Résidant aux Philippines depuis plus de dix ans, le Père Martin Cui espère bientôt rentrer dans son pays natal pour aider l’Église de Chine à se réunifier.Le Père Martin Cui est né en 1984 dans la province du Hebei au nord est de la Chine. Dernier d’une fratrie de trois, il grandit dans une famille traditionnelle qui le pousse à devenir prêtre. “Une catéchiste avait mis dans la tête de ma mère et de ma tante qu’elles devaient chacune offrir un fils à Dieu, c’est comme ça que ma vocation est née.” Lui veut devenir journaliste et voyager dans le monde entier, mais il entre quand même au séminaire pour se former. En 2004, son évêque lui demande de partir pour Manille aux Philippines alors que lui n’a toujours pas de certitudes sur sa vocation. “C’était des sentiments mélangés. Parfois je me disais : si Dieu m’a envoyé aux Philippines, c’est pour devenir prêtre mais parfois j’avais envie de devenir professeur. J’ai prié, j’ai fait une retraite et j’ai senti qu’il fallait rester au séminaire.”
“Une fenêtre ouverte sur l’Église de Chine”
Il y a deux ans, il est ordonné diacre puis prêtre à Manille. Alors qu’il s’apprête à rentrer pour servir son pays, on lui annonce en avril 2014 qu’il doit rester deux ans de plus aux Philippines pour un nouveau ministère initié par l’évêque de Manille dont l’objectif est d’enraciner l’Église de Chine aux Philippines. “Concrètement, je prends soin des prêtres et des sœurs qui viennent ici pendant deux mois pour se renouveler.” Il compare cette expérience à “une fenêtre ouverte sur l’Église de Chine, une manière indirecte de l’aider.” Après douze années passées à l’étranger, il aimerait maintenant rentrer chez lui car la Chine “a vraiment besoin de prêtres”. “Mais je sais maintenant que mon plan n’est pas forcément celui de Dieu !”
Dans son pays d’origine, il observe que les prêtres ne sont pas seulement chargés de leur ministère, mais doivent aussi négocier avec le gouvernement et évangéliser. “Aux Philippines, on se focalise sur un ministère et une paroisse, alors qu’en Chine on est entouré de non croyants. Il y a beaucoup de travail, les prêtres sont occupés 24h/24.” Bien que les statistiques restent difficiles à vérifier, on estime qu’il y a en Chine entre 10 et 12 millions de catholiques, soit à peine 1% des 1,3 milliards de Chinois.
“Si je dis que j’appartiens à l’Église officielle ou clandestine, je divise déjà.”
Conformément à la lettre rédigée par Benoit XVI en 2007 aux catholiques de Chine, le Père Martin parle d’une seule Église. “Si je dis que j’appartiens à l’Église officielle ou clandestine, je divise déjà.” Il reconnaît pourtant que le pouvoir chinois utilise un groupe gouvernemental pour contrôler tous les religieux, les rendre indépendants de Rome et les mettre au service du parti communiste. Les répressions, plus particulièrement contre les “clandestins”, n’ont jamais cessé, malgré des progrès en matière de liberté religieuse.”C’est ce qui rend le service en Chine très compliqué. Ceux qui sont liés à Rome ne veulent pas interagir avec le gouvernement, alors ils se cachent et sont traqués.” Selon lui, il faut faire un effort pour négocier avec le gouvernement qui est très puissant tout en restant en communion avec le Pape. “C’est ce que font la majorité des prêtres chinois. Et c’est ma ligne directrice à moi aussi.”