Le père Mallon défend un projet audacieux et pratique pour un renouveau paroissial tourné vers l’évangélisation des croyants.“Seule une Église soutenue par une armée de disciples missionnaires peut changer le monde” : tel est le constat du père James Mallon. Pasteur à la Paroisse Saint Benedict d’Halifax au Canada, il milite pour une “conversion pastorale” dans son livre Manuel de survie pour les paroisses.
Aleteia : Pourquoi ce besoin de rénover l’Église catholique de fond en comble ?
James Mallon : Nous avons besoin de construire. Jésus Lui-même le savait. Il a dit à ses apôtres : “Quittez tout et venez avec moi”. Il y a des attentes dans toutes les relations et surtout celles avec les croyants. Nous devons leur ouvrir nos portes et avoir de l’espoir car la mission de la paroisse est de bâtir le Royaume de Dieu.
Dans ma paroisse, nous faisons souvent des événements où nous rencontrons des fidèles et parlons avec eux. Nous voulons qu’ils participent à un programme une fois par an pour être impliqués dans la vie de l’Église. Si nous sommes des passagers sur un bateau, c’est bien ; mais à un moment donné, nous devons faire partie d’une équipe. S’ils viennent seulement le dimanche, ils vont être perdus dans la foule. Nous voulons qu’ils communiquent. Nous ne voulons pas utiliser les paroissiens, mais les voir travailler avec Dieu. La seule question essentielle est : êtes-vous ouverts au voyage avec Dieu ?
Redoutez-vous les conséquences des changements que vous préconisez ? Ne craignez-vous pas qu’en essayant de réveiller les croyants, vous les fassiez fuir ?
La vérité est que certains partiront, c’est indéniable. Au Canada, ma paroisse a vécu une grosse transition. Nous sommes passés de 100 à 600 fidèles. Il a des dynamiques en rapport avec la taille d’un groupe et plusieurs personnes se sont senties perdues au milieu de la foule. Ensuite, nous avons parlé d’attentes. Certains croyants se sont inquiétés. Ils voulaient juste se rendre à la messe une fois par semaine puis rentrer chez eux. Au contraire, nous souhaitions qu’ils s’impliquent. Donc plusieurs sont partis car ils ont pensé que c’était trop nouveau et que que nous étions trop exigeants.
Votre livre donne de précieux conseils pour les paroisses. Quelle recommandation principale donneriez-vous à un nouveau prêtre sans aucune expérience ?
Avant tout, il faudrait qu’il comprenne que les changements nécessaires dans une paroisse ne sont pas pas des changements lithurgiques, ni des changements de rituels. C’est bien plus que cela. Nous avons besoin d’un changement culturel et missionnaire. Le pape François a dit : “Je rêve d’un missionnaire impulsif, capable de tout transformer”. Voici la tâche qu’il faut accomplir. Nous devons nous éloigner du modèle pour nous consacrer à la véritable tâche. Ne nous arrêtons par à la surface et étudions en profondeur la finalité et la méthode à appliquer pour l’atteindre.
Propos recueillis par Camille Tronc
Manuel de survie pour les paroisses : pour une conversion pastorale de James Mallon. Éditions Artège, 2016, 314 pages, 19,90 euros.