la situation et prendre le pouls des chrétiens du pays en plein week-end de Pâques se veut un symbole. En effet, elle évoquera inévitablement dans l'esprit des observateurs avertis le mystère pascal. Quand la mort et la résurrection du Christ sont signes de rédemption pour tous les hommes, l'interruption puis la reprise de ces relations fragiles entre deux nations, mêmes ténues, augurent peut-être de la paix retrouvée entre de si nombreuses factions qui se mènent une guerre sans merci depuis cinq ans.
Les pourparlers de paix entre le régime syrien et l’opposition supervisés par l’ONU, doivent reprendre à Genève autour des 9 et 10 avril.
* Une organisation non gouvernementale culturelle syrienne, tournée vers la reconstruction et le rayonnement du pays. Fait notable, ses fondateurs sont presque tous francophones.