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L’anneau de Jeanne d’Arc a-t-il vraiment été retrouvé ?

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Arthur Herlin - publié le 08/03/16
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Certains experts doutent de l’authenticité du précieux bijou de la Pucelle d’Orléans.Il y a une semaine le parc du Puy du Fou s’offrait pour plus de 370 00 euros aux enchères, un anneau présenté par la maison de vente londonienne Timeline Auctions comme appartenant à Jeanne d’Arc. Mais est-il vraiment authentique ? Plusieurs spécialistes s’interrogent. À commencer par l’Historial Jeanne d’Arc à Rouen dont le service de presse a indiqué que le musée “ne se positionne pas” car son “comité scientifique”, composé notamment d’universitaires, “n’a pu certifier l’authenticité” de l’anneau, rapporte L’Express.

Dans une interview accordée au pure player Boulevard Voltaire vendredi 4 mars, Philippe de Villiers affirme pourtant que “l’histoire de cet anneau est toute contenue dans le procès de Jeanne d’Arc (…), une pièce centrale du procès”. “Pendant tout le procès, on interroge Jeanne d’Arc pour savoir d’où vient cet anneau et à quoi il correspond”, soutient l’ancien homme politique, avant d’ajouter maintes précisions : “Cet anneau, répond-elle, lui a été donné à l’occasion de sa première communion par son père et sa mère. C’est un petit anneau en laiton sur lequel sont inscrits les noms de Jésus et Marie. Elle le porte par plaisance et pour l’honneur de sa famille, je la cite. Elle dit un moment qu’il a touché sainte Catherine lors de ses apparitions, qu’elle le regardait avant chaque bataille, et que dès qu’elle traversait une ville, les pauvres venaient chercher auprès de cet anneau quelques consolations.”

“Aucune des données que présente Philippe de Villiers ne figure dans les textes du procès”

Des affirmations qui laissent dubitative Marie-Véronique Clin, historienne spécialiste de Jeanne d’Arc et élève de Régine Pernoud. La doctorante de troisième cycle sur les sources de l’histoire de la Pucelle et ancienne directrice du Centre Jeanne d’Arc à Orléans, affirme que l’anneau en question n’est presque mentionné nulle part dans les textes du procès. “J’ai parcouru les minutes du procès, les interrogatoires publics comme secrets. Aucune des données que présente Philippe de Villiers n’y figure, seul apparait le fait qu’elle le baisait en l’honneur de son père et de sa mère. Dans le reste du procès on n’en parle pas”, conclut l’historienne.

Un avis que partage en partie le docteur en Histoire médiévale et spécialiste de Jeanne d’Arc, Olivier Bouzy. Il a exprimé ses réserves au micro de France Info vendredi 4 mars : “Il y a une contradiction majeure entre l’anneau vendu et la description faite de la relique par Jeanne d’Arc elle-même”, considère-t-il. “Elle décrit un anneau en cuivre (en réalité, de laiton, ndlr) alors que celui qui a été vendu est en vermeil (silver-gilt selon la notice de Timeline auctions). Elle affirme aussi lors de son interrogatoire que ce même anneau était tombé entre les mains des Bourguignons.”

Deux anneaux

Selon les reliquats du procès passés au crible par le journaliste François Miclo pour le site Tak.fr, Jeanne n’avait pas un mais deux anneaux. “C’est un cadeau de ses parents, Isabelle de Vouthon et Jacques d’Arc” comme le mentionne Philippe de Villiers. “Il est fait d’un métal jaune, mauvais or ou laiton et porte l’inscription “Jhesus Maria” ainsi que “trois croix”.

WEB RING JOAN OF ARC © © TimeLine Auctions

© TimeLine Auctions

“C’est ici la description exacte de l’anneau acheté par le Puy du Fou à Londres”, souligne François Miclo. Mais le problème est précisément là : selon le témoignage de la sainte, cet anneau lui aurait était volé par les Bourguignons lors de sa capture et n’était déjà plus en sa possession quand s’est ouvert son procès. Par conséquent, ce ne peut être celui que lui a volé l’évêque Cauchon pour l’offrir au cardinal anglais Henry Beaufort : un anneau surmonté d’une pierre nous apprennent les minutes du procès. Impossible donc que l’anneau qui rentre en France soit authentique, aux dires de Jeanne d’Arc elle-même !

L’enquêteur de conclure : “La bague vendue à Londres par Timeline Auctions en février est si conforme à la description de la bague subtilisée par les Bourguignons à Jeanne d’Arc que l’hypothèse d’une pure forgerie ne peut être ici définitivement exclue”. Impossible n’est pas français, lui répondra peut-être Philippe de Villiers…

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