Le bioéthicien Maurizio Faggioni explique que ces actes sexuels, banals et dépourvus de sentiments, sont un problème de cœur et non de substances chimiques.
Ils ne dorment ni ne mangent pendant des heures, voire des jours : ils ne font que l’amour, s’aidant de médicaments psychotropes et de drogues (illicites). C’est ce qu’on appelle le “chemsex” ou sexe chimique, à l’origine pratiqué par les homosexuels mais qui se répand aujourd’hui parmi la population hétérosexuelle (Corriere della Sera).
Le “marathon du sexe”
Ce n’est pas uniquement un phénomène sociologique : cela devient un problème sanitaire, du moins en Grande Bretagne. C’est la raison pour laquelle la revue scientifique British Medical Journal (Bmj) s’interroge : “Qu’est-ce que le chemsex, en quoi est-ce un problème ?”. Voici la réponse : ses adeptes ont en moyenne cinq partenaires par “sex session” (séances de marathon sexuel) et n’utilisent généralement aucune protection (préservatifs) : ils sont ainsi exposés à des risques infectieux, notamment le VIH et l’hépatite C. Sans parler des grossesses non désirées.
Substances stimulantes
Les substances qu’ils utilisent sont la méphédrone et les amphétamines cristallisées, qui font office de stimulants : ceux-ci génèrent un état d’euphorie et d’excitation sexuelle (tout en accélérant le rythme cardiaque et en augmentant la pression artérielle). Il existe également le Ghb (gamma-hydroxybutyrate) et le Gbl (gamma-butyrolactone), extrêmement puissants et désinhibants, qui ont en outre un léger effet anesthésique. Grand nombre de ces produits se prennent par voie veineuse, c’est-à-dire par injection, comme cela se fait pour l’héroïne.
“Sexe physique et dépersonnalisé”
Le recours à des substances chimiques pour stimuler l’activité sexuelle, appelé “sexe chimique”, est ouvertement condamné par la morale catholique. “Il s’agit d’une pratique sexuelle purement physique et dépersonnalisée”, confie le père Maurizio Faggioni, professeur de théologie morale et de bioéthique à l’Académie Alfonsiana.
Rapport sexuel banalisé et dépourvu de joie
“Le plaisir sain de faire l’amour à la personne que l’on aime n’est pas le but recherché, poursuit le bioéthicien, le sexe devient un bien de consommation, source de plaisir égoïste en dehors de toute relation.” Le problème est “anthropologique”, le rapport physique est “banalisé”. “Mais le sexe sans amour, souligne Faggioni, est un besoin toujours inassouvi, qui se prolonge dans le temps, se nourrissant de sensations plus intenses et d’une multiplicité de contacts. Toutes les résistances tombent. Il n’y a donc plus de joie”.
Vision étonnée de la sexualité
L’on ne saurait oublier les graves conséquences sanitaires qui « alarment, à juste titre, les responsables de la santé publique ». Et l’expert en bioéthique de poursuivre : “Nous pensons notamment aux maladies sexuellement transmissibles, aux grossesses accidentelles parfois suivies d’avortements, aux troubles du système nerveux. Ce sont de sérieux dommages causés à l’intégrité des gens, auxquels s’ajoute une vision erronée de la sexualité”. Le problème, conclut-il, “ne relève pas des substances chimiques mais plutôt du cœur”.