40 jours après la cloture du sommet mondial pour le climat, Estelle Grenon, coordinatrice COP21 à la Conférence épiscopale, fait le bilan et dévoile les actions à venir dans l’Église de France. La grand-messe parisienne du climat est terminée. Aussitôt éclipsée par Noël et le jour de l’An, elle pourrait passer aux oubliettes si on n’y prenait pas garde. Or, les engagements pris par les 195 pays présents à la COP21 sont lourds de promesses qui ne se réaliseront que par des actes très concrets.
Aleteia : Vous avez coordonné les actions liées à la COP21 pour la Conférence des évêques de France. Quel regard portez-vous sur cet accord ?
Estelle Grenon : Le défi était vraiment immense et on peut être content. On a un accord qui réunit 195 états. Beaucoup de choses positives sont sorties tels que l’objectif fixé à 1,5°C au lieu de 2°C et la voix importante donnée aux plus petits pays alors que d’habitude, ce sont les plus riches qui sont entendus. Seulement, sur le contenu de l’accord, de nombreuses tensions ont subsisté.
L’encyclique du pape François, Laudato si’, a-t-elle eu un impact réel sur le déroulement de la COP21 ?
Oui, son encyclique a provoqué une prise de conscience. Je peux vous dire que le pape François a été très cité dans les négociations de la COP21. Contrairement aux autres années, la parole religieuse a été beaucoup plus demandée. Elle a endigué le fatalisme, annonçant que l’Homme est capable de se relever. L’appel du Pape a décloisonné le rapport à l’environnement et sensibilisé les chrétiens sur le sujet. Il a été un levier de réussite.
Mis à part la mise en place de groupes de réflexion autour de Laudato si’, l’Église s’apprête-t-elle à agir pour accomplir les préconisations du pape François ?
Maintenant que cet accord a été conclu, il est temps qu’il soit suivi en acte dans les paroisses et pour les chrétiens. Actuellement, la commission pédagogique de la Conférence des évêques de France prépare des fiches pédagogiques pour les délégations françaises afin d’organiser des JMJ fidèles aux exigences de la COP21 et de Laudato si’. Quant à l’équipe liturgie, elle est en train de réfléchir sur la liturgie des offrandes, là aussi, avec ce même objectif.
L’encyclique Laudato si’ et la COP21, portent-elles le même objectif ?
Les réflexions autour de la COP21 peuvent contenir deux écueils, énoncés par le Cardinal André Vingt-Trois à Notre-Dame de Paris. Le premier est de penser qu’il serait mieux que l’homme ne soit pas sur terre ; le second est de vouloir sauver la planète tout en gardant intact son confort. Or, le but du Pape François, dans Laudato si‘, est de sauvegarder la planète pour le bien commun et non pour sauvegarder le confort de quelques uns. Nous, chrétiens, avons des efforts à faire sur notre confort pour préserver l’environnement.
Propos recueillis par Marie Lorne