Des images et des rapports alarmants pullulent sur le Web, alertant l’opinion publique sur l’état de santé des civils de Madaya pris en étau entre l’armée de Damas et les rebelles syriens.Le 4 juillet 2015, l’armée syrienne et le Hezbollah attaquent la ville de Madaya (42 000 civils dont 40 000 réfugiés) à l’est de Damas donc proche du Liban, tenue par les rebelles salafistes d’Ahrar al-Sham. Selon les rapports d’ONG, 23 personnes seraient mortes de faim entre décembre 2015 et janvier 2016 à cause du blocus loyaliste qui aurait interdit (à l’exception d’un seul) le passage des convois humanitaires. Il semblerait toutefois et d’après les dires de témoins locaux cités par les Chrétiens de Syrie unis pour la paix, que la nourriture qui y avait été acheminée le 7 octobre dernier aurait été en grande partie confisquée par les combattants rebelles au détriment de la population. Une autre partie de ces denrées aurait servi à alimenter le marché noir.
Hiba Abdel Rahmane 17 ans, cité dans L’Express. “Il y a des gens qui se nourrissent dans les poubelles et d’autres qui ne mangent que de l’herbe. Nous avons demandé aux hommes armés de la nourriture mais ils ont refusé.” Ces hommes armés ne sont pas les soldats d’Assad, positionnés hors de la ville derrière un champ de mine mais bien les rebelles.
Le 7 janvier dernier, quand l’ONU recevait enfin l’autorisation de Damas à se rendre à Madaya, Stephen O’Brien, le chef des opérations humanitaires de l’ONU affirmait que “400 civils nécessitaient une évacuation immédiate”.
Ces inquiétantes nouvelles nous parviennent parce que la quasi-totalité des médias français se concentre sur le blocus de l’armée de Bachar à Madaya. Dans le même temps, les deux dernières villes loyalistes de Foua et Kafraya dans le gouvernorat d’Idleb sont assiégées par les rebelles dans l’indifférence médiatique générale.
Manipulation des images
Damas a immédiatement accusé les rebelles d’avoir truqué les photos de Madaya pour susciter la compassion et l’adhésion du public occidental. L’analyse de ceux deux clichés fait apparaître la grossièreté de la manœuvre.
Madaya, le symbole d’un conflit
Alors que les affrontements entre rebelles et loyalistes gagnent chaque jour en intensité et en violence, on ne peut que s’alarmer de la guerre de l’information et de la propagande qu’ils alimentent, manipulant à l’envie les médias et falsifiant la réalité. Nous ne devons pas oublier qu’au milieu de ce champ de bataille, les civils, pris en otage, meurent en silence. Et cela reste la triste réalité. Sans truquage.