Foyer intense de la vie religieuse bénédictine et lieu de pèlerinage ancestral, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre domine la capitale parisienne du haut de la butte éponyme. Aleteia vous emmène faire le tour des plus belles basiliques de France et poursuit cette semaine cette escapade dans la capitale française, au sommet de la Butte Montmartre. La basilique du Sacré-Cœur, imposante et majestueuse, accueille en nombre croyants et touristes. Son histoire nous emporte vers des temps anciens, mais le récit reste inachevé, se construisant encore jour après jour, au rythme des célébrations et de la Foi de ses fervents fidèles.
Une histoire à rebondissements
Montmartre est avant tout un lieu de culte ancestral : les druides gaulois s’y rendirent, des temples romains en l’honneur de Mars et Mercure y furent élevés, le culte du martyr saint Denis au IIIe siècle s’y développa avec la présence d’une chapelle primitive, et l’église Saint-Pierre y fut reconstruite par Louis VI au XIIe siècle. Montmartre tient son nom du “mont des Martyrs” car les ossements de nombreux martyrs chrétiens y étaient vénérés. Au XVIe siècle, l’abbaye des bénédictines de Montmartre au sommet de la butte est en partie détruite par un incendie. Lors des grands travaux de restauration au siècle suivant, une découverte fit grand bruit : un escalier conduisant à l’ancienne crypte sanctifiée par saint Denis (selon la légende) fut mis à jour. Ce sont plus de 60 000 personnes qui se rendirent sur les lieux en pèlerinage, parmi lesquels figure Marie de Médicis ! La Révolution dispersa les religieuses et détruisit leur monastère, la dernière abbesse Marie-Louise de Montmorency-Laval fut même guillotinée en 1794.
Le vœu national
Au cours de la guerre de 1870 entre la France et l’Allemagne, Alexandre Legentil, notable parisien président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, et son beau-frère, le peintre Hubert Rohault de Fleury prononcèrent un vœu. Ils allaient construire une église consacrée au Sacré-Cœur du Christ, en réparation pour les péchés commis par la France, en signe de pénitence mais aussi d’espérance et de foi :
“En présence des malheurs qui désolent la France et des malheurs plus grands peut-être qui la menacent encore. En présence des attentats sacrilèges commis à Rome contre les droits de l’Église et du Saint-Siège, et contre la personne sacrée du Vicaire de Jésus-Christ nous nous humilions devant Dieu et réunissant dans notre amour l’Église et notre Patrie, nous reconnaissons que nous avons été coupables et justement châtiés. Et pour faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l’infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes ainsi que les secours extraordinaires, qui peuvent seuls délivrer le Souverain Pontife de sa captivité et faire cesser les malheurs de la France. Nous promettons de contribuer à l’érection à Paris d’un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus.”
Le vœu devenu “vœu national” est approuvé en 1872 par l’archevêque de Paris, le cardinal Guibert, qui choisit comme lieu Montmartre. Notons que ce vœu n’est pas une réaction à la Commune, idée fausse très répandue. L’année suivante, l’Assemblée Nationale déclare “d’utilité publique” la future basilique et permet l’affectation d’un terrain. Ce sont des dons provenant de la France entière qui financent le chantier. L’architecte Paul Abadie remporte le concours public et mène la construction. La première pierre est posée en 1875 et dix ans plus tard débute l’adoration eucharistique continue qui ne s’est jamais arrêtée depuis !
En 1887, Thérèse Martin (future sainte Thérèse de Lisieux) puis en 1889, Charles de Foucauld, se dédient au Sacré-Cœur dans la Basilique. L’édifice est consacré en 1919 puis en 1923, au moment de la Pentecôte, est inaugurée dans le chœur la plus grande mosaïque de France, figurant le Sacré-Cœur de Jésus-Christ glorifié par l’Église catholique et la France. Cette dernière est associée à la phrase latine signifiant : “Au Cœur Très Saint de Jésus, la France fervente, pénitente et reconnaissante”. Aujourd’hui, la basilique est certes un lieu touristique majeur, mais elle est surtout un foyer religieux très actif organisant des retraites et pèlerinages.