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Angela Merkel, la Turquie et les réfugiés : le délicat billard à trois bandes

ANTALYA, TURKEY - NOVEMBER 16: Turkish President Recep Tayyip Erdogan (R) holds a bilateral meeting with German Chancellor Angela Merkel (L) on the sidelines of the G20 Turkey Leaders Summit on November 16, 2015 in Antalya, Turkey. Volkan Furuncu / Anadolu Agency

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Jules Germain - publié le 04/03/16
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On peut appeler ça de la Realpolitik. Ou du pur désespoir. Dans tous les cas, il s’agit d’un jeu dangereux.Angela Merkel s’est, selon Steffen Zimmermann de katholisch.de, mise dans une dépendance fatale vis-à-vis de la Turquie. Celle-ci semble en effet pour la chancelière allemande le dernier espoir pour résoudre la crise migratoire et ramener à des chiffres raisonnables à court terme le nombre de réfugiés qui entrent sur le sol européen. Alors que les critiques sur la gestion de la crise des réfugiés deviennent de plus en plus fortes en Allemagne et qu’une solution européenne à la crise apparaît de moins en moins vraisemblable, Angela Merkel semble s’accrocher à la Turquie comme à la dernière branche qui lui reste.

Une dépendance à Ankara extrêmement problématique

La Turquie d’aujourd’hui, celle de 2016, n’est plus cette démocratie émergente qui voulait, il y a encore quelques années, jouer un rôle clé dans le dialogue entre une Europe à l’héritage chrétien et les États musulmans du Proche et Moyen-Orient. La Turquie d’aujourd’hui semble en revanche nous conduire tout droit vers l’abîme. Le président Tayyip Erdogan hésite comme Vladimir Poutine entre la folie des grandeurs et la paranoïa de se croire persécuté. Celui qui a pu apparaître comme un rassembleur et un signe d’espérance pour la Turquie semble s’être transformer en un sultan idolâtre de lui-même et divisant considérablement la société turque. La position de la Turquie dans la guerre en Syrie est également extrêmement ambigüe : ses attaques impitoyables contre les Kurdes peuvent nous laisser présager le pire pour l’avenir.

La seule chose qui est certaine, c’est que la Turquie semble être prise de vertige et hésitante quant à sa stratégie et à ses orientations pour l’avenir. Or, c’est justement à ce moment que la chancelière Merkel place ses espoirs dans ce pays et débloque 3 milliards d’euros avec Bruxelles comme un préalable et la promesse d’accélérer le processus d’intégration à l’Union Européenne. C’est un mauvais signal donné au mauvais moment. Erdogan et sa cour ne devraient pas se voir comblés alors que leurs pratiques contredisent de plus en plus des valeurs qui sont justement fondamentales pour les Européens.

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