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Nuit des Témoins 2016 : “Priez pour que nous soyons forts dans la foi”

29 Janvier 2016: Messe en la cathédrale Notre-Dame de Paris à l'occasion de la huitième nuit des témoin de l'AED (Aide à l'église en détresse).Mgr Jeanbart, Syrie Archevêque d’Alep. Mgr Patrick Chauvet. Mgr Coutts, Pakistan Archevêque de Karachi, Président de la Conférence des Évêques du Pakistan. Paris (75), FRANCE.

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Aude de Beaux-Songes - publié le 30/01/16
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Vendredi 29 janvier, avait lieu à Notre-Dame de Paris la première soirée de l’édition 2016 de la Nuit des Témoins, une initiative de l’Aide à l’Église en détresse. Un succès rempli d’espoir. “Tous les jours il se passe quelque chose d’horrible dans le monde, massacres, attentats, exodes. À force de les voir, les images de ces nouvelles nous immunisent, ces atrocités deviennent un vague bruit de fond. Car en fin de compte que peut-on y faire ? C’est impossible de verser de l’argent à toutes les organisations qui en ont besoin. Alors on soupire et on passe à autre chose, notre cœur se durcissant davantage au passage. Ce qu’on oublie, c’est que la prière peut tout. Son pouvoir est infini. Et en plus, elle est gratuite. C’est pour ça que j’étais là ce soir, pour soutenir tous les chrétiens qui souffrent par la prière, car ça, c’est à ma portée”, dit un jeune homme en sortant de la cathédrale Notre-Dame de Paris où avait lieu hier soir la première Nuit des Témoins 2016.

“Merci pour votre présence et votre prière”

Des propos qui confirment l’appel lancé par les jeunes réfugiés irakiens dont s’occupe, à Erbil et Ankawa, Sœur Lika Marooki. “Nous avons besoin de vos prières, de votre soutien. Merci pour votre présence. Que Dieu vous bénisse tous et donne la paix à la France, l’Irak et le monde entier.” Dans la cathédrale bondée, en partageant cette demande, la religieuse dominicaine n’a pu retenir ses larmes avant de réciter le Je vous salue Marie en araméen. Avec les sœurs de son couvent, comme tous les chrétiens de Qaraqosh, elle a dû fuir, le 6 août 2014, lorsque Mossoul est tombée aux mains de l’État islamique.

Réfugiée à Erbil, elle tente de redonner de l’espoir à ceux qui ont tout perdu. Vivant les uns sur les autres, les familles n’en peuvent plus. “On a mis sur place une école, trois jardins d’enfants, un centre médical mais ce n’est pas assez. Pour que tous les enfants aient au moins trois ou quatre heures de cours par semaine, il faut faire un roulement. Les moyens manquent.” Elle a aussi monté une chorale et enseigne la catéchèse, mais pour aller d’un endroit à l’autre les transports coûtent une chers. En 10 ans, 90% des chrétiens d’Irak ont quitté le pays, passant de 1,5 million à 150 000, la situation est donc catastrophique.

Mgr Coutts, Mgr Jeanbart, Sœur Lika Marooki et le père Aurélio Fernandez sont tous les quatre venus rendre témoignage de ce que vivent les chrétiens de leurs régions.

“Nous vivons en permanence en état de tension mentale”

“Au Pakistan, la persécution ne vient pas de l’État, mais en grande partie de la société, dont la mentalité est en train de devenir de plus en plus islamique, influencée par des forces extérieures comme les talibans ou Daesh”, déclare Mgr Coutts, président de la conférence des évêques du Pakistan. Face aux lois de la Charia introduites sous Zia (dictateur de 1977 à 1988), dont le peuple demande de plus en plus l’application, le gouvernement craint d’agir à cause des problèmes politiques qui pourraient résulter. Dans un pays musulman à 95%, il est par conséquent facile de s’en prendre aux minorités, dont les chrétiens font partie. “Comme chrétiens nous vivons en permanence en état de tension mentale. Nous passons notre temps à nous demander où aura lieu la prochaine attaque.”

Mgr Coutts termine par cette exhortation. “Priez pour nous, pour que nous soyons forts dans la foi, et que nous puissions continuer à témoigner de l’Amour et servir ceux qui nous entourent. Quand je rentrerai au Pakistan je raconterai à nos catholiques ce que j’ai expérimenté ici, comment vous et les chrétiens du monde entier, vous priez pour nous. Votre prière et solidarité nous donnent de la force.”

En Syrie, l’éradication systématique de toute une civilisation

Alors que l’Union européenne débat actuellement à Strasbourg pour savoir s’il faut qualifier de “génocide” les massacres perpétrés à l’encontre des chrétiens d’Irak et de Syrie, Mgr Jeanbart, évêque d’Alep, ne mâche pas ses mots. “La liste des dégâts serait bien longue si je devais relater tout ce qui arrive depuis cinq ans dans cette malheureuse Syrie. On peut parler d’une éradication systématique de toute une civilisation, de tout un patrimoine. On peut penser aussi à un plan de destruction systématique prémédité, visant à éliminer tout ce qui constitue la richesse de ce pays. C’est une grande catastrophe qui nous frappe impitoyablement. Nous nous trouvons confrontés à de grands périls, peut-être même à une fatidique disparition.” C’est le cri poignant d’un homme qui voit mourir son pays, d’un évêque qui voit périr ou fuir ses brebis.

L’esclavage est une chose normale pour l’EI

À ceux qui pensaient l’époque de l’esclavage depuis longtemps révolue, le père Antonio vient témoigner du contraire. Dans le Sud-Soudan, majoritairement chrétien ou animiste, lorsque les hommes sont tués au combat en défendant leurs villages, leurs femmes et leurs enfants sont enlevés puis vendus à des marchands. Une manière pour les militaires de percevoir leur salaire. Les mercenaires conduiront ensuite les captifs sur des marchés où ils pourront être revendus au plus offrant. Un commerce qui se fait impunément entre le Soudan, le Tchad, l’Égypte, la Libye, l’Arabie saoudite et d’autres pays encore.

“Les femmes sont utilisées pour les travaux ménagers, les jeunes filles pour répondre aux besoins du seigneur et les garçons pour travailler dans les camps ou avec les animaux. Nous avons déjà racheté 800 enfants mais ce n’est rien, car il y en a des milliers. Les plus jeunes, quand on les récupère, ne sourient jamais, ni ne regardent dans les yeux car ils ont grandi en tant qu’esclaves. C’est alors un long travail pour leur faire comprendre qu’ils sont libres et que l’on prend soin d’eux.”

Entre ces récits interpellants, le nom des religieux et religieuses, martyrs pendant l’année 2015, est égrainé. Tous les participants sont ensuite invités à déposer une bougie à côté du visage des disparus, au pied du Saint Sacrement exposé. “On ressort de là étrangement heureux, le cœur plus ouvert, ébranlé par ce que l’on a entendu et touché de voir que tant de monde s’est déplacé.”

Vous pouvez encore apporter votre aide à L’Aide à l’Église en détresseSOS Chrétiens d’Orient, et à L’Œuvre d’Orient.

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