Alors que la France subit la plus forte baisse annuelle de fécondité depuis 20 ans, les associations familiales mesurent le “ras-le-bol” des familles sous la pression fiscale.Les réformes de politique familiale pèsent de plus en plus sur les familles : abaissements successifs en 2013 puis 2014 du plafond du quotient familial, réforme du congé parental, mise sous conditions de ressources des allocations familiales… Pour en mesurer les effets, les Associations familiales catholiques ont commandé un sondage exclusif IFOP vérifiant le niveau d’acceptation de ces réformes et leur impact sur le niveau de vie des familles. Le résultat est criant : c’est un “burn out” ou, pour le dire en français, un “ras-le-bol” massif.
Une politique inefficace et nocive
Selon ce sondage réalisé du 4 au 7 janvier par l’IFOP pour les AFC, une large majorité de Français, quelle que soit leur sensibilité politique, désapprouve la politique familiale du gouvernement. Ils la jugent à la fois inefficace économiquement et nocive pour la natalité :
“- 79% font état d’un profond “ras-le-bol” fiscal en ce début d’année, et 76% de nos concitoyens estiment que la politique fiscale pénalise fortement les familles. Ce sentiment est partagé par 64% de l’électorat de la majorité gouvernementale ;
– 83% des Français vont jusqu’à penser que l’une des mesures phares de l’année 2015, à savoir la mise sous conditions de ressources des allocations familiales, n’est que le premier pas vers une voie d’économie budgétaire à bon compte du système de protection sociale… puisqu’elle porte en risque son extension à d’autres prestations (assurance maladie par exemple).”
L’extinction des familles nombreuses ?
Alors que l’INSEE vient d’enregistrer la plus forte chute de la natalité française depuis 20 ans (Viva Presse) avec une nette accélération de près de 3% sur les 11 premiers mois de 2015 (Europe 1), 1 Français sur 2 et 62% des parents de deux enfants ou plus voient dans la politique familiale du gouvernement un contexte qui découragerait l’accueil d’un nouvel enfant, notamment du “petit troisième”, réduisant le nombre de familles nombreuses. Cette politique met en danger le renouvellement des générations (l’indice de fécondité est passé de 2,01 à 1,96 enfants par femme, sensiblement sous le seuil de renouvellement des générations qui est de 2,1) et l’équilibre de notre régime de retraites.
“Les mesures présentées par le Gouvernement sous l’angle de la justice ne sont, in fine, que des mesures d’économies budgétaires qui ne bénéficient même pas aux familles les plus modestes, les rendant d’autant plus inacceptables, commentent les AFC. Et ce d’autant qu’elles prélèvent directement dans le budget de la branche famille alors même que celle-ci est la seule qui ne soit pas structurellement déficitaire.”
Des remises en cause répétées et massives
Notons que l’Union nationale des associations familiales (UNAF, aconfessionnelle) fait le même constat : les remises en cause répétées et massives de la politique familiale ont fini par entamer la confiance des familles : “La stabilité de la politique familiale est un paramètre essentiel pour que les parents et futurs parents se projettent dans l’avenir et concrétisent, avec confiance, leurs projets familiaux”, constate notamment l’UNAF.
Les AFC demandent un débat national
Les AFC, qui ont déposé un recours devant le Conseil d’État contre le décret d’application de la mise sous conditions de ressources des allocations familiales, proposent qu’une véritable loi de programmation familiale soit mise en œuvre. À cette fin, elles demandent l’ouverture d’un débat national impliquant le mouvement familial et les partenaires sociaux. “Un débat national d’envergure qui, aujourd’hui, n’existe pas.”