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Les Femen vont-elles disparaître en 2016 ?

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Marie Lorne - publié le 23/01/16
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Sarah Winter, fondatrice des Femen au Brésil, a demandé pardon aux chrétiens pour ses actions. En France, depuis 2014, de nombreuses ex-Femen françaises critiquent un mouvement qu’elles jugent sectaire et dictatorial. Il ne fait pas bon d’être Femen en ce début d’année 2016. Après avoir publié un livre cet été, “Vadia, Nao !” Sete vezes que fui traída pelo feminismo, (Pas salope ! Sept fois trahie par le féminisme), Sarah Winter, fondatrice des Femen au Brésil, a demandé pardon aux chrétiens pour ses actions passées dans une vidéo YouTube et sur son profil Facebook. Loin d’être les seules critiques du mouvement, ses révélations s’inscrivent dans un ras-le-bol général des Femen, dénonçant l’aspect sectaire du mouvement, spécialement en France. En février 2015, Eloïse Bouton, présente lors du happening à Notre-Dame, publie un livre Confession d’une ex-Femen. En 2014, d’autres Femen comme Nathalie ou Alice dénonçaient ce qu’elles appelaient une “dictature” et une “secte”.

Depuis 2013, les Femen choquent au-delà des croyants

Le 17 février 2013, les Femen entraient dans Notre-Dame de Paris et frappaient les cloches en hurlant “Pope no more”. Le 5 avril 2013, un drapeau salafiste était brulé devant la Grande Mosquée de Paris. Le 20 décembre 2013, Éloise Bouton simulait un avortement à la Madeleine. Gravissant à chaque fois un cran dans le scandale, les Femen ont choqué au-delà des croyants, jusqu’aux athées. Le point de rupture ? L’action à Notre-Dame pour Galia Ackerman, journaliste au Huffington Post. S’adressant à une journaliste du Monde, le 8 mars 2013, l’écrivaine et historienne est formelle: en se déshabillant dans la nef de Notre-Dame pour fêter le départ de Benoît XVI, les Femen se sont trompées de “lieu de subversion” car “s’en prendre à l’Église dans un pays laïc, ça n’a pas vraiment de sens. En France, l’Eglise est certes conservatrice, mais n’impose rien à l’Etat. »

Des médias frileux et méfiants depuis plusieurs mois

Ainsi, depuis Notre-Dame, le regard sur le mouvement semble avoir changé dans les médias. Le 8 mars 2013, Le Monde publiait une enquête très mitigée sur les Femen, les décrivant comme des “activistes aux seins nus qui naviguent en marge, et même en rupture, du très institutionnalisé milieu féministe français”. Il y a plus enthousiaste comme discours. Le 13 février 2014, l’Obs publiait un article au titre révélateur : “Femen, une secte comme une autre ?”, relayant les propos d’Alice, une autre ancienne du mouvement, préférant masquer sa voix au micro de France Info pour faire de nouvelles révélations : “On se sent comme aspirée naturellement, sans violence, vers un total lâcher-prise vis-à-vis du groupe et de la volonté personnelle”, disait-elle.

Après la fascination provoquée par les mises en scène des Femen, le soufflé retombe. En s’intéressant aux fondements du mouvement, les médias observent de nombreux dysfonctionnements et incohérences. Or, comment perdurer avec moins d’attention médiatique quand on a tout fondé sur le spectacle et l’image ? C’est une question qui reste, pour l’instant, sans réponse au quartier général du groupuscule.

Au sein des Femen, le temps se gâte depuis quelques temps déjà. En février 2014, Nathalie, une ex-femen, rédigeait une tribune pour l’Obs : “J’ai quitté les Femen : Inna se comporte comme une reine et son fanatisme est dangereux”. Elle annonçait la publication d’un livre sur le mouvement qu’elle qualifiait ainsi : « c’est une organisation qui fait penser à une dictature avec des règles qui s’appliquent à certaines mais pas à d’autres ». Une dictature donc, avec une emprise destructrice sur les femmes qui la composent : “Chez les Femen, on transforme ton corps et ton esprit (…) On sent un fanatisme très dangereux. Des jeunes filles étaient prêtes à être kamikazes pour lui plaire : Inna [Shevchenko, ndlr] ne mettait pas son veto”. Il faut dire que la plupart des Femen logent dans le même immeuble, un contexte favorisant l’effacement de chacune au profit du groupe et surtout, de leur chef. Georges Fenech, député des Républicains et président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale est catégorique. Dans une lettre adressée à la Miviludes, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, il accuse les Femen de graves dérives sectaires. De suites à cette lettre, pour l’instant, il n’en a pas eues.

Inna Shevchenko, gourou adepte des humiliations

Cette organisation dictatoriale, elle est le fait d’Inna Shevchenko, le gourou des militantes féministes françaises. Cette ukrainienne de 23 ans, fille de colonel, est arrivée en France en 2012, après avoir été poursuivie par l’Ukraine à la suite de son tronçonage d’une croix à Kiev. Véritable maitre à penser du mouvement, Inna est une dure. En Ukraine, elle n’hésitait pas à se projeter dans des happenings, à risquer gros. Capturée dans un train en Biélorussie après une action à Minsk, elle et deux autres militantes avaient été torturées dans la forêt par le KGB, puis abandonnées en pleine campagne. En France avec un statut de réfugiée, elle entre dans le mouvement des Femen France et en devient le chef. Ses méthodes extrêmes défient la personnalité des activistes qu’elle dirige. Les témoignages des Femen sorties du mouvement concordent sur son esprit fanatique et les humiliations qu’elle fait subir aux jeunes femmes. Pour l’Obs, une Femen, anonyme, témoigne. “Elle était constamment en train de nous tester, de nous jauger pour voir jusqu’où on est prêtes à aller. Sa méthode : diviser pour mieux régner, souffler le chaud et le froid, malmener les ego”.

Ce jeu psychologique est également abordé dans le livre d’Éloïse Bouton, Confessions d’une ex-Femen, qui évoque des castings moralement violents : “Seules les plus fortes subsistent, comme des animaux dans la nature. Cet argument essentialiste, allégué à tout-va, m’horripile”. Paradoxalement, ces mauvais traitements psychologiques sont doublés d’un culte dédié à cette personnalité ambivalente : “Elles [les Femen, ndlr] ont minci, se sont teints les cheveux en blond platine. Elles portent désormais toutes des shorts en assurant qu’elles n’en portaient pas avant. Elles semblent si loin de ma réalité que je ne les reconnais plus”, s’inquiète Éloise Bouton. Liberté bafouée, irrespect des personnes, voici des valeurs pourtant aux antipodes de celles revendiquées par le mouvement.

Inna est le leader incontesté et toutes les autres doivent s’incliner devant elle. Ne serait-elle pas un peu “l’homme de la bande” ? Glorifiant le langage guerrier à tout va et se présentant comme une combattante, elle semble fasciner par ce qu’elle présente de viril. Dans le livre, Inna, écrit par sa plus grande admiratrice, Caroline Fourest, la description de son personnage fait penser à un chef de guerre : “En short rouge, délavé, coupé court et très moulant, son torse peint de lettres noires (…), elle se tourne de profil pour bander ses muscles. C’est le moment de saisir son glaive”. La volonté d’Inna, depuis son arrivée en France, est de mener une armée de femmes : “Ici, nous allons faire un camp d’entraînement féministe, avec des professeurs qui apprendront à leurs élèves à être de vraies soldats (…). Il faut se préparer psychologiquement et physiquement”, confiait-elle à L’Express en 2012.

Les Femen sous l’emprise d’un homme, Viktor Sviatski

Au sommet du mouvement, se trouve, depuis 2008, un mentor. Il s’appelle Viktor Sviatski, 30 ans. Il a cofondé le mouvement Femen avec Anna Hutsol. Cette information, elle provient du documentaire de l’australienne Kitty Green, “L’Ukraine n’est pas un bordel”, relayé par Libération en 2013. Loin d’être tendre avec les femmes, il est décrit comme “pervers-narcissique”, et “vraiment horrible avec les filles”. Kitty Green, restée un an chez les Femen, raconte : “Il leur criait dessus et les traitait de putes”. Dans le documentaire, on entend Viktor Sviatski déclarer avoir créé les Femen pour “avoir des filles” et affirmé ensuite qu’elles lui “plaisaient sexuellement”. Des propos qui corroborent les récentes déclarations de Sarah Winter, fondatrice des Femen au Brésil, disant avoir été contrainte à des relations non-consenties avec des inconnus. La schizophrénie gagne le mouvement d’activistes militant pour la libération de la femme…

La victimisation des Femen France, une arme ambivalente

Si Inna a déclaré avoir pris ses distances avec le mentor Viktor, rien a été prouvé sur ce point. En France, une quinzaine d’hommes agissent dans l’ombre avec les Femen. Impossible de connaître leur rôle exact dans l’organisation parisienne. Éloïse Bouton dénonce un schéma patriarcal entretenu par la victimisation permanente des activistes lors de leurs actions : “C’était la course aux coups reçus, celle qui se faisait le plus taper était la meilleure activiste, celle qui avait le mieux réussi l’action. Pour moi, c’est catastrophique de raisonner comme ça : une action réussie, ce n’est pas avoir des jambes cassées et deux semaines à l’hôpital, je ne vois pas l’intérêt. Il y a un côté très victimaire, très sacrificiel et très romantique : la mort peut être le triomphe absolu du message, il y a cet idéal de mourir en pleine action…” Des idéaux à mille lieues des revendications affichées.

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