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Éduquer son enfant : les multiples visages de l’abandon

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Orfa Astorga - publié le 01/02/16
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Des formes multiples, dissimulées mais qui peuvent se révéler non moins traumatisantes.

Abandonner un enfant, c’est le laisser sans l’attention ni le soin dont il a tant besoin, en en faisant un être désemparé, sujet à des troubles quasi irréversibles au plus profond de lui.

Certains parents auront recours aux justifications les plus élaborées, faisant ainsi de leurs cœurs une forteresse encore plus imprenable. Un tel acte va à l’encontre de l’humain puisque c'est un rejet de l’amour comme le plus grand des dons. Manifestation vile de l’égoïsme et de la lâcheté d’une personne incapable d’un amour véritablement personnel.

De nombreux parents n’abandonneraient jamais leur enfant sur le pas d’une porte, certes. Mais l’abandon peut prendre de multiples formes détournées qui se sont immiscées dans de nombreuses consciences sous couvert d’acceptabilité. Si engendrer est facile, viennent ensuite les longues années nécessaires pour élever l’enfant dans l’amour en faisant preuve d’abnégation et de sacrifice. Un risque de déni d’amour qui prend des formes innombrables.

Les déclinaisons possibles

Lorsque Monsieur et Madame Réussite, trop occupés à atteindre à leurs objectifs personnels, n’ont pas de temps à consacrer à leur enfant. Car le temps c’est de l’argent : dès lors, comment en consacrer à l’autre, même s’il s’agit de son propre enfant ? S’en suivent différents subterfuges : les pauses familiales que l’on va distiller ci et là, les gadgets électroniques en tous genres, les établissements scolaires les plus onéreux avec horaires de 7 h à 19 h, activités extra-scolaires obligent.

Lorsque le temps que le parent doit à son enfant est investi ailleurs, que ce soit à la salle de sport, aux fêtes en société, laissant le soin de son éducation à Internet, la télévision ou la grand-mère.

Lorsque les grands-parents, justement, se voient confier l’enfant car "ils prendront bien soin de lui et l’aiment beaucoup".

Puis à l’adolescence, lorsqu’on envoie son enfant en internat à l’étranger, car on estime qu’il est plus important d’apprendre une langue étrangère que de l’accompagner dans une étape cruciale pour son développement, où il a le plus besoin d’affection et de proximité.

Lorsque l’enfant se transforme en la carte de visite de ses parents. Seuls ses résultats scolaires en feront un être acceptable en société. Sa réussite ? Une insertion sans accro sur le marché du travail, CDI et tutti quanti, très bien rémunéré cela va de soi. Bref, un bon parti qui trouvera une jeune fille de bonne famille le moment venu. Le héros malgré lui du roman qu’auront imaginé ses parents.

Lorsqu’on oublie que la véritable éducation se conjugue seulement avec le verbe être, et non pas avoir, savoir, faire. Lorsqu’on refuse d’écouter, de comprendre et de communiquer pour aider l’enfant à se frayer son propre chemin dans la vie en toute liberté, quelle que soit la vocation qu’il ait choisi pour s’épanouir.

Lorsque les parents en conflit utilisent leur enfant comme un punching-ball dans leurs disputes.

Lorsque les parents divorcent et se disputent la garde des enfants, comme s’il s’agissait de la maison ou de la voiture, sans envisager tout le mal qu’ils leur font.

Lorsque l’enfant aide ses parents dans l’entreprise familiale, au point qu’il est seulement considéré comme un truchement utile, productif, rentable.

Lorsqu’il devient un exutoire facile face à des parents incapables de gérer par eux-mêmes les pressions de la vie.

Lorsque les parents ignorent que leur plus grande valeur est de savoir aimer, d’accueillir l’enfant uniquement pour ce qu’il est. Qu’un tel amour structure la personnalité de l’enfant en harmonie grâce à un effet d’identification de l’enfant à ses parents, et aux expériences vécues ensemble.

C’est justement là que tout se joue : pour le meilleur ou le pire, les parents seront toujours le principal référent de l’identité de leur enfant.

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