Une nature évoluant conformément à la théorie darwinienne paraît contredire l’harmonie de la nature créée ou la présence de Dieu à travers sa Création. Selon Darwin, l’évolution des espèces s’explique par le double jeu du hasard et de la nécessité : une espèce connait des modifications minimes à chaque génération, les individus bénéficiant des modifications favorables survivent et se reproduisent. Les autres meurent. Donc, seuls les mieux adaptés survivent, les autres disparaissent. Cette théorie a été confortée par la découverte de l’ADN au XXe siècle, donnant naissance à la « théorie synthétique de l’évolution », qui intègre l’ADN à cette explication : ce sont des modifications génétiques aléatoires qui expliquent l’évolution du vivant.
… D’où vient alors la perfection de la nature ?
Cette explication de l’évolution de la vie a engendré des réactions épidermiques, dès le XIXe siècle. Et pas seulement pour des raisons religieuses, il y a aussi quelque chose d’inconcevable à ce que la beauté et l’harmonie de la nature puissent s’expliquer par ce qui apparaît comme le contraire du hasard, de l’indéterminé. Comment croire, par exemple, que l’œil humain dans son incroyable complexité soit issu d’un processus hasardeux ? Cédric Grimoult, auteur de Créationnismes : Mirages et contrevérités, explique : « Personne ne peut croire qu’un singe qui taperait aléatoirement sur une machine à écrire puisse rédiger les œuvres complètes de Shakespeare ! » Mais ce n’est pas ce que croit Darwin, précise-t-il. Il faut comprendre qu’à chaque génération, depuis l’origine de la vie, de nouveaux caractères sont introduits, et que seuls ceux qui sont aptes à la survie continuent l’aventure.
Comment apprendre à un singe à taper du Shakespeare ?
Cédric Grimoult reprend l’exemple du singe et de la machine. Certes, il n’arrivera jamais qu’un singe tapant au hasard parvienne à écrire le moindre livre. Mais si le singe est immortel, et si régulièrement, à chaque nouvelle génération, un professeur passe et ne conserve que les morceaux de mots qui permettent de composer les œuvres de Shakespeare, il n’est plus inconcevable qu’au bout de trois milliards d’années le singe parvienne à écrire Hamlet et consorts… Le « professeur » imaginé dans l’exemple précédent serait la sélection naturelle, qui élimine les inaptes, qui meurent sans descendance et conserve les autres, qui survivent.
La nature est remarquable, pas parfaite
L’un des signes de la valeur de cette interprétation, c’est que les adaptations du vivant à son environnement sont remarquables, et non pas parfaites. Par exemple, si la fourrure blanche de l’ours polaire est un camouflage efficace, utile pour ce prédateur, c’est aussi une couleur qui capte mal la chaleur et l’oblige à compenser avec une couche de graisse et de poils. De même, pour les humains, notre bipédie, récente, est l’un des facteurs qui expliquent que nous souffrions aussi facilement de mal de dos !
… Mais rien ne dit que la nature agisse « au hasard »
Pourtant, Cédric Grimoult rejette en bloc l’argumentation de ceux qui prétendent déduire de la théorie de l’évolution la preuve que la nature agisse « au hasard », ce qui revient à dire qu’elle n’agit pas, qu’elle est essentiellement chaotique. « Les matérialistes qui s’appuient sur la théorie de l’évolution pour démontrer que Dieu n’existe pas font fausse route », assure-t-il. La seule chose que l’on peut conclure, c’est qu’il y a de l’indétermination dans la nature, ce qui n’est en rien incompatible avec l’existence d’un Dieu !